Comité d’organisation du 1er Mai

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discours de Michel CHARRAT - GTE

mardi 1er mai 2012 par Claude Reymond

Chers collègues résidents et transfrontaliers

comme l’a dit J.J.Rousseau « Pour connaitre les hommes il faut les voir agir. »

Et bien nous sommes fixés ! C’est un triste spectacle que nous offrent aujourd’hui certains acteurs du monde politique genevois prônant la préférence cantonale et mettant en pratique la discrimination. Ils respectent ainsi le vieil adage : diviser pour régner !
Les masques sont tombés et ils sont directement responsables des dérives xénophobes que nous vivons sur ce canton contre les transfrontaliers.

Dans les années septante, nous les frontaliers, nous étions peu nombreux ! On nous ignorait même si nos problèmes d’assurance sociale faisaient déjà la une des journaux locaux ! Cependant, j’ai toujours en mémoire que les moutons noirs à l’époque étaient les italiens, portugais, espagnols et bien d’autre visés par l’initiative Schwartzenbach qui a troublé alors pendant de longs mois notre espace de vie !

J’étais à l’époque un jeune frontalier. C’est sans doute cette ambiance délétère qui me détermina à adhérer au Groupement des frontaliers en 1971 et à me syndiquer. Je compris alors que la solidarité ne pouvait s’exprimer qu’en se rassemblant et en luttant. Dans le même temps mes collègues de travail résidents : italien, portugais, espagnol se constituaient en association et adhéraient aux syndicats. C’est ainsi que peu à peu ils assuraient eux leur représentation, leur intégration et leur défense obtenant ainsi des avancées sociales dans le cadre d’une solidarité entre tous les travailleurs.

Depuis le nombre de frontaliers n’a cessé de croître par palier, car à chaque crise un certain nombre d’entre nous sont restés sur le bord du chemin - n’oublions pas les périodes de récession précédentes ! Si notre nombre est en forte croissance depuis les accords bilatéraux, c’est avant tout pour le plus grand profit de l’économie suisse.
Dans le même temps nous sommes devenus les nouveaux moutons noirs ! Ainsi à chaque crise, les campagnes xénophobes nous transforment en bouc émissaire ! C’est paradoxal aujourd’hui, lorsque l’on sait que plus de 40 000 genevois suisse, privés de logement dans leur pays sont devenus des transfrontaliers en fixant leur résidence en pays voisin ! Que les anciens résidents permis C à Genève sont devenus bien souvent aussi des transfrontaliers.

Que dire, que la pression sur les salariés soit en premier lieu exercée sur les frontaliers !

Que dire, des tentatives de paiement des salaires en euros sur sol suisse !

Que dire, des discriminations dont ils sont l’objet !

Que dire, qu’ils soient utilisés par l’économie suisse comme un coussin conjoncturel avec l’explosion des contrats à durée déterminée !

Que dire, qu’ils soient les victimes d’un droit social aléatoire - cotisant pour le chômage en suisse, indemnisés en France leur pays de résidence. La Suisse conservant leurs cotisations sans assurer de prestations ! Plus de 5’700 transfrontaliers pour les deux départements voisins étaient pris en charge à fin décembre 2011 par Pôle emploi !

Que dire, que lors des licenciements collectifs, comme Serono-Merck, malgré leur nombre, ils deviennent invisibles des statistiques cantonales par une exportation en pays voisin.

Que dire, des projets de certains politiques français de créer des zones de non droit aux portes du canton où l’on appliquerait le droit du travail suisse bien plus restrictif que le droit français. Ainsi serait résolu le paiement des salaires en euro !

Travailleuses, travailleurs, de multiples dangers nous guettent si nous ne veillons pas tous ensemble, dans un esprit de solidarité sans frontière aux tentatives de division et de clivage organisées pour mieux remettre en cause nos acquis sociaux.

Ce n’est pas seulement un message de solidarité avec les résidents des deux côtés de la frontière que je tiens à exprimer aujourd’hui, mais aussi la volonté que nous combattions ensemble pour préserver les acquis sociaux que nous ont légué les générations précédentes.

Pour construire l’agglomération franco-valdo-genevoise, tous ensemble résidents et transfrontaliers mobilisons nous pour défendre des valeurs collectives de solidarité.

Mobilisons nous, pour lutter contre toute forme de discrimination et pour participer à la construction d’un espace de vie solidaire pour les générations futures !

PS:

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