Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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de Charly Barone, observateur au Forum ASEPPROLA

Nicaragua

samedi 24 mai 2008 par Claude REYMOND

De retour du Nicaragua, notre collègue Charly Barone, qui était observateur au Forum ASEPPROLA, nous livre son compte-rendu sur la pression des transnationales sur les conditions de travail en Amérique centrale. 

En émerge aussi les nouvelles organisations de lutte contre cet esclavage du 21ème siècle, dans le contexte des victoires des mouvements sociaux et indigènes au Vénézuela et en Bolivie, alors qu’ailleurs, au Guatemala notamment, l’instabilité et la corruption de l’Etat ont des répercussions tragiques sur les populations appauvries et leurs organisations

MANAGUA
 
FORUM INTERNATIONAL
 
CONTRE LE TRAVAIL FLEXIBLE
 
ET L’ESCLAVAGE AU XXIe SIECLE

Les 3 et 4 avril 2008 s’est tenu un forum international, concernant avant tout les pays de l’Amérique centrale : Nicaragua, El Salvador, Guatemala, Honduras, Panama et le Costa Rica où est établie l’organisation ASEPROLA qui a convoqué et organisé la rencontre.

ASEPROLA s’est constituée en 1985 et depuis développe des relations et des actions contre les conséquences des politiques néo-libérales dans ces pays avec diverses organisations syndicales et populaires et de défense des conditions sociales de nombreuses associations de femmes qui travaillent à domicile ou dans les « maquiladoras « pour le compte de transnationales, surtout de l’habillement.

La puissance financière des transnationales, partout dans le monde, se mesure par le fait que le produit mondial brut généré par elles est passé de 17% en 1965 à plus de 35% dans les années nonantes.

Le forum a réuni environ 250 personnes et plus de 100 organisations. Parmi elles en plus des pays centraméricains il y avait des représentant-e-s d’organisations du Mexique, du Venezuela, de Colombie, d’Allemagne, d’Autriche,des Etats Unis et de Suisse. De Suisse nous étions trois, Cecilia qui travaille pour le Groupe des Volontaire d’Outre Mer de la section de Belinzona, avec l’organisation de femmes Mélida Anaya Montes qui organise les femme en particulier celles qui travaillent dans les « maquilas », Eric qui depuis sept années est aussi au Salvador pour l’organisation ECHANGER et l’auteur du présent rapport

LA CAMPAGNE REGIONALE CONTRE LA FLEXIBILITE DU TRAVAIL

Il s’agit d’une initiative promue par plusieurs organisations de travailleurs et travailleuses, d’ONG, de mouvements de femmes, de centres de recherche et d’action concernant les problèmes du travail qui se sont constitués en une organisation.

Ce mouvement se propose d’alerter le monde du travail, les lieux de décision et la population en général concernant les tendances à flexibiliser les relations de travail en Amérique centrale et sur l’impact que cela a pour les conditions de travail et de vie de la population travailleuse
Impulser la construction et la définition de stratégies à partir de secteurs organisés afin de pouvoir affronter cette situation.

Résultats attendus : constitution d’organisations de travailleurs et travailleuses connaissant les tendances de la flexibilisation dans la région, qui soient capables de développer la campagne et d’articuler des stratégies régionales contre la flexibilisation.

Sensibiliser l’opinion publique sur le problème

La dénonciation du patronat concernant ses pratiques de flexibilisation. Constituer un milieu institutionnel informé et mis sous pression afin qu’il prenne des décisions qui répondent aux revendications des travailleurs et travailleuses et de leurs besoins en matière de droits du travail et de droit humains fondamentaux.

LE FORUM LA CAMPAGNE REGIONALE CONTRE LA FLEXIBILITE DU TRAVAIL

La rencontre a été convoquée par « La Campagne Régionale contre la Flexibilité du Travail » organisation qui regroupe 59 organisations des six pays d’Amérique Centrale. . La coordination a été assurée par ASEPROLA qui a été fondée en 1985. Une des responsables du bon déroulement du forum, Ariane Grau, nous l’avons connue à Genève où elle était venue pour recueillir des renseignements auprès des organisations telles que l’ONU et l’OIT.

Depuis, nous sommes restés en contact et c’est ainsi que j’ai été invité à participer comme observateur au forum. J’ai reçu aussi l’appui de la CGAS et du CETIM qui est également très intéressé par l’évolution de la situation en Amérique latine.

Pour cette occasion le juriste Alejandro Teitelbaum a écrit une contribution qui a été distribuée aux personnes intéressées : Les violations des droits du travail par les société transnationales-l’augmentation de l’exploitation des travailleurs-euses de toutes catégories et dans toutes les régions du monde.

II n’est pas possible de rendre compte de tous ce qui s’est dit lors de cette rencontre. En effet huit thèmes étaient proposés sous le titre de L’Esclavage du XXIe siècle. Ils ont été traités au cours de plus de vingt débats. Ces thèmes bien sûr sont vécus et ont été évoqués de différentes façons selon les pays. Il y a encore de grandes différences selon les conditions sociales nationales, les forces qui s’y opposent et les gouvernements respectifs.

Pour cela il est remarquable de voir l’unité des forces qui se mettent en action contre les traités de libre commerce, les conditions de travail et surtout le rôle que jouent les femmes dans les luttes contre les conditions, parfois tragiques, qui leur sont imposées. Le travail dans les maquilas est terrible mais ce n’est pas le pire. Des mères seules ayant à s’occuper de leurs enfants travaillent à domicile. C’est encore plus avantageux pour les entreprises qui les emploie. Elles doivent se procurer une machine à coudre à leurs frais, payer la lumière puisqu’elles sont contraintes à travailler une fois que leurs enfants sont couchés et bien sûr travailler une partie de la nuit après une journée de ménagère.

D’autres revendications ont cour contre la maltraitance au travail et, parfois dans le cadre familial et les conditions d’éducation des enfants.

Au Nicaragua une organisation de femmes a manifesté devant la cathédrale contre l’interdiction de l’avortement thérapeutique. Elles considèrent que cette interdiction est liée au rôle politique que joue l’église catholique.

Le néolibéralisme et ses conséquences, l’exploitation perpétrée par les transnationales, la violence (dans certains pays plus que dans d’autres). Partout cependant la violence, la répression contre les syndicalistes augmentent. Au Salvador, au Honduras et surtout au Guatemala et même au Costa Rica et Panama des hommes de main menacent et tuent. La conscience de cela que prennent de plus en plus de citoyen-ne-s pousse à l’organisation, aux revendications et à une unité solidaire.

Il semble y avoir un développement de la conscience de classe là-bas, alors que dans les pays dits développés c’est le contraire qui se développe.

A part le site de l’UITA je n’ai pas vu le moindre compte-rendu concernant cette rencontre pourtant très importante.

Ici en Suisse et en Europe le désintérêt par rapport aux conditions sociales et de travail en Amérique centrale recoupe le désintérêt toujours plus grand de la part des travailleurs ici : Individualisme toujours plus important, baisse donc du nombre de militants et d’adhérents et, politiquement glissement du peuple citoyen vers la droite politique : France,Italie, Suisse, Grande Bretagne…

La situation sociale y est pour beaucoup

En Europe, dans les pays dits développés on s’intéresse davantage à changer de voiture, de poste TV, à « réussir » sa carrière. En Amérique latine, ailleurs aussi ce qui compte c’est de pouvoir manger, étudier, se soigner.

Cela contribue à rendre nécessaire la solidarité entre gens de même condition et de lutter ensemble pour changer et trouver les moyens de contrer ce que développe l’impérialisme.

On ne voit pas là-bas de différence entre les traités proposés par les Etats Unis et ceux proposés par l’Union Européenne. Pour cela de plus en plus de militant-e-s cherchent des alternatives, l’union, la solidarité, propres à leurs conditions de vie, qu’ils qualifient de « L’esclavage du XXIe siècle » et pour sortir de celles-ci.

La lutte contre les traités de libre commerce, contre les transnationales et contre les minorités nationales d’entrepreneurs et de propriétaires terriens, liés au capitalisme mondial sont à la base de changements possibles vers l’indépendance et le progrès économique, politique et social.