Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Communiqué de presse du 09.03.2023

Pas de transition écologique sans justice sociale et climatique ! Pas de justice sociale sans changement de système !

CGAS et Grève du climat Genève

jeudi 9 mars 2023 par Marlene Barbosa

Projets de loi en discussion au Grand Conseil : la Grève du Climat Genève et la Communauté genevoise d’action syndicale ont une position commune très critique et présentent des propositions pour un changement structurel.

Le projet de loi climat cantonale et les projets de lois d’investissement en discussion au Grand Conseil (1), centrés sur le subventionnement des entreprises et sur des solutions technophiles, ne s’inscrivent, selon la CGAS et la Grève du Climat, ni dans une perspective de transition socialement juste, ni dans une trajectoire de changement profond du modèle socio-économique. Alors que les expert·e​​·x·s du climat soulignent la nécessité de sortir rapidement des énergies fossiles, la stratégie du Canton nous amène droit dans un monde au-delà des 2 degrés.

La Grève du climat et la CGAS sont parvenues à un constat commun : la politique climatique du Canton de Genève n’est pas à la hauteur des enjeux de l’urgence climatique. Dès lors, les deux organisations s’allient pour exiger des changements profonds dans la stratégie climatique du Canton.

Des changements structurels nécessaires et urgents

La neutralité carbone nécessite des changements structurels qui questionnent nos rapports au travail, au temps et au vivant. La transition écologique de notre société est une transformation radicale du modèle économique et social vers un modèle juste, égalitaire et solidaire afin de répondre et de s’adapter collectivement aux enjeux de la neutralité carbone et de la crise climatique.

La CGAS et la Grève du Climat ont travaillé ensemble sur les quatres projets de loi déposés par le Conseil d’Etat en décembre 2022 et actuellement en étude au Grand Conseil. Si nos deux organisations rejoignent certaines mesures du Canton qui visent à réduire les émissions de GES par exemple dans le secteur du bâtiment et de la mobilité, elles critiquent fortement et dénoncent :

- Des mesures de réductions de GES et objectif climatique insuffisants

Les mesures proposées sont insuffisantes et pour la plupart incitatives. Elles ne permettent pas d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Par ailleurs, dans son bilan carbone, le Conseil d’État ne comprend pas les émissions indirectes liées aux activités des entreprises. Au vu de la responsabilité de Genève sur le plan international, l’objectif de 2050 est très faible et témoigne d’un manque de volonté politique d’adresser l’urgence climatique. ll faut aller plus vite et prendre des mesures structurelles, pas seulement superficielles ! ;

- L’absence de justice sociale

Un Green New Deal sans mesures sociales en faveur des salarié·e·x·s, de la formation, de l’emploi et des locataires. Ces projets visent à verser ces prochaines années environ 300 millions de francs aux entreprises sans distinctions et aux propriétaires immobiliers,alors que ce sont les principaux responsables de la pollution. Car c’est un fait, le dérèglement climatique est majoritairement causé par les plus riches et les entreprises. En moyenne un millionnaire a une empreinte carbone de 189 tonnes par an, 66 fois supérieure à celle des 10% les plus pauvres de la population. Ce n’est pas à la population, aux salarié·e·x·s, aux bas revenus et aux locataires de payer la transition écologique. Il faut impérativement veiller à réduire les inégalités sociales pour que tout le monde puisse s’adapter à la crise climatique ;

- La croissance à tout prix

Les PL proposent des solutions techniques, comme le remplacement d’équipements de production et la smart agriculture, et des mesures de compensation, au lieu d’interroger les causes du dérèglement climatique et d’envisager un réel changement de modèle socio-économique, pourtant souhaité par le Canton. L’argent public destiné aux mesures superficielles doit être redirigé vers celles qui ont un impact direct sur la vie de la population et sur la réduction des émissions de GES ;

- L’absence de protection de la santé au travail

Si les PL incluent la dimension de protection de la santé de la population et du vivant, ils ne prévoient aucune mesure spécifique de protection de la santé au travail. Or, les vagues de chaleur représentent un risque important pour la santé au travail tant pour les métiers en intérieur qu’en extérieur. À l’extérieur et à l’intérieur. Et ce sont souvent les travailleur·euse·x·s les moins rémunéré·e·x·s et les moins protégé·e·x·s qui exercent les métiers les plus exposés. La crise climatique augmente ainsi les inégalités sociales. La protection de la santé au travail est ainsi un élément incontournable d’une transition socialement juste.

 

Propositions communes pour un changement structurel

La Grève du Climat et la CGAS formulent des propositions afin d’améliorer ces projets de loi et d’accélérer l’atteinte des objectifs de neutralité carbone dans une logique d’adaptation telles que ;

  • La transformation des espaces de vie à l’aune de l’urgence climatique tels que la ré-évaluation des projets de développement territorial et d’infrastructures routières, la dé-bétonisation massive, l’accès public aux rives du lac, la réduction drastique de la place dédiée à la voiture et au trafic motorisé, des réseaux sécurisés et agréables pour les vélos et les piétons, la création de multiples espaces pour la biodiversité, la création d’espaces de quartiers dédiés à la transition écologique ;
  • Des mesures de transition socialement justes telles que la réduction du temps de travail à salaire égal, la création d’emplois écologiques et sociaux tels que demandé par l’Initiative 1’000 emplois en votation le 18 juin, l’accès à la formation continue et à la reconversion professionnelle sans perte de revenu, des places d’apprentissage dans les métiers éco-sociaux, des mesures spécifiques de protection de la santé au travail contre les vagues de chaleur, l’arrêt du travail à l’extérieur à partir d’une certaine température, la gratuité des transports publics, l’augmentation des subventions à l’agriculture locale et écologique ;
  • La transition éco-sociale est une urgence, au même titre que l’ont été la crise énergétique ou la lutte contre le Covid. Les lois en discussion reposent sur un modèle classique de gouvernance qui ne peut être à la hauteur de la transformation nécessaire. Nous soulignons la nécessité de repenser complètement la gouvernance de cette transition afin de réellement atteindre les objectifs de neutralité carbone dans les plus brefs délais.

Nous concluons sur la nécessité urgente d’un changement de système profond qui valorise les vies humaines et non-humaines plutôt que la croissance à tout prix et sur la nécessité d’agir pour minimiser les conséquences de la crise climatique. Les sécheresses actuelles le témoignent, l’objectif urgent de la neutralité carbone est intimement lié avec la justice sociale et la justice climatique afin de faire advenir une société juste, solidaire et résiliente face aux crises à venir.