Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève

iban CH69 0900 0000 8541 2318 9

Prise de position concernant le rapport explicatif sur la coopération internationale (CI) 2021 - 2024

mercredi 2 octobre 2019 par Claude REYMOND

prise de position que KM207 Guatemala Suisse a faite au sujet de la coopération internationale 2021-2024 suite a l’ouverture de consuitation du département des affaires étrangères et du département de l’économie

Résumé
Notre exigence : En tant qu’association KM207 Guatemala qui existe depuis 2008 et qui travaille avec le canton de Genève et la Ville de Genève pour soutenir les défenseurs des droits locaux dans leurs luttes pour faire avancer le Guatemala vers un Etat de droit et pour abolir les discriminations des populations rurales et autochtones.

Le retrait de la CI suisse de l’Amérique latine sur la base d’une stratégie qui se focalise uniquement géographiquement ne se justifie pas et n’est pas dans l’intérêt de la Suisse. Au lieu de cela, une orientation thématique claire est nécessaire sur la base des critères énoncés dans le rapport du Conseil fédéral. Pour l’Amérique centrale, il s’agit de se concentrer sur la promotion de l’État de droit et des droits de l’homme. La Suisse devrait donc poursuivre son soutien positif de ces dernières années dans lutte contre la corruption et l’impunité, au renforcement des droits de l’homme en Amérique Centrale au-delà de 2024. Afin de maintenir l’efficacité de cet engagement suisse à long terme et d’apporter une contribution substantielle au renforcement de l’état de droit dans la région, il est nécessaire d’assurer un financement au moins au niveau actuel du budget de la DDC pour la gouvernance en Amérique centrale (cf. Stratégie de coopération Amérique centrale 2018-2021). Une présence adéquate du personnel sur le terrain doit également être assurée. Les organisations de la société civile ainsi que Km207 Guatemala Suisse sont disposées, avec les autorités publiques suisses, à poursuivre leur engagement à long terme aux droits de l’homme et à l’état de droit en Amérique centrale.

Justification
Besoins de la population : l’objectif ou l’accent thématique mis sur l’état de droit en Amérique centrale répond à un besoin réel et urgent de la population, de la grande majorité des acteurs de la société civile et des acteurs d’une politique démocratique. Un retrait complet de la CI d’Amérique centrale, et en particulier la perte connexe du soutien suisse à la lutte contre la corruption et l’impunité ne peut pas se justifier au vu de la situation sur le terrain. Le contraire est vrai. Avec l’échec de plus en plus évident des États dominés par les élites locales corrompues, les gens ont plus besoin que jamais de présence et de soutien étrangers. Les programmes de la CI suisse, en particulier dans les domaines de l’État de droit et des droits de l’homme, sont des réponses efficaces à un problème qui va en s’aggravant plutôt qu’en s’améliorant.

Intérêts de la Suisse : les programmes de la CI suisse en Amérique centrale ;ces dernières années pour soutenir l’État de droit et renforcer les droits de l’homme sont clairement dans l’intérêt de la Suisse. Grâce au travail continu de notre pays sur le terrain, la Suisse a acquis une grande réputation en tant que pays donateur compétent, bien connecté, fiable, désintéressé et efficace dans la lutte contre la corruption, l’impunité ; elle soutient avec efficacité les populations et les organisations locales dans leur lutte contre la corruption, l’impunité et les violations des droits de l’homme. Le grand prestige dont jouit la Suisse en Amérique centrale dans tous les milieux de la société et dans la communauté d’État internationale serait définitivement et irrémédiablement perdu si elle se retirait.

Valeur ajoutée de la CI suisse : nous notons que la CI suisse présente des avantages comparatifs significatifs et une réelle valeur ajoutée en Amérique centrale, en particulier dans les domaines de l’État de droit et des droits de l’homme. C’est avant tout la réputation bâtie au fil des décennies en tant que donateur neutre, compétent sur le plan professionnel, fiable et crédible que la Suisse est devenue un partenaire digne de confiance et solidaire de la société civile, de la communauté des donateurs et des gouvernements. C’est ce capital de confiance qui permet à la Suisse de faire un travail efficace en Amérique centrale et ce, malgré les énormes défis que représente l’établissement d’un l’État de droit respectant les droits fondamentaux.

Dans ce contexte, une sortie de la DDC de l’Amérique centrale nous semble non seulement une grave perte de compétences et de soutien techniques dont elle a tant besoin, mais aussi un signal politique erroné de la Suisse. À l’heure actuelle, de nombreux États accordent de plus en plus la priorité à leurs intérêts nationaux et se retirent des Organismes et Accords internationaux. Le retrait de la DDC de tout un continent, fondé avant tout sur les intérêts économiques et migratoires de la Suisse, s’inscrit dans ces tendances inquiétantes au niveau mondial. Sur le plan international cela met en péril la confiance que la Suisse a bâtie au fil des décennies en tant qu’acteur crédible, grâce à un engagement à long terme.