Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève
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Pourquoi manifester ?
La crise du logement fait tellement partie du paysage urbain à Genève qu’il devient incongru de s’en offusquer. Il faudrait intégrer son existence et faire avec... Or, la crise du logement est le résultat d’une politique et d’une éco- nomie décidées par des individus ayant le pouvoir politique et/ou financier sur la société. Il est donc possible, à force de dénonciations et de mobilisations, de promouvoir une autre politique du logement et un autre modèle de développement.
Contre la crise du logement social
La crise du logement sévit depuis de nombreuses décennies à Genève. Mais cette crise n’est pas pour tout le monde. Elle n’empêche pas la réalisation de profits immobiliers de haut niveau par des promoteurs ni une spéculation effrénée par des propriétaires.
Crise et profits vont d’ailleurs plutôt de pair : étant bien plus rentable que la construction d’appartements populaires, l’édification de logements de standing, de maisons individuelles ou en propriété par étage n’est pas en crise. Les classes fortunées alimentent en effet le segment haut de gamme du marché de l’immobilier qui se suffit à lui-même et entre en compétition avec le marché des logements accessibles au plus grand nombre, en vampirisant les moyens financiers et les terrains encore disponibles. Ce phénomène entraîne en conséquence un manque de logements bon marché, à la portée des bourses d’une grande partie des citoyens. Ainsi, le parc immobilier du canton ne répond pas aux besoins prépondérants et aux possibilités financières de la majorité de la population. Normalement chargé de limiter ce genre de conflit, l’Etat ne remplit pas sa tâche de régulation du marché. Par une duplicité hypocrite, il laisse faire... ceux qui peuvent faire.
Dans ce même but d’améliorer la rentabilité de leurs investissements, les propriétaires préfèrent maintenir du vide en ville plutôt que de le louer à bas prix. Soit ils construisent des logements chers ne trouvant pas immédiatement preneur, soit ils maintiennent des appartements vides afin d’en conserver un niveau de loyer surfait. Même chose pour les bureaux vides qui pullulent alors que plus de 8000 dossiers de demande d’attribution d’un appartement sont en attente à l’Office cantonal du logement social.
Seuls les riches pourraient vivre en ville ?
Ce mouvement – appelé gentrification – dans un territoire exigu comme Genève rejette en France et sur le canton de Vaud bon nombre de travailleurs-euses dont l’économie utilise pourtant les bras et les cerveaux tout en n’assumant pas leur hébergement. D’importants problèmes de transports, de circulation, de pollution en découlent.
Ne s’attaquant pas aux causes profondes de ce désastre urbain, les autorités publiques préfèrent exacerber la concurrence entre les habitants les plus précaires. Que ce soit les classes défavorisées, les migrants et les jeunes (étudiants ou apprentis), tous ont besoin de logements bon marché tandis que les terrains et facilités sont octroyés en priorité aux projets haut de gamme les plus rentables. La portion congrue laissée aux logements bon marché permet à l’Etat de jouer précaires contre précaires, comme au 154 route de Malagnou, où la nécessité d’héberger des sans-abris et des réfugiés est utilisée pour mettre des étudiants à la porte.
Les grandes causes sont constituées de petites luttes
Le collectif d’habitation et de vie issu de l’occupation de l’ancienne station zoologique au 154 route de Malagnou est menacé d’expulsion par le Conseil d’Etat. Après que les autorités eurent promis le renouvellement de ce contrat de bail en juin 2016, le gouvernement est intervenu à l’automne pour exiger l’expulsion des locataires sans possibilité de relogement. Le prétexte sorti d’un chapeau est que cette maison doit être attribuée à l’Aide aux Migrants de l’Hospice général. En réalité, c’est le collectif d’habitant-e-s comme lieu de vie en dehors des carcans et comme relais des luttes sociales qui est visé : en témoigne le harcèlement subi depuis le début de cette lutte par le service de renseignement de la police cantonale ou le fait que les autorités soient restées sour- des aux autres solutions concrètes qui pourraient être trouvées pour l’accueil des migrant-e-s à Genève. Sans ce collectif, l’ancienne station zoologique de Malagnou aurait été laissée vide et à l’abandon par les pouvoirs publics depuis plus de sept ans, comme certaines maisons sont laissées à l’abandon par leurs propriétaires en attente d’une plus grande spéculation sur leur terrain.