Communauté genevoise d’action syndicale

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Le PAV plébiscité par les Genevois

lundi 11 juin 2018

ERIC LECOULTRE dans Le Courrier

Votation X Dimanche, 61,4% des Genevois ont envoyé un signal positif au projet d’aménagement du PAV (Praille-Acacias-Vernets). Une large majorité des votants ont accepté la loi du Conseil d’Etat qui augmente le nombre de logements prévus sur ce périmètre a n qu’il soit deux fois plus élevé que le nombre d’emplois créés, soit 12 400 contre 6 200 (notre édition du 21 mai). Le texte adopté modifie également la part des logements subventionnés sur les terrains en mains publics (62%) et y intègre 12% de propriétés par étages (PPE). Le gouvernement veut ainsi faciliter la mutation d’une partie de la ville, aujourd’hui principalement industrielle.

Quelques instants après l’annonce du résultat, la droite et les représentants des milieux immobiliers, qui combattaient la loi, affichent leur pessimisme. Selon eux, les nouvelles conditions du PAV et la proportion élevée de logements sociaux ne permettent pas de faire avancer le projet. « Cette nouvelle donne ne règle rien, souligne Benoît Genecand, conseiller national PLR. Le gouvernement a ce qu’il voulait, mais il n’y pas l’argent suffisant pour permettre à ce projet de se concrétiser. »

Déménager les entreprises

Selon cet ancien président de la Chambre genevoise immobilière, une densité plus élevée ou davantage de surfaces commerciales aurait permis la viabilité financière du PAV. Car de nombreux obstacles se dressent actuellement sur sa route. En premier lieu : le déménagement des entreprises qui occupent les terrains et qui bénéficient de droits de superficie pour encore plusieurs décennies. La libération du foncier devrait coûter cher.

Déçue, la droite veut mettre le Conseil d’Etat au défi. « La balle est dans son camp, déclare Alexandre de Senarclens, président du PLR. Nous souhaitons évidemment que le PAV puisse se réaliser mais nous doutons qu’il se construise ainsi et que ces conditions intéressent les investisseurs. » En mars, le PLR et le PDC ont déposé un projet de loi visant à augmenter considérablement la part des PPE sur le périmètre du PAV. Face à cette défaite populaire, cette proposition concurrente devrait être retirée. On évoque toutefois la possibilité de revenir à la charge dans quelques années.
Même certains opposants critiquent leur propre campagne. Les milieux immobiliers ont privilégié un discours alarmiste, affirmant que le PAV allait s’apparenter à une banlieue « à la française ». « Cette campagne n’était pas appropriée, relève Bertrand Buchs, président du PDC. On aurait dû davantage mettre en avant des exemples de grands projets européens plus équilibrés, qui se réalisent plus rapidement. »

Une logique de tranchée

En face, la satisfaction des partisans de la loi se lit sur les visages. « La population ne s’est pas laissée dicter son vote par la peur, indique Daniel Sormanni, député MCG. Elle a montré qu’elle voulait que ce projet se réalise. » Pour la députée PS Nicole Valiquer-Grecuccio, ce résultat a le mérite de clarifier la situation : « Les règles du jeu sont désormais connues par les entreprises et les investisseurs. »

Son collègue socialiste Christian Dandrès, également avocat à l’Asloca, souligne les avantages de cette nouvelle loi, avec la planifiation de 1900 logements supplémentaires et moins de bureaux. « Le nombre de logements sociaux reste inchangé. La population a estimé que ce texte correspondait le mieux à ses besoins », précise-t-il.

Ce résultat net est-il susceptible d’apaiser les rapports entre gauche et droite sur la politique du logement ? « La droite doit sortir d’une logique de tranchée et arrêter de bloquer la construction de logements », estime Christian Dandrès, faisant référence à des projets de densification en zone villas. Et de mentionner les futurs enjeux politiques liés au PAV, comme celui de savoir qui des constructeurs publics ou privés se taillera la part du lion. I