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La guerre civile en Espagne de 1936 à 1939

la République espagnole

et les Brigades internationales

mardi 18 avril 2006 par Claude Reymond

Le 17 juillet 1936 une partie de l’armée stationnée au Maroc se soulève contre le gouvernement légal de la République installé à Madrid. Francisco FRANCO et d’autres généraux sont à la tête du soulèvement.

Rapidement cette guerre civile prend un caractère international. L’Allemagne nazie et l’Italie mussolinienne ainsi que le Portugal de Salazar apportent aux rebelles une aide massive en hommes, en armes et en munitions.

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Eolo MORENZONI Brigadiste

Dès le début des hostilités les forces progressistes d’Europe, des Etats Unis et d’autres régions du monde, comprennent qu’en Espagne c’est la liberté et la démocratie qui sont attaquées par tout ce que le continent compte de fascistes. Un grand mouvement de solidarité avec la République espagnole prend corps et se développe rapidement dans des nombreux pays.

combattre les forces fascistes

Lorsqu’en août 1936, est prise la décision de créer les Brigades Internationales, ce sont plus de 40’000 volontaires qui au travers de bien de difficultés - se joignirent aux forces armées espagnoles restées fidèles à la République. Ils prennent les armes aux cotés des volontaires espagnols pour défendre la démocratie, la liberté, pour combattre les forces fascistes qui menacent non seulement l’Espagne mais le monde tout entier - comme ce fut malheureusement prouvé 3 ans plus tard..

De Suisse plus de 700 volontaires s’engagent dans les Brigades internationales, malgré divers arrêtés du Conseil Fédéral pris en août 1936 interdisant leur engagement et toute aide à caractère militaire (envoi d’armes notamment). Ces hommes et ces femmes qui suivent un idéal, laissent famille et travail dans leur pays d’origine pour s’offrir généreusement comme combattants pour contrer le péril fasciste et un régime totalitaire qui se concrétise en Espagne.

Ils et elles sont issus de toutes les idéologies et de tous pays ; ils doivent traverser avec beaucoup de difficultés et même clandestinement les frontières. Ce faisant ils font preuve de solidarité avec le peuple espagnol dans sa lutte pour la sauvegarde de la République qu’il s’est donnée.

Les Brigadistes assument un rôle déterminant : on les retrouve engagés comme troupes de choc dans les batailles les plus importantes. Les Suisses, qui avaient généralement une bonne formation militaire, tiennent toute leur place, plusieurs deviennent sous-officiers ou officiers.

L’engagement massif des armées allemandes et italiennes (de l’aviation notamment) dès le premier jour de la guerre et pendant toute sa durée reste décisif dans la défaite de la République espagnole, malgré tout le courage de ses partisans.

un marché de dupes

En 1938, à l’instigation de la France et de la Grande-Bretagne, se réunit à Londres une conférence sous prétexte d’éviter que la guerre d’Espagne n’embrasse toute l’Europe. Au non du principe de Non-Intervention, il y est décidé du retrait progressif de tous les étrangers qui se battent en Espagne. Cette décision est pour l’essentiel appliquée du côté des forces républicaines, mais ce n’est pas le cas du côté des fascistes. Cet accord s’avéra finalement comme un marché de dupes...

Le 27 octobre 1938 a lieu à Barcelone, la cérémonie officielle d’adieu aux Brigadistes. Au cours de sa brève allocution, le Président du Gouvernement républicain, Juan NEGRIN, déclara que celui-ci leur octroyait le droit de demander la citoyenneté espagnole une fois la guerre finie.

Les Brigadistes qui le peuvent rentrent dans leur pays respectif, alors que de milliers d’autres (allemands, italiens, etc.) sont internés dans des camps en France.

Les Brigadistes suisses, après avoir combattu pour la démocratie, la liberté et contre le fascisme, auraient mérité d’être accueillis avec reconnaissance - non seulement par la majorité du peuple comme ce fut le cas - mais également par le Gouvernement helvétique.

suppression des droits civiques

Il n’en fut rien, au contraire. Les Brigadistes furent traduits devant des tribunaux militaires pour “atteinte à la puissance défensive du pays”. 239 d’entre eux furent condamnés à des peines de prison allant de un à trois mois. Otto Brunner le brillant commandant du bataillon Tchapaiev en prit pour six mois. Cinq autres suisses accusés d’avoir joué un rôle majeur dans l’engagement des Brigadistes suisses furent condamnés à dix mois. Tous furent frappés par la suppression de leurs droits civiques pour des périodes allant de deux à cinq ans. En revanche, les Suisses qui combattirent au côté des franquistes ne furent guère inquiétés...

Dès le début des procès, de multiples interventions et manifestations eurent lieu pour réclamer l’acquittement, et plus tard, exiger une amnistie générale, enfin pour obtenir la réhabilitation des Brigadistes suisses.

Jusqu’à ce jour, et malgré les nombreuses interventions parlementaires - les dernières toutes récentes - cette réhabilitation n’a pas encore été obtenue.

Plus de 10’000 volontaires Brigadistes perdirent la vie sur la terre d’Espagne, et parmi eux plus d’un quart des engagés venus de Suisse.

Plus de 60 ans après, malgré de multiples demandes, la citoyenneté espagnole ne leur a encore pas été accordée. Le Gouvernement actuel exige des Brigadistes qu’ils renoncent à leur nationalité et jurent fidélité à la monarchie. Ces derniers ont affronté la mort dans un élan internationaliste : il est indécent d’exiger d’eux aujourd’hui qu’ils renient leurs racines !

En 1936, les volontaires partis pour défendre la république espagnole ou pour prêter main forte à Franco ne se sont pas posé la question de l’Ingérence dans un pays étranger, ils agissaient spontanément, en tant qu’individus afin de soutenir le “camps” qu’ils avaient choisis.

Demain il faudra pourtant répondre à une autre question : un Etat peut-il intervenir avec ses forces armées dans une guerre civile à l’extérieur de ses frontières ? ...

Marianne AGUILAR-BORDES, membre ASCBI (mai 2001)