Comité d’organisation du 1er Mai

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ce qu’en rapporte Le Courrier

lundi 6 mai 2024 par Claude Reymond

Keffiehs et muguet
MERCREDI 1 MAI 2024 MAUDE JAQUET

C’est un petit air de « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » qu’a pris mercredi la fête genevoise des travailleurs et travailleuses. Quoique l’on ait entendu l’Internationale retentir dans le cortège du 1er Mai, la résonance était davantage à l’actualité qu’à l’hymne historique. Car l’ensemble de la manifestation était placé sous le signe de la solidarité avec le peuple palestinien. C’est donc un défilé arborant drapeaux et keffiehs qui a pris la rue mercredi après-midi, ralliant le parc des Bastions depuis la place Lise-Girardin.

Quelque 2000 personnes ont répondu à l’appel des syndicats, associations et partis de gauche. Une foule bigarrée, rassemblant comme il est de coutume au 1er Mai des horizons différents. On pouvait ainsi croiser des aîné·es de l’Avivo (Association de défense des retraité·es et futur·es retraité·es) – certain·es transporté·es à bord de vélo-taxis – tout comme la gauche militante genevoise, rassemblée en queue de cortège dans le bloc révolutionnaire. De quoi égayer la rue de la Corraterie de quelques fumigènes écarlates.

Solidarité internationale

« Le 1er Mai est par définition une journée de lutte internationale et internationaliste », a rappelé Davide de Filippo, président de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS). L’actualité au Proche-Orient s’est donc imposée comme la cause incontournable de la manifestation au bout du lac, et ce malgré les mots d’ordre nationaux portant sur la baisse des primes d’assurance-maladie et l’augmentation des salaires.

« Les syndicalistes palestiniens appellent à notre solidarité », énonce une militante au nom de BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) et du CUP (Collectif urgence Palestine). « Au lieu de fêter le 1er mai avec vous, nous sommes occupés à envelopper dans des linceuls des dizaines de personnes qui sont tuées 24 heures sur 24 », cite la militante, se faisant l’écho de la Fédération générale palestinienne des syndicats. Et de rappeler que depuis le 7 octobre, les travailleur·euses palestinien·nes ne peuvent plus pénétrer en Israël, alors même que leurs familles dépendent de ces revenus. « Les conditions de travail des Palestiniens et Palestiniennes dans les colonies sont encore pires. Il n’y a aucun respect du droit du travail, pas de salaire minimum, pas d’assurance maladie ou d’accident, et des mineurs travaillent dans les champs », pointe encore du doigt l’activiste.

Des constats qui ont poussé Denise à se munir d’un drapeau palestinien pour défiler en ce 1er mai. « Israël se fiche du droit international, et le gouvernement suisse d’Ignazio Cassis ne fait rien. Nous sommes là en signe de solidarité internationale avec les travailleurs et les travailleuses de Gaza », défend-t-elle. Un discours qui ne plaît pas à tout le monde. Alors que des slogans comme « une seule solution, fin de l’occupation » ou « nous somme tous des enfants de Gaza » résonnent dans les rues Basses, plusieurs passant·es invectivent les manifestant·es à coups de « libérez les otages » et de plusieurs doigts d’honneur.

Attaques sur les plus précaires

Dans l’ensemble la manifestation reste bon enfant. Le bloc révolutionnaire se contente de quelques fumigènes colorés et le SIT égrène des appels à signatures sur un beat de rap. La foule qui arrive aux Bastions est pressée de se restaurer aux divers stands des syndicats et associations, promesse de fête sous une météo printanière.

Mais ce 1er Mai coïncide aussi avec d’importantes échéances en Suisse. Ce jour même signe la fin de la consultation fédérale sur la motion Ettlin. « C’est une attaque contre le salaire minimum, entré en vigueur à Genève en novembre 2020, et qui a changé la vie de milliers de personnes depuis », rappelle une militante du SIT. « Les plus bas salaires et les emplois peu qualifiés sont les plus concernés. Nous ne les laisserons pas toucher au salaire minimum ! »

L’occasion de rappeler aussi qu’au niveau cantonal, la droite s’est attaquée aux conditions de travail dans les crèches privées, en voulant affaiblir la portée de la convention collective de travail. Le référendum sera soumis au vote le 9 juin , en même temps que la question de l’octroi du droit de vote au niveau cantonal aux étranger·ères. Des questions qui touchent, de manière plus directe sans doute que la Palestine, une part importante des travailleur·euses mobilisé·es ce 1er mai.

Et il y a fort à parier qu’ils et elles se sont aussi senti·es concerné·es par les attaques de la bourgeoisie sur le droit de manifester. « La majorité veut limiter les manifestations sur les axes principaux, tel que le tracé que nous avons emprunté aujourd’hui », s’indigne Davide de Filippo. Un rassemblement de protestation est prévu demain sous les fenêtres du Grand Conseil.


Sous le signe des salaires et du pouvoir d’achat

JEUDI 2 MAI 2024 ATS
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Suisse mercredi pour de la Fête des travailleuses et des travailleursl. Les manifestations étaient placées sous le signe des salaires et de la perte de pouvoir d’achat. Beat Jans et Elisabeth Baume-Schneider ont, eux, appelé à la solidarité.
La solidarité est nécessaire, car le monde va mal, a déclaré le ministre de justice et police sur la Place fédérale à Berne. Evoquant les défis politiques, économiques et sociaux qui attendent la Suisse, le Bâlois a exhorté à se mettre « ensemble » au travail. « Ensemble, ça va mieux », a-t-il lancé, tout en reconnaissant que ce slogan est en fait un euphémisme dans les temps actuels. Il faudrait plutôt dire « ce n’est qu’ensemble que ça ira mieux ».

S’exprimant à Thoune (BE), sa collègue jurassienne Elisabeth Baume-Schneider a de son côté mis en garde contre les conséquences des injustices sociales. Seule une société équitable est une société forte, a-t-elle dit. Mais la question sociale n’est jamais réglée, elle revient sans cesse se poser. Par exemple, le logement risque de devenir un luxe et les coûts de la santé représentent un gros problème pour beaucoup, a averti la Jurassienne.

Les primes d’assurance maladie étaient au cœur de cette journée de mobilisation, placée sous le mot d’ordre « baisser les primes, augmenter les salaires ». Lors de nombreux événements organisés aux quatre coins de la Suisse, les orateurs ont souligné la nécessité de véritables hausses de salaires et plaidé en faveur de l’initiative socialiste d’allègement des primes soumise en votation le 9 juin.

Dans un discours combatif prononcé à Bienne (BE), le président de l’Union syndicale suisse (USS), Pierre-Yves Maillard, a ainsi dénoncé « les chiffres sur l’inflation complètement faux » qui sont annoncés en Suisse. Le fait que les primes maladie soient exclues du calcul brouille la réalité. Du fait de cette « omission », la réalité de l’inflation est largement sous-estimée.

L’initiative d’allègement des primes sera le prochain combat de la gauche, mais il y en aura d’autres encore en cette année 2024 qui « nous donnera beaucoup de boulot », a lancé le conseiller aux Etats vaudois. L’USS bataillera aussi contre la réforme du 2e pilier, ainsi que contre la libéralisation du système de santé et pour la défense du service public dans l’électricité et les transports.

La présidente du syndicat Unia, Vania Alleva, a de son côté réclamé « un changement dans la politique en matière de salaires et de revenus ». Selon elle, « il y a suffisamment d’argent (en Suisse), un revenu décent serait possible pour tous les salariés ».

A Zurich, le chef économiste de l’USS, Daniel Lampart, a pour sa part estimé que « dans ce pays, le plus riche du monde, quiconque a terminé son apprentissage doit gagner au moins 5000 francs ».

Dans le même esprit, la Jeunesse socialiste a lancé une pétition demandant de meilleures conditions de travail pour les apprentis, avec notamment un salaire minimum de 1000 francs par mois. Les assistantes vaudoises en pharmacie ont quant à elles lancé une pétition réclamant une convention collective de travail.

Au total, l’USS avait organisé des rassemblements dans une cinquantaine de villes du pays. Quelque 10’000 personnes ont participé au cortège du 1er Mai à Zurich. D’autres rassemblements ont réuni 2500 personnes à Bâle, 800 à Lausanne et plusieurs centaines à Berne. Dans plusieurs villes, comme à Genève ou Zurich, les participants ont manifesté leur solidarité avec les Palestiniens. A Delémont, quelque 300 personnes ont participé au cortège du 1er Mai interjurassien, selon Rebecca Lena, responsable d’Unia Transjurane. Et ils étaient 150 à 200 à Bienne.

Le syndicat Syna a lancé une pétition pour que la journée du 1er Mai devienne un jour de congé national, en signe de « remerciement » pour les travailleurs. Mais la droite ne l’entend pas de cette oreille : les Jeunes PLR exigent l’abolition de ce congé dans les cantons qui l’ont introduit.

PS:

SYNDICALISME PROCHE DES GENS
Le grand raout syndical du 1er Mai a aussi été l’occasion pour des entités moins impliquées sur la place genevoise de se faire connaître. Ainsi, l’Association romande des travailleur·ses (ART) – accompagnée de l’Association de défense des chômeurs et chômeuses (ADC) et de la branche suisse du Réseau salariat – a-t-elle organisé son propre rassemblement, en amont de la manifestation. En ligne de mire, le travail sur appel. Un fléau qui touche de plus en plus de domaines d’activité, comme le nettoyage, la restauration, la livraison ou la construction.

« Il s’agit d’un système de flexibilité totale au profit du patronat », dénonce Laurent Tettamanti, secrétaire syndical d’ART. Connu, le phénomène ne serait pourtant pas assez combattu, y compris par les grands syndicats de la place, dénonce-t-il. Et son collègue Esteban Munoz d’enfoncer le clou en citant la convention collective de l’hôtellerie-restauration, pourtant négociée avec les syndicats. « Les recommandations qui y figurent en matière de travail sur appel mettent les employés dans des situations d’extrême précarité en les privant des rares droits auxquels ils peuvent, dans ces emplois précaires, prétendre », dénonce-t-il. ART, pour l’instant davantage implanté dans le canton de Vaud, espère devenir une force syndicale nouvelle à Genève, « plus proche des travailleur·euses ». Un appel qui semble déjà séduire des militant·es qui se disent déçu·es des grandes organisations syndicales. MJT




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