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APPEL DU 1ER MAI 2015
Berne, le 24 mars 2015
En 1890, des syndicalistes sont descendus pour la première fois dans la rue un 1er Mai, en Suisse comme dans le reste de l’Europe. Ils répondaient à l’appel du Congrès international des travailleurs de Paris qui, une année plus tôt, avait proclamé le 1er mai Journée internationale du travail, suite au dur conflit de Chicago, dans le contexte de la grève pour la journée de travail de 8 heures. En Suisse aussi, les collègues revendiquaient haut et fort la journée de 8 heures. Mais les patrons leur opposaient une fin de non-recevoir. C’est contre cela que nous nous sommes battus.
La lutte pour de bonnes conditions de travail et une participation équitable aux fruits du travail a été dure, en Suisse aussi. Sur les lieux de travail et dans la rue. Les manifestations du 1er Mai se sont toujours plus fait entendre, attirant toujours plus de monde. Depuis lors, nous avons beaucoup obtenu : dans de nombreuses entreprises, nous avons obtenu la journée de huit heures, la plupart du temps sur la semaine de cinq jours, ainsi que l’introduction des vacances, des hausses de salaire, une sécurité au travail améliorée et la création de l’assurance-maladie, de l’assurance-accidents et des rentes de vieillesse. Bref, le mouvement des travailleurs et travailleuses a conquis de haute lutte plus de justice sociale.
En 2015, ce combat n’est pas terminé. La Suisse n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui. Elle pourrait se permettre d’offrir une vie meilleure à l’ensemble des travailleurs et travailleuses, à tous les retraités et toutes les retraitées. La réalité est malheureusement différente. Les disparités sociales croissent. La répartition des revenus et de la fortune est extrêmement inégale. L’écart entre « ceux d’en haut » et « ceux d’en bas » se creuse. La mondialisation fait toujours plus de perdants. Les travailleurs et travailleuses sont rejetés hors du monde du travail, poussés vers l’aide sociale. Plus tard, ils paieront cette injustice en recevant des rentes de vieillesse plus maigres. Il devient plus difficile pour les jeunes d’entrer rapidement sur le marché normal du travail. Avec 4,9 %, le chômage est plus élevé que dans le Bade-Wurtemberg et la Bavière. Nous sommes bien loin du plein-emploi. Les pressions sur les salaires s’accentuent. Et la charge de travail a sensiblement augmenté. Tous ces faits inquiètent les gens. C’est contre cela que nous nous battons.
Au lieu de s’attaquer aux problèmes, les partis de droite, les milieux économiques et les patrons veulent miner la justice sociale. Nombre de patrons prennent prétexte de la forte surévaluation du franc, non seulement pour maintenir, mais même pour faire grossir leurs marges. Appliquant le principe selon lequel, quand les affaires marchent, on empoche les bénéfices et quand elles vont mal, on ré-percute les risques sur le personnel, ils introduisent des salaires en euros illégaux, baissent les salai-res, délocalisent des emplois et prolongent la durée du travail. C’est contre ces « profiteurs de la crise du franc » que nous nous battons.
Au lieu de demander à la Banque nationale de remplir son mandat légal et d’œuvrer pour un cours de change franc-euro raisonnable, les partis de droite votent, à l’unisson des milieux économiques et propagent des recettes idéologiques bien connues : dérégulations, démantèlement des services pu-blics, programmes d’austérité, régression sociale, baisses d’impôts pour les entreprises et les riches et renoncement à des mesures attendues depuis trop longtemps pour réaliser l’égalité salariale prescrite par la Constitution. C’est contre cela que nous nous battons.
Au lieu de résoudre les problèmes, on exploite la détresse et les peurs des gens en lançant des campagnes d’exclusion : contre les bénéficiaires de l’aide sociale, contre les rentiers et rentières de l’AI, contre les minorités religieuses et surtout contre les étrangers et les étrangères. Or, l’exclusion et les discriminations ne portent pas seulement atteinte aux personnes qu’elles frappent, mais aussi à toute la société. Et elles mettent en danger le bien-être. C’est contre cela que nous nous battons.
L’heure est à la justice sociale. Des salaires équitables et des rentes décentes, des conditions de travail de qualité, des emplois sûrs et l’égalité salariale entre femmes et hommes, c’est économiquement possible en Suisse. Il s’agit d’une question de volonté et de rapport de force. C’est pourquoi nous réclamons haut et fort des salaires décents, des rentes meilleures, de bonnes conditions de travail et le plein-emploi.
Nous voulons une Suisse juste, solidaire, sans discrimination et ouverte. C’est pour cela que nous nous battons. C’est pour cela que, en ce 125e anniversaire de la Fête du tra-vail, nous lançons notre mot d’ordre à travers tout le pays : Justice sociale – Pas d’exclusion !