Communauté genevoise d’action syndicale

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Nonante années de soutien aux étudiants

mardi 9 novembre 2010 par Claude REYMOND

FORMATION • La Fondation pour l’avenir observe une hausse croissante des demandes d’aide aux études et aux apprentissages. Le nombre de bourses octroyées a au contraire tendance à diminuer. Un appel est lancé.

paru dans Le Courrier du 9 novembre 2010 sous la plume de

CLAIRE RUFENACHT


« Pour la justice sociale dans l’éducation » : tel est le credo de la Fondation pour l’avenir qui fête ses nonante ans cette année. Née en 1920 à Genève, elle est le fait de trois enseignants désireux de soutenir les jeunes étudiants en difficulté financière – à l’époque, il n’existait aucune bourse étatique pour la formation. Si en 1949 le Grand Conseil modifie la loi sur l’instruction publique
en proposant un fonds de bourses pour le secondaire,
il faut attendre l’arrivée du conseiller d’Etat André
Chavanne pour qu’une loi sur la démocratisation des
études soit votée en 1966. En hommage à cet humaniste et homme politique, un buste à son nom a d’ailleurs
été inauguré hier devant la Haute Ecole du paysage,
d’ingénierie et d’architecture de Genève.

Un réel besoin

Il n’en reste pas moins que les conditions d’obtention des bourses étatiques sont très strictes. Calculées
notamment en fonction du revenu déterminant du
groupe familial, elles ne correspondent pas toujours aux
nouvelles composantes économiques de la société actuelle. Les demandes, chaque année plus nombreuses
auprès de la Fondation pour l’avenir, démontrent qu’il y
a un réel besoin dans le domaine : « Sur la centaine de demandes annuelles, nous ne pouvons offrir que quinze
bourses », explique le trésorier Alain Schorer. Ce soutien
financier – 3000 francs par an, renouvelable – permet
ainsi d’aider l’étudiant jusqu’au CFC ou au master. Les
critères d’obtention sont plus souples que pour les allocations d’Etat, ce qui a par exemple permis à la fondation d’aider un étudiant sans papiers.

Appel aux anciens

Cette fondation repose sur des fonds inaliénables,
des dons individuels et des subventions de l’Etat, de la
Ville de Genève et des communes. Elle subit aujourd’hui les conséquences de la situation économique :
davantage de demandes de bourses, moins de donateurs. En outre, les nouvelles lois sur les fondations
compliquent leur fonctionnement notamment pour
lutter contre le blanchiment d’argent, « sans faire de
différences entre les fondations commerciales et celles
à but humanitaire », s’indigne le trésorier.

Avec cet anniversaire, la Fondation pour l’avenir fait
un appel aux anciens boursiers, mais aussi à la population, afin de trouver davantage de donateurs. Une soirée
de soutien est organisée jeudi au Café Solférino. Le lieu
n’a pas été choisi au hasard : dirigée par la Croix-Rouge genevoise, cette structure fait partie d’un programme de
réinsertion professionnelle (Semestres de motivation). I

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2010-11-09LeCourrier_Pour_l_Avenir-re6611.pdf

Président de la Fondation pour l’avenir. Conscient de la difficulté
des jeunes à se former dans la situation économique actuelle,
il souligne l’importance d’une telle structure pour l’application
d’une politique de démocratisation des études.

Vous êtes un ancien boursier de la Fondation pour l’avenir.
En quoi cela vous a-t-il aidé ?

Mon père était manœuvre.La bourse m’a permis d’étudier à
l’Ecole d’ingénieurs des arts et métiers.J’ai ensuite poursuivi
mes études à l’Ecole polytechnique de Zürich. Sensible à la problématique d’une école démocratique,accessible à tous,je suis
parti deux ans en Haïti durant mes études pour enseigner. De
retour à Genève,j’ai étudié la pédagogie et suis devenu doyen,
puis directeur du cycle d’orientation de Bois-Caran.

Quelles sont les implications de cette bourse
sur la société genevoise ?

C’est un complément aux aides octroyées par le canton pour des
étudiants intégrés dans la communauté genevoise qui ont des
difficultés financières et qui n’entrent pas dans le cadre assez
strict des allocations étatiques. Comme par hasard,beaucoup
d’anciens boursiers se retrouvent dans des corps de métier
altruistes,devenant par exemple médecins ou professeurs.

Quel est l’avenir de la Fondation ? Qu’attendez-vous
de la part des autorités en ce qui concerne l’évolution
de l’aide à la formation ?

J’attends des autorités une augmentation de leur participation.
Pour la Fondation,j’espère que la soirée d’anniversaire permettra
d’amener davantage de donateurs privés. Grâce à leur soutien,
de nouvelles bourses sont octroyées chaque année. Enfin,j’appelle les anciens boursiers à se souvenir de l’aide qu’ils ont
reçue : ils peuvent aujourd’hui contribuer à soutenir la nouvelle
génération. PROPOS RECUEILLIS PAR CRT