Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève

iban CH69 0900 0000 8541 2318 9

libre mais pas sauvage

lundi 19 février 2007 par Claude REYMOND

Ce que le secrétaire de la CGAS a souhaité exprimé lors de son interview réalisé par Marc Burri pour la TSR le 19 février 2007

La CGAS considère que la diffusion sur la voie publique d’idées ou de revendications ne doit pas être soumise aux rapports marchands.

Nous soutenons l’affichage LIBRE et nous voulons qu’il puisse se pratiquer à côté ou au-delà de l’affichage payant.

L’affichage LIBRE est celui qui reste gratuit, caractérisé aussi par l’urgence de la diffusion en dans points précis, en s’adressant à une population particulière. Son message ne peut prétendre à d’autres protections que celles que lui accordera le piéton ; alors que l’affichage payant peut s’imposer partout et aussi longtemps que le contrat de location de l’espace l’autoriisera, pour ce dernier, au besoin, on remplacera l’affiche en cas de déprédation !

L’affiche libre est aux citoyens ce que les panneaux officiels sont à l’Etat ou aux administrations communales = indispensable à leur qualité et besoin de communiquer. Le plein exercice de ce droit est de la compétence et de la responsabilité des premiers comme des autres.

Nous préférons le terme de libre à celui de SAUVAGE parce que les poseurs des affiches libres ont - en général et depuis des années - adopté des méthodes respectueuses des fonds sur lesquels ils pratiquent. Et si la colle de poisson est encore parfois utilisée, c’est très souvent parce que l’objet de l’affichage est considéré d’intérêt majeur et qu’il faut lui assurer une durée de visibilité plus conséquente, elle-même consistant en une démonstration de nature politique.

Dans cette ville qui compte 1500 sans abris, 20’000 personnes en âge de travailler en quête d’emploi et dont les fiducies internationales qui y sont établies gèrent un tiers de la fortune mondiale privée, on constate régulièrement des messages publicitaires qui sont d’une sauvagerie et d’une arrogance insoutenable : ceux-ci promeuvent un consumérisme dont est exclu une partie importante de la population. D’autres font l’objet de graffitis qui sanctionnent leur caractère méprisant ou discriminatoire - « attentas » qui révèlent le ressentiment à leur égard, leur rejet de classe.

Le mouvement syndical a toujours recouru à l’affichage libre pour rassembler ou convaincre, c’est un des moyens de l’action syndicale. Nous ne sommes pas du tout disposés, pour entreprendre la défense et la mobilisation des travailleurs que nous représentons, à conditionner notre action au versement d’une rente aux gestionnaires de l’espace urbain compris entre 60 cm et 1,5m au sol…

1939 (128x89cm)

En 2002 le secrétariat de la CGAS a numérisé ses affiches d’archives qui remontent à 1929. Elles sont de tout format et j’en ai sélectionné 100 spécimens dont les dimensions correspondent à celles des affiches libres qui sont posées à Genève depuis le troisième millénaire. On peut constater que ces 100 affiches (sur les 237 inventoriées) ont été communiquées de manière LIBRE, alors que les autres l’ont été au travers d’espaces loués ou mis à disposition par le Service des votations dans le cadre de scrutins populaires.

J’ajouterai que les affiches libres ont été posées le plus souvent à une petite cinquantaine exemplaires, dans un quartier donné, autour d’une entreprise particulière par exemple. Mais certaines affiches n’ont été vues qu’à un seul endroit (à l’entrée d’une conférence, d’un loto ouvrier, d’un bal ; alors que d’autres ont parfois fait l’objet de vastes campagnes avec des tirages supérieurs à 300 unités.

S’il est évident que l’affichage libre doit s’astreindre à des règles de moralité ou de civilité, jamais nous n’accepterons qu’au prétexte d’une certaine idée de la propreté « visuelle » l’expression individuelle ou collective soit entravée.

Sur le fond, même si le Législateur genevois décidait de réquésitionner la moitié des panneaux publicitaires pour les offrir aux pratiquants de l’affichage LIBRE, nous persisterons à soutenir une liberté d’affichage en dehors de ceux-là pour préserver la liberté fondamentale de dire et d’exposer son point de vue en tout temps et en tout lieu.

Je relèverai au demeurant que si en campagne l’affichage libre suscite moins de réaction qu’en ville, c’est bien sûr d’une part parce qu’il est moins répandu, mais surtout parce que la notion de propriété n’est y pas vécue de la même manière, et que les supports utilisés – le plus souvent de gros arbres - sont considérés par nature comme bien commun.

D’ailleurs, le rejet de la modification de la loi sur les procédés de réclame s’impose tant pour les citadins que les ruraux : les moments de socialisation de ces derniers (bals, vogues, marchés, expositions, compétitions, etc.) sont d’avantage annoncés par affichage libre qu’au travers des quelques panneaux installés dans nos campagnes ou des rubriques des agendas de quotidiens ou autres publications...