Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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La CGAS appelle toutes les travailleuses et travailleurs genevois à un nouveau engagement de soutien aux peuples en lutte

mardi 5 mars 2019 par Claude REYMOND

La CGAS appelle toutes les travailleuses et travailleurs genevois à un nouveau engagement de soutien aux peuples en lutte avec une nouvelle campagne de récolte de fonds. Comme fait par le passé, notamment lors du soutien à la population kurde à Kobane contre Daech, nous voulons contribuer à garantir le droit à la santé et à l’accès à des soins de base.

En collaboration avec l’association italienne « Ya Basta », nous avons décidé de contribuer au maintien des centres de santé dans les communautés zapatistes au Chiapas, au sud du Mexique. Le projet s’appelle « Juntos para el derecho a la salud », il est organisé et suivi par les associations du réseau zapatiste en Italie « Ya Basta », basée à Naples et Padoue. Depuis 25 ans le mouvement zapatiste lutte et défends un modèle de société anticapitaliste et de valorisation du patrimoine indigène. Après une brève période de conflit armé entre l’EZLN et l’armée mexicaine (1994-1996), tout le travail collectif s’est développé dans la construction d’un système de services publiques jusqu’alors méconnu dans la région. Les « caracolas », une espèce de municipalités autogérées, sont les nouvelles unités administratives du territoire crées par les zapatistes.

Le projet en question est très concret, il s’agit de permettre à chaque communauté d’avoir un laboratoire d’analyses médicales de base et de renforcer le centre médical du village de Municipio Francisco Villa. La dernière visite de la délégation italienne a été organisée en décembre 2018, à la caracola La Garrucha, pour remplacer une centrifugeuse du laboratoire. Les camarades de « Ya Basta » sont prêts aussi à venir à Genève pour une soirée avec débat et projection d’un reportage sur le projet dans la deuxième partie de l’année. En annexe une présentation du projet plus en détail et traduite en français.

Toute contribution doit être versée sur le compte CGAS, entre le 11 mars et le 13 mai 2019 :

IBAN : CH05 0900 0000 1726 3047 1
avec mention « Mexique »

Plus d’informations (en italien) : http://www.yabasta.it/spip.php?article2389

Merci camarades pour votre solidarité,

La lucha sigue…

Umberto Bandiera
Responsable Commission Internationale CGAS


Au Chiapas (Mexique), depuis le "levantamiento" de l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) qui s’est déroulé le 1er janvier 1994, les communautés indigènes zapatistes se sont rebellées et continuent encore à résister, construisant ainsi une expérience d’autonomie et d’autogouvernement sans précédent par le biais d’une organisation communautaire, de Municipalités Autonomes et des Conseils de Bon Gouvernement.
Jour après jour, hommes et femmes zapatistes s’engagent à développer de manière autonome la garantie au droit à l’éducation et à la santé pour tous, le développement des activités collectives productives ainsi que l’administration de la justice.
A l’origine de l’organisation du Système de Santé Autonome Zapatiste - né afin de répondre aux discriminations et au manque de soin pour les indigènes - il existe cette conviction que la santé est un droit fondamental.
Pour tout être humain, le droit à bénéficier de soins doit s’accompagner du droit à la prévention des causes qui entraînent la maladie.

La prévention et l’éducation sont des éléments fondamentaux en ce qu’il est de garantir le droit à la santé, entendu comme un accès à une bonne qualité de vie et au bien-être, qu’il soit personnel ou collectif.

Depuis 25 ans, le Système de Santé Autonome Zapatiste s’est structuré autour de Cliniques, aménagées dans chacune de cinq zones administrées par les Conseils de Bon Gouvernement et par un système maillé fait de Micro cliniques (des sortes de dispensaires présents dans chaque pueblo – (des plus nombreux à ceux composés d’une dizaine de personnes) dans les différentes communautés.

En outre, toutes les zones sont pourvues d’Erbolari qui sont des points de collecte, de traitement et d’emballage des plantes médicinales locales utilisées pour les soins et le bien-être physique. Les Erbolari sont aussi des centres de divulgation des savoirs traditionnels utiles à la santé.

La santé autonome zapatiste repose sur le travail bénévole et non rémunéré des Promoteurs de Santé, qui opèrent en nouant l’assistance des patients aux campagnes de prévention, visant ainsi à améliorer les conditions de vie personnelles et collectives à travers une innovante synergie située entre la médecine traditionnelle et l’utilisation rationnelle du savoir médical moderne.
Au cours de ces dernières années, le processus de formation continu de ces Promoteurs a permis d’améliorer les conditions sanitaires, d’augmenter la prise de conscience et la prévention mettant ainsi fin aux maladies dites « communes » comme les infections intestinales qui, si elles n’étaient pas soignées, conduisaient à la mort et plus particulièrement à la mort des plus jeunes.

Les indigènes non zapatistes accèdent eux-aussi aux structures autonomes, dans lesquelles ils trouvent une assistance plus attentive et plus responsable que celles proposées par les structures gouvernementales officielles.

La campagne Junto para el derecho a la salud (Ensemble pour le droit à la santé) a été lancée en 2016 afin contribuer au renforcement de la formation des Promoteurs de Santé et des structures sanitaires sur les territoires du Conseil du Bon Gouvernment "El camino dl futuro" et du Caracol III "Resistencia hacia un nuevo amanecer" dans la zone de la Garucha.

En accord avec le Conseil du Bon Gouvernement et les responsables locaux, il a notamment été convenu de consacrer des activités au développement des capacités d’effectuer d’analyses cliniques de base. Être indépendants est également fondamental dans cette phase d’analyses, contribuant ainsi à effectuer des diagnostics fiables et à aménager une prévention toujours plus vaste et plus complète.
La première phase de ces activités fut d’améliorer le Laboratoire d’analyses se trouvant dans le Caracol de la Garucha. Dans un deuxième temps, il s’agissait d’équiper chacune des quatre Municipalité Autonomes qui forment l’ensemble de la Zone Selva Tzeltal, « Francisco Gomez », « San Manuel », « Francisco Villa » et « Ricardo Flores Magón » de son propre laboratoire.

Le fait de décentraliser cette possibilité d’effectuer des analyses de qualité assure la réalisation des campagnes de monitorage, de vérification et de retour sur la population des communautés qui en étroite liaison avec les Promoteurs de Santé présents dans chaque village afin de faciliter le travail de prévention et de traitement.

Au cours de ces deux dernières années, deux séances de formation des Promoteurs de Santé ont été mises en place avec la participation d’experts italiens ainsi que la fourniture, stable et continue, des matériaux utiles au bon fonctionnement des Laboratoires d’analyses, comme les consommables pour les microscopes (lames et portes-objets), les réactifs nécessaires aux analyses de sang et d’urines ainsi que d’autres consommables de laboratoire comme les seringues, les échantillons, les pipettes, l’eau distillée, le coton hydrophile, les gants, désinfectants, etc...

Au printemps 2019, des cours de formation pour le Promoteurs de Santé seront mis en place de manière à élargir les connaissances de base pour effectuer ces analyses cliniques. Il s’agira ensuite de passer à la phase d’aménagement des différents laboratoires. D’ici là, nous fournirons aussi une nouvelle centrifuge ainsi que tout le matériel nécessaire à la formation.

En ce qui concerne l’hypothèse de travail, il a été convenu lors de la discussion avec les Promoteurs, les Autorités locales et le Conseil du Bon Gouvernement de prévoir que chaque laboratoire soit muni d’équipement de base, constitué de deux microscopes, d’un analyseur chimique, d’une centrifuge, d’un réfrigérateur, d’un autoclave pour la stérilisation, de plusieurs micropipettes, de supports pour éprouvettes, de réservoirs de différentes mesures et d’une paire de compteurs de cellules sanguines. En plus de ces équipements, chaque Laboratoire devra être équipé de fournitures consommables suffisantes (lames, compteurs de globules, pipettes, éprouvettes, embouts, réactifs, seringues, eau distillée, coton hydrophile, gants stériles et désinfectants pour les mains).

Le droit à la santé est l’un des éléments fondamentaux sur lequel s’appuie la structure complexe de l’autonomie zapatiste et « les hommes et les femmes du mais » n’ont aucune intention de s’arrêter et de se contenter : aller de l’avant, élargir leur capacité d’agir et ouvrir de nouveaux horizons sont les défis constants dans cette construction de l’autonomie.

Nous, nous voulons être à leur côté, pour la dignité, la justice et la liberté.



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