Communauté genevoise d’action syndicale

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Les syndicats entrent dans l’arène

Le référendum contre le paquet Berset est déposé. Clivages inédits à gauche et dans le milieu patronal

vendredi 7 juillet 2017 par Claude REYMOND

paru dans Le Courrier du 09-07-2017

par PHILIPPE BACH

Retraites > Quelque 58 000 signatures validées (pour 70 000 paraphes récoltés) ont été déposées hier à la Chancellerie fédérale contre Prévoyance vieillesse 2020. Le peuple devrait donc voter sur deux aspects de cette réforme des retraites : l’augmentation de la part de la TVA affectée à l’AVS et qui fait l’objet d’un vote automatique, mais aussi le passage de 64 à 65 ans de l’âge de la retraite pour les femmes, le point d’achoppement principal (mais pas le seul) de cette opposition syndicale au paquet Berset.

Sur les 70 000 signatures récoltées, les trois quarts d’entre elles ont été recueillies en Suisse romande et au Tessin. Le solde provient de Suisse alémanique, principalement de Berne, Bâle et Zurich.

Référendum féministe

Les référendaires ont donné de la voix lors d’un point de presse afin de répondre aussi aux grandes centrales syndicales qui ne goûtent guère cette fronde de la base. Sur le fond d’abord. Prévoyance vieillesse 2020 est assimilé à une capitulation en rase campagne, selon Jocelyne Haller, membre de Solidarités et député d’Ensemble à gauche au Grand Conseil genevois.
Un avis partagé par la présidente de la Jeunesse socialiste, Tamara Funiciello : « Ce paquet va à rebours du bon sens. Il faudrait baisser l’âge de la retraite et non l’augmenter pour les femmes, la gauche doit de nouveau oser défendre une réduction du temps de travail. »
Michela Bovolenta, membre du comité Femmes contre Prévoyance vieillesse 2020, a quant à elle insisté sur le fait que les femmes gagnent toujours moins que les hommes, le différentiel étant de 20% pour les salariés alors que celui-ci s’aggrave au niveau des retraites, avec un écart de 37% pour les rentes servies. « Et même de 63% si on considère le seul deuxième pilier. »
Les critiques portent également sur la forme. Hier, l’Union syndicale suisse a lancé un comité de syndicalistes favorables au paquet Berset. Agostino Soldini, membre du comité référendaire, a haussé le ton : « Quand on regarde le soi-disant comité syndical romand favorable à la réforme, on trouve surtout des syndicalistes retraités et même une ancienne conseillère fédérale (Ruth Dreifuss, ndlr) qui a quitté cet univers il y a vingt cinq ans pour le Palais fédéral. » En revanche, du côté des référendaires, « on trouve les syndicalistes qui se sont battus pour les travailleurs de Merck Serono ou de Novartis, ceux du mouvement de la fonction publique genevoise ou ceux des ateliers CFF au Tessin, bref, toutes les luttes qui ont compté ces dernières années ».
La configuration politique sera très spéciale, admet Alessandro Pelizzari, au nom de la Communauté genevoise d’action syndicale. Les fronts politiques seront très différents selon que l’on se retrouve d’un côté ou de l’autre de la barrière de rösti.

Clivages

En Suisse alémanique, les syndicats soutiennent le projet et l’opposition vient des bancs de la droite dure et des milieux économiques. Inversement, en Suisse romande, l’extrême droite n’en fait pas vraiment une priorité, les milieux économiques soutiennent le compromis des Chambres et les politiciens du PLR qui avaient donné de la voix contre ce plan sont désormais suroccupés par la campagne pour la succession de Didier Burkhalter.
Mais qu’adviendra-t-il en cas de victoire du référendum ? « Nous sommes dans une position défensive », admet Agostino Soldini, mais des pistes existent, relève-t-il tout en refusant le catastrophisme de ses adversaires : « On nous annonçait une AVS décitaire, elle a réalisé 439 millions d’excédents l’an passé. » I



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