Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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8 mars au Grutli de Genève

jeudi 21 février 2008 par Chantal WOODTLI

La CUA (qui regroupe la Communauté genevoise d’action syndicale,
UNITERRE et ACAT) participera le samedi 8 mars au programme sur les femmes et l’impunité au Festival et Forum international sur les droits humains,
au Grutli de Genève.

« AU KM 207 », OU 5 ANS APRES SA DISPARITION ...


KM 207, le film que nous vous présentons avec UNITERRE et ACAT, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, témoigne d’un impressionnant mouvement pour la justice
L’histoire commence en 2003 avec la disparition de Hector Perez Reyes, administrateur très apprécié de la Finca Nueva Linda, membre d’un syndicat maya.
Sa disparition, semée d’indices met en cause les propriétaires et leurs gardes armés.
Ses compagnons vont dénoncer les menaces qui ont précédés sa disparition, occuper la « Finca Nueva Linda » pour obtenir son retour. Obtenir le droit à la justice.
Près de 5 ans plus tard, les filles de Hector Reyes Perez, toujours menacées dans leurs abris du KM 207, aux portes de la finca exigent toujours de connaître le sort fait à leur père.
L’histoire de leurs terres mayas, marquée par la guerre civile et la cruauté, les a obligé à devenir ces actrices bouleversantes de lucidité et de courage.

Le 31 août 2004 en effet, l’occupation de la finca a basculé dans la barbarie :
plus de 1.000 policiers des Forces spéciales, lourdement équipés, et qui seront renforcés par l’armée, engagent l’expulsion des occupants-paysans. En appui logistique, les gardes privés du propriétaire. On comptera 10 morts, dont des policiers désarmés qui ont été envoyés en première ligne...
Le Procureur des Droits de l’homme, Sergio Morales, dénoncent très rapidement des violations qu’ils qualifient d’abus de pouvoir, assassinats, agressions, exécutions extrajudiciaires et blessures. Les menaces de mort et les coups assenés aux journalistes témoins sont mis en évidence par la presse nationale. L’expulsion meurtrière de la Finca Nueva Linda sera largement diffusée auprès des mouvements de défense des paysans, des peuples mayas et plus largement des mouvements pour les droits civils. Malgré la pression internationale, le Ministère public guatémaltèque ne bouge pas.

12 ans après la fin de la guerre civile ce qu’on appelle la « période de transition » n’en finit pas de durer, sans changements pour les petits paysans et les pauvres du Guatemala.
Les deux tiers des terres cultivables sont toujours aux mains de 1,5 % de la population...
La répression et le crime ont augmenté considérablement entre 2004 et 2006 .
En 2007 le Congrès guatémaltèque ratifiait pourtant un accord qui établit une Commission internationale contre l’Impunité au Guatemala (CICIG), commission internationale placée sous l’égide de l’ONU. Elle est chargée « d’enquêter et de lutter contre des groupes criminels clandestins, parfois infiltrés dans les institutions de l’Etat guatémaltèque. »
Printemps 2007 - 6 mois avant les élections -la coupe déborde :
des policiers emprisonnés à la suite de l’assassinat de députés salvadoriens sur territoire guatémaltèque sont assassinés à l’intérieur même de leur prison ! Pourquoi, qui veut les faire taire ?
L’affaire fait sauter le Ministre de l’intérieur Vielman, et le Chef de la Police nationale civile, Erwin Sperisen.
La nouvelle Ministre en place, Adela de Torrebiarte, est l’une des grandes personnalités de la société civile. Personnellement éprouvée par la disparition d’un proche, elle a fondé avec les mères et femmes de disparus les « Madres Angustiadas » . Depuis sa nomination plus de 2.500 policiers ont été radiés, des juges corrompus sont arrêtés.

Mais c’est de l’autre côté de l’Atlantique que la lutte contre l’impunité avance :
les juges espagnols entendent bien traduire en justice les responsables du génocide des populations mayas pendant la guerre civile.
Mi-janvier 2008, leurs déclarations contre l’impunité, impunité réactualisée le 12 décembre 2007 par une décision de la Cour constitutionnelle du Guatemala, se font entendre avec force.
Le juge Baltasar Garzon qualifie la décision de la Cour guatémaltèque d’ »ignominieuse ».
alors que le juge Santiago Pedraz demande à tout citoyen du monde témoin d’actes de génocide contre le peuple maya de dénoncer les faits, et de les transmettre à l’Audience nationale espagnole... »(Audiencia Nacional de Espana).
Soutenue par les associations sociales de tout le pays, Rigoberta Menchu, Prix Nobel de la Paix, lance alors une procédure contre la résolution de la Cour constitutionnelle guatémaltèque....

« la transition vers une société dans laquelle le droit à la vie est garanti n’est pas achevée », remarquait en août 2006 le rapporteur spécial des Nations-Unies Philip Alston... ) mais la société civile, consciente des changements politiques et sociaux survenus chez ses voisins directs, semble reprendre des forces.