9 novembre 1932 - plus jamais ça

à la mémoire du 9 novembre 1932, pour la démocratie et la liberté

p.a. CGAS - Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève

Discours de Georges Tissot, président du comité d’organisation – au nom de la CGAS

lundi 11 mars 2019

Nous sommes devant le vrai lieu de la fusillade, où la Pierre a été déplacée il y a deux semaines.

Cette commémoration va être courte, car à 18 h 30, à la salle du Faubourg a lieu la soirée pour le 100e anniversaires de la grève générale de 1918.

Comme de coutume, nous allons avoir une pensée pour 13 morts, mais pas ceux du 9 novembre 1932. Il y a 109 ans, le 23 août 1909, à 500 mètres d’ici, l’Usine à gaz de la Jonction explosait, faisant, quelle coïncidence, également 13 morts et de nombreux blessés. Leurs noms sont tombés dans l’oubli, ce n’était sûrement pas tous des militants, mais nous rendons aujourd’hui aussi hommage à ces victimes du travail, dont la mort avait été considérée comme un « risque du métier ».

Nous sommes réunis ici pour commémorer ce qui s’est passé à cet endroit le 9 novembre 1932, sur un fond de crise économique, l’intervention de l’armée contre des ouvriers, contre des militants qui combattaient le fascisme, cette doctrine de xénophobie et d’exclusion, ce système qui voulait mettre à genoux le mouvement ouvrier.

Ce qu’on oublie souvent, c’est que la mise en accusation de Léon Nicole et Jacques Dicker n’était pas seulement un soi disant procès contre des dirigeants de gauche, mais aussi une attaque xénophobe et raciste. Jacques Dicker était juif, et le fasciste et futur collaborationniste avec le nazisme, Géo Oltramare, disait de lui :
"C’est une honte qu’un juif russe, tout juste bon à servir de conseiller national à des chimpanzés et à des ouistitis, représente Genève à Berne"

Mais l’attaque portait ailleurs encore. Dans le Pilori, journal fasciste, on lisait :
« Notre ville connaît l’odieux régime de l’occupation étrangère ». « D’’où viennent les chefs du parti ? Léon Nicole, de Montcherand (Vaud), Albert Naine, de Lausanne (Vaud), Charles Rosselet, de Neuchâtel, Jean-Baptiste Pons, d’Annemasse (Savoie), Jacques Moïsovitch Dicker, de Chotim (Podolie). Ce sont donc deux Vaudois, un Neuchâtelois, un Savoyard et un Juif Russe qui veulent faire la loi à Genève ! »

Devant le désarroi né des difficultés économiques, du chômage, de l’exclusion, le repli sur soi engendre des divisions dont profite le patronat ; il mène tout droit à l’intolérance, à la xénophobie et au racisme. L’extrémisme de droite (qu’on euphémise en populisme) naît sur les peurs, sur le désarroi et la détresse de la population.

Notre lutte ne peut pas se permettre des divisions, de voir les travailleuses et les travailleurs se dresser les uns contre les autres sous prétexte de différence d’origine ou de couleur d’yeux ou de peau. Toute division entre nous fait la force de ceux que nous combattons.

Nous n’acceptons pas les discours populistes, ces discours qui prétendent qu’il faut se protéger des autres. Il n’y a qu’une seule condition à notre lutte, une seule solution pour gagner, c’est la solidarité et l’unité sans faille, sans hésitation, sans restriction de pensée.

C’est pourquoi aujourd’hui nous rendons hommage à ceux qui ont payé ce combat de leur vie.

Et si la situation des travailleuses et des travailleurs n’est plus celle de 1932, ce n’est pas le résultat du bon vouloir du patronat, ni de l’État : c’est le résultat des luttes du mouvement ouvrier. Et notons en particulier, la grève générale de 1918, qui a amené nombre de conquêtes du mouvement ouvrier.

C’est cela, mes camarades, le sens de l’hommage que nous rendons aujourd’hui aux anciens, c’est en cela qu’ils nous ont préparé la voie que nous continuerons à suivre.