Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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fin de la répression des manifestations et la...

mercredi 26 mai 2021 par Claude REYMOND
A son Excellence l’ambassadeur
Monsieur Jacob Keida

Ambassade d’Israël en Suisse
Alpenstrasse 32
3000 Berne


Genève, le 26-05-2021


la situation de violence dans votre pays et les territoires qu’il occupe

Excellence, Monsieur l’ambassadeur,

la violence qui se déchaîne actuellement dans votre pays et dans les territoires qu’il occupe est le résultat d’une absence de réponse politique à une double question qui se pose depuis son origine, la cohabitation entre deux populations sur une même terre,
et la colonisation.

Une violente répression a débuté le week-end des 7-8-9 mai pour réprimer la mobilisation montante à Jérusalem-Est contre l’expulsion programmée de plusieurs familles dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah. Dans ce contexte la police israélienne avait violemment frappé Ofer Cassif, député de la « Liste unie » le 9 avril à Sheikh Jarrah et les organisations de colons avait manifesté le 23 avril aux cris de « Mort aux Arabes » et « Les Arabes dehors ».

Les évènements de Sheikh Jarrah se situent dans un temps plus long, celui de la politique de judaïsation de Jérusalem-Est : plus de 220’000 colons installés depuis 1967, l’étouffement du développement urbain palestinien, la politique d’expulsions et de destructions de maisons (plus de 120’000 personnes, soit un tiers de la population palestinienne de Jérusalem, sont considérées comme vivant dans des constructions « illégales »), le tout sur fond d’extrême misère  : 75 % des Palestiniens de Jérusalem vivent sous le seuil de pauvreté contre 22 % pour la population juive de la ville.

Depuis le 7 mai, des mobilisations de solidarité avec les habitants de Sheikh Jarra se sont développées dans les territoires occupés mais aussi en Israël où des émeutes ont eu lieu dans plusieurs villes palestiniennes et dans des villes « mixtes » comme Haïfa ou Lod (al-Lidd). La violente répression du lundi 10 mai sur l’esplanade des mosquées (500 blessés) a contribué à amplifier ces manifestations toujours violemment réprimées  : depuis le 7 mai 27 Palestiniens ont été tués lors de cette répression et près de 5’200 blessés ( le seul 15 mai, il y a eu 11 tués, l’armée ayant tiré à balles réelles ).

A Gaza, après des journées de manifestations, des groupes armés ont commencé à tirer des roquettes lundi 10 mai en fin de journée. Le Hamas avait menacé Israël de représailles si les forces armées ne se retiraient de l’esplanade avant 18h. Plusieurs milliers de roquettes ont été tirées, la plupart interceptées par le système de défense israélien « Iron Dome », mais faisant 13 morts et des centaines de blessés. Depuis, Israël a bombardé Gaza faisant au moins 213 morts et des milliers de blessés, détruisant 1’000 habitations et 6 hôpitaux…

La violence, les bombardements, la poursuite du blocus de Gaza, de la colonisation et de la politique d’apartheid en Cisjordanie, à Jérusalem et en Israël même semblent les seules réponses dont est capable actuellement le gouvernement israélien. Des milliers de travailleurs palestiniens, en Israël ou dans les territoires, contribuent à la prospérité de votre pays sans en recevoir la juste rétribution, étant privés de leurs droits.

Persuadés que ce cycle de violence est sans issue, les syndicats genevois en appellent à la responsabilité démocratique et humaine de votre gouvernement, et à sa volonté de paix pour y mettre fin.

Ils exigent, pour y croire : la fin de la répression des manifestations et la prise en compte des justes revendications des Palestiniens, l’arrêt de la colonisation des terres et des habitations palestiniennes, l’abrogation des statuts discriminants et la fin de la politique d’apartheid imposée aux populations « non juives », de manière à leur rendre enfin leurs droits de citoyenneté, où qu’ils soient, en Israël, en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, à Gaza, ou en exil.

Veuillez recevoir, Monsieur l’ambassadeur, l’expression de nos sentiments distingués.

Umberto BANDIERA, Unia, président de la commission CGAS solidarité internationale

Blaise CROUZIER, Unia, membre de la Commission CGAS solidarité internationale

copie à  : DAE