à la mémoire du 9 novembre 1932, pour la démocratie et la liberté
p.a. CGAS - Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève
COMITE DE SOLDATS DE GENEVE
Genève, le 19 novembre
DECLARATION
Ayant pris connaissance des diverses réactions des autorités tant cantonales que fédérales au sujet de la manifestation de commémoration du 9 novembre 1932, le COMITE DE SOLDATS DE GENEVE, au nom des soldats ayant défilé en uniforme le 6 novembre, entend réaffirmer le sens de son action.
Depuis près d’une dizaine d’années, l’objectif principal des COMITES DE SOLDATS consiste à imposer les droits démocratiques dans l’armée. Cet objectif, pour être atteint, nécessite obligatoirement que les soldats s’organisent. A chaque fois que cela a été rendu possible, les soldats en lutte ont représenté par leur présence la seule résistance organisée opposée à la hiérarchie militaire. De plus, par leur fonctionnement, les COMITES DE SOLDATS représentent le seul lieu de débat démocratique existant dans l’armée.
A chaque fois, cette présence de soldats critique a permis l’instauration d’un débat sur le rôle et la nature de l’armée suisse.
L’importance d’un tel débat en ces jours de commémoration du 9 novembre32 saute aux yeux.
La seule réponse du DMF aux actions des COMITES DE SOLDATS a toujours été la répression. Celle-ci a encore empiré depuis l’entrée en vigueur du Règlement de Service 80, au point qu’elle met en danger aujourd’hui l’existence-même des COMITES DE SOLDATS, et par là-même toute l’opposition critique au sein de l’armée. Un exemple parmi d’autres, un de nos camarades vient d’être condamné à 45 jours fermes pour avoir distribué un tract lors de son cours de Répétition.
D’autre part, l’instauration de la garde armée nous rappelle que l’armée conserve plus que jamais son rôle de défense de l’ordre intérieur, c’est donc pour des raisons historiques et actuelles que le COMITE DE SOLDATS a pris la décision de manifester en uniforme avec les forces de gauche le 6 novembre dernier.
Nous entendions protester également contre la bêtise, le phallocratisme, le militarisme et les accidents qui caractérisent l’armée suisse.
Le déroulement de la manifestation, que nous avions conjointement organisée avec d’autres organisations, partis et syndicats, ainsi que l’accueil et la protection que les soldats ont reçu de la part des manifestants témoignent du soutien populaire en faveur des luttes des soldats.
Cette observation réduit à néant les efforts du DMF qui tente de nous présenter comme des provocateurs étrangers à la manifestation.
La manœuvre du DMF est claire : en nous attaquant mesquinement sur notre tenue jugée débraillée, en suggérant que nous ne sommes pas des soldats, il vise à éviter le débat de fond qui porte sur la reconnaissance des COMITES DE SOLDATS ainsi que sur les événements du 9 novembre.
En passant l’éponge sur nos gestes d’indiscipline, en acceptant que des soldats témoignent de leur refus de tirer contre leurs camarades, le DMF aurait eu l’occasion de réhabiliter les soldats désobéissants de 32.
En cherchant à condamner 50 ans plus tard leurs petits-fils, l’armée montre qu’elle ne regrette rien, et que pire, elle est prête à recommencer.
Pour nous, citoyens-soldats critiques, cela ne renforce que plus notre volonté de lutter au sein de l’armée.