Comité d’organisation du 1er Mai

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Jacques Robert, Parti socialiste

mercredi 30 avril 2008 par Claude Reymond

Discours du 1er mai 2008 à Genève

Prononcé par Jacques Robert, Parti socialiste

Madame, Messieurs,

Chères et Chers Collègues,

Chères et Chers Camarades,

C’est au nom du parti socialiste, mais aussi au nom du comité unitaire qui organise à Genève la journée de lutte du 1er mai, que je vous salue toutes et tous bien cordialement.
Ces dernières semaines ont vu réapparaître, au 21e siècle, sous un aspect peut-être inattendu, pour celles et ceux qui ont encore quelques illusions sur la capacité du capitalisme à assurer le bien-être des populations de notre monde, l’insécurité alimentaire.
Le capitalisme financier, la pire des formes du capitalisme, qui cherche à faire du profit de n’importe quelle manière, en inventant des instruments de plus en plus sophistiqués, dans le seul but de transférer les risques de ses opérations spéculatives sur autrui, provoque l’insécurité alimentaire, la faim pour de plus en plus de populations, parce qu’il joue à spéculer, même sur les denrées de base, celles qui nourrissent, celles qui sont vitales, en particulier pour les habitant-e-s les plus modestes.

Des hommes de proie, mus par la cupidité et l’égoïsme, rêvent du rétablissement de la loi de la jungle, de la loi du plus fort, pour assurer leurs profits sans aucune considération pour les dégâts sociaux qu’ils provoquent.
Nous sommes ici aujourd’hui pour lutter pour une répartition équitable des fruits de l’activité économique. Et nous sommes ici parce que, dans nos pays, nous sommes la population modeste, celle qui trime, celle qui est exploitée.
Au niveau mondial, nous sommes cependant parmi les privilégiés. Notre lutte doit donc aussi prendre en considération la situation de celles et ceux qui souffrent, ailleurs. La solidarité doit également s’exercer au niveau mondial et la répartition équitable des revenus de l’activité économique doit profiter à celles et ceux qui ont faim.

Ceci doit nous amener, par exemple, à refuser que de la nourriture soit transformée en carburant, ou que nos paysans ne soient plus que les jardiniers du paysage.

Et à lutter, en Europe aussi, contre tous les aspects de l’ultra-libéralisme, dont les plus visibles, ceux qui nous montrent ce vers quoi nous irions, si nous laissions faire les hommes de proie : je pense ici aux ouvriers agricoles, aux esclaves devrais-je dire, qui, en Andalousie, arrosent de leur sang les fruits hors saison que nous mangeons ici.

Là-bas, le rêve néo-libéral a abouti ; le projet de déréglementation sociale est en vigueur. Des dizaines de milliers de travailleurs sans droits, qui se pressent le matin pour monter dans les camionnettes des patrons, qu’ils supplient pour avoir un jour de travail, qui renoncent pour cela à leurs droits, à ce que soit, par exemple, respecté le salaire inscrit sur leur contrat. Des contrats de travail qui obligent les travailleurs à se tenir à la disposition des patrons, mais qui n’obligent pas les patrons à fournir du travail. Le rêve ultra-libéral vous disais-je, la flexibilité absolue, celle après laquelle court le patronat d’ici aussi, la précarité totale, celle qui vise, là-bas et ici, à transférer le risque d’entreprise des épaules des patrons vers celles des salarié-e-s.
Et ce, au moment où les profits augmentent, bien plus vite que les revenus du travail. Et les bénéficiaires de ces augmentations s’ingénient à faire supporter les risques aux salarié-e-s !

La concurrence sur les prix amène le patronat à faire pression sur tous les éléments des coûts qui, additionnés, constituent le prix de revient de ce qui est produit. Le coût de la main-d’œuvre est l’un des éléments qu’il s’agit de comprimer. Il importe donc, et c’est la tâche des syndicats, le but de nos luttes, de tout faire pour que le coût du travail ne soit pas l’élément le plus tendre, celui que l’on peut comprimer plus que les autres.
La course au profit, la volonté de dérèglementer, l’arrogance et l’absence de respect pour celles et ceux qui travaillent, conduisent le patronat à pratiquer la sous enchère, en utilisant la libre circulation des personnes, et les travailleuses et travailleurs victimes, peu au fait des niveaux de salaires locaux, et souvent contraints par le chômage à accepter un travail mal payé.
Liberté fondamentale retrouvée, malheureusement limitée à la seule Europe, la libre circulation des personnes, parce qu’elle est utilisée pour remettre en cause le niveau des salaires et les acquis sociaux, nécessite impérativement, pour être maintenue, d’une part, la mobilisation des travailleuses et travailleurs, qui doivent être dotés de protection contre les licenciements, d’autre part, des mesures d’accompagnement aptes à faire barrage au dessein des "dérèglementeurs" et des profiteurs.

Comme à Ljubljana il y a un mois, le combat pour l’augmentation des salaires doit être mené au niveau européen, avec nos collègues du reste de l’Europe, de façon à assurer que l’harmonisation nécessaire des conditions de travail entre les différents pays se fasse au niveau le plus élevé. La réduction des inégalités est le combat de tous et toutes, qui ne peut être couronné de succès qu’au travers des luttes concertées.

C’est le sens aussi de ce 1er mai, qui voit se réunir les travailleuses et les travailleurs du monde entier.

Comme en Suisse, toutes et tous luttent pour le progrès social, maintenant !
Parfois pour obtenir des droits nouveaux, comme nous pour le droit à la retraite flexible, qui sera soumis au verdict du peuple cette année, parfois pour résister à la mise en cause d’acquis sociaux anciens.

Nous sommes l’objet de ces attaques et nous aurons l’occasion, le 1er juin prochain de résister, lors de la campagne et lors de la votation fédérale, à la fois contre le démantèlement de l’assurance maladie, contre la restriction scandaleusement antidémocratique du processus de naturalisation et même contre le bâillonnement des autorités avant les votations fédérales !

L’UDC, le parti à l’origine de ces attaques contre les acquis démocratiques et sociaux, est un parti qui se nourrit des dégâts provoqués par sa propre politique. Ultra-libéral avant tout, ce parti utilise ignominieusement la xénophobie, les peurs et les inquiétudes des gens fragilisés par la dureté du monde économique, par la flexibilité et la précarité, pour faire des voix et, depuis les sièges ainsi gagnés, pratique une politique de mise en cause des acquis sociaux, qui fragilise encore davantage celles et ceux qui ont besoin de la solidarité et des prestations sociales.

Un non déterminé est indispensable pour résister au démontage social voulu par l’UDC.

À Genève aussi, il faudra dire non le 1er juin à l’éviction des représentant-e-s du peuple des organes des transports publics, de l’Hôpital et des services industriels.

Services publics de base, sensibles, indispensables au bon fonctionnement de notre communauté, ils font l’objet d’attaques répétées des ultra-libéraux qui ne rêvent que de privatisation, pour que ces bénéfices potentiels là puissent eux aussi être accaparés par le monde de la finance.

En réalité, s’agissant de la gestion des services publics, jamais les défenseurs de l’économie privée n’ont fait la démonstration d’une plus grande efficacité de leur part. Les catastrophes quasi quotidiennes enregistrées ici ou là dans l’économie privée, avec des fermetures d’entreprises à la pelle, des suppressions d’emplois par milliers, l’évaporation de milliards de valeurs, voir l’UBS par exemple, doivent nous amener à ne pas accepter la main mise de privés sur les services publics.

Sur un plan plus général, et qui concerne, ou qui devraient concerner, toutes les travailleuses et tous les travailleurs de ce pays, les syndicats, les partis et les associations qui constituent le comité d’organisation de la manifestation du 1er mai à Genève, ont décidé de mettre l’accent sur la promotion et la défense des conventions collectives de travail.

La Suisse se gargarise volontiers de son consensus social, alors même que seule la moitié des salariées et des salariés bénéficie de la couverture d’une convention collective de travail. Et, de plus en plus souvent, ces conventions, elles-mêmes ou leurs contenus, sont mises en cause par le patronat.

On l’a vu dans la construction, où la Société suisse des entrepreneurs, agissant en avant-garde, a tenté, en dénonçant la convention collective de travail, une remise en cause profonde des acquis sociaux.

Il a fallu toute la détermination des maçons, de leurs syndicats et des organisations qui les ont soutenus, pour enregistrer une victoire après une résistance exemplaire.

L’attaque était sournoise et a bien montré ce que veut une partie du patronat, fortement influencé par l’UDC :

  • des conventions collectives, mais vides, privées de toute protection efficace,
  • un partenariat social, mais à condition que les syndicats soient dociles,
  • un dispositif d’application de la convention collective de travail dépourvu de tout moyen financier, et donc de toute efficacité.

La lutte syndicale et politique doit être menée avec détermination, comme dans la construction ou à CFF Cargo, non seulement pour résister aux tentatives de démantèlement social, mais aussi pour acquérir de nouveaux droits, parmi lesquels, par exemple :

  • une vraie protection contre les licenciements et en particulier contre les licenciements de délégués syndicaux,
  • des salaires minimums supérieurs à F 3500, payés 13 fois et supérieurs à F 4000, également payés 13 fois pour les travailleuses et travailleurs qualifié-e-s,
  • des allocations familiales fortement revalorisées,
  • des congés de formation payés et qui doivent permettre aux salariées et aux salariés de suivre la rapide évolution des professions,
  • la retraite flexible dès 62 ans, qui doit être accessible aux salariées et aux salariés, même à revenus modestes
  • le maintien d’une assurance-chômage protectrice et performante, l’un de nos prochains combats.

Mesdames, Messieurs,

Chères et chers Camarades,

Tous ces objectifs sont atteignables, sont nécessaires, sont justifiés et sont mérités par la population des travailleuses et des travailleurs. Votre présence ici aujourd’hui montre que vous le savez.

Puisse le nombre des travailleuses et des travailleurs conscients de leur force augmenter encore, dans les syndicats et dans nos partis et associations, pour renforcer la représentativité de celles et ceux qui défendent vraiment les intérêts de la population modeste.

Vive le 1er mai

Vive la lutte des travailleuses et des travailleurs



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