Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Paru dans Le Courrier, le jeudi 01 Mars 2007

Affichage public : une revendication démocratique

jeudi 1er mars 2007 par Claude REYMOND

PHILIPPE BACH

Genève De quoi parle-t-on ? D’affichage sauvage, de placardage libre, de liberté d’expression, voire de salubrité publique ? Le 11 mars prochain, le Souverain genevois se prononcera sur une modification de la loi sur les procédés de réclame attaquée par voie référendaire par les milieux culturels et les sociétés commerciales actives dans l’affichage « alternatif ».

La loi prévoit un durcissement des sanctions. Pourront être attaqués non seulement les colleurs, mais aussi les annonceurs. De plus, si le montant maximal de l’amende reste le même – 60 000 francs, tout de même ! –, on observe un glissement de l’amende administrative vers la poursuite pénale, avec inscription au casier.

Pour être un brin provocateur, on serait tenté de dire que les seuls milieux qui auraient été véritablement fondés à lancer le référendum se trouvent dans les rangs néolibéraux. Car l’affichage sauvage est bien une contestation du monopole exercé par la Société générale d’affichage (SGA) au bénéfice de la concession du domaine public en Ville.

L’affichage sauvage est sans doute le fait des milieux culturels et associatifs qui n’ont pas les moyens de s’acheter des placards au format mondial (soyons francs, même Le Courrier s’y est essayé), mais il est aussi pratiqué par des marques en mal de jeunisme. Et l’on voit mal en quoi telle ou telle marque de boisson gazeuse ou de disque d’un groupe multimillionnaire dépendant d’une major participe de la liberté d’expression, juste parce qu’il s’affiche dans la rue avec un graphisme alternatif. La société marchande a ses ruses contre lesquelles il est difficile de lutter.

Mais, au-delà de ce détestable envahissement de l’espace public par la publicité, se posent aussi des questions de libertés publiques qui méritent qu’on s’y attarde. Les tenants de la loi et de l’ordre se distinguent depuis plusieurs années par une dérive de plus en plus liberticide.

Et l’institution suit. Ainsi, le pouvoir judiciaire, sous la houlette d’un Daniel Zappelli, procureur général en campagne électorale, s’est permis de dissoudre une association (Rhino), ce qui a d’assez détestables relents antidémocratiques.

On peut énumérer en vrac la grotesque poursuite des syndicalistes prétendument coupables d’avoir bloqué avec un vélo béquillé l’ensemble du réseau TPG, les amendes de 1000 francs infligées à des syndicalistes ayant osé – horreur ! – déployer une banderole lors de la commémoration du débarquement du 1er juin, ou encore les prunes salées frappant la présidente du Cartel intersyndical qui s’est permis un petit raout devant les Forces motrices. Ceci alors que le tout-Genève s’empiffrait pour fêter la nouvelle présidente de la Confédération.

Face à ces dérives, une saine application du principe de précaution plaide pour un rejet de cette loi, qui peut potentiellement restreindre les libertés démocratiques.