Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Des corbeaux plein la ville

vendredi 14 septembre 2012 par _information fournie par la composante

Cela fait un certain temps déjà que l’attitude au volant des conducteurs des TPG est en point de mire de citoyens « qui vous veulent du bien ». Bien que la méthode du « corbeau » soit plus que douteuse, on pourrait admettre, que pour des raisons de sécurité, la délation soit utilisée.

Portant lorsque l’on commence à prendre en photo des personnes qui enfreignent le règlement, sans qu’en aucune manière la vie d’autrui soit mise en danger, cela perd son sens. Et cela confine au vice lorsque pour chaque photo envoyée et publiée sur le site des journaux, le chasseur de scoops (chasseur de primes ?) touche 50.- frs.

Reste à savoir si ces personnes peu bienveillantes auraient le courage de se faire connaître auprès de leurs victimes photographiées, pour leur faire connaître le sens de leur démarche ?

En tant que syndicat, nous appelons les journalistes à ne pas encourager ce genre de comportement où certains usagers confondent leur propre frustration quant au fonctionnement du réseau et le travail des employés qui subissent autant qu’eux les dysfonctionnements. Si aujourd’hui, cela paraît « fun » de s’attaquer aux conducteurs des transports publics, les journalistes devraient défendre la qualité de leur travail, qui est celui d’enquêter et de vérification de l’information avant de la mettre à disposition du public. Car, à se contenter de recevoir de mauvaises photos, les rédactions risquent d’être submergées par des images de chien qui lâchent leur crotte en dehors du caniveau ou de cyclistes roulants sur les trottoirs ...et bien d’autres actes frauduleux.

La direction des TPG devrait, quant à elle, cesser de répondre aux journalistes en se désolidarisant des conducteurs. Si effectivement il y a des comportements dangereux, il est certain qu’ils seront poursuivis, personne ne conteste cela, mais ces règles doivent être respectées dans le cadre de la loi et non sous la pression de la presse de boulevard, alors même qu’il n’y a pas dépôt de plainte, ni des usagers, ni du Ministère public.
Souvenons-nous aussi que le métier de conducteur est difficile, qu’il exige une attention, une concentration permanente. Non seulement les conducteurs sont exposés aux dangers de la route, mais de plus ils le sont à la vue de tous. Si aujourd’hui les conducteurs sont épiés même lorsqu’ils sont dans un moment de pause ou de relâche, il ne faudra pas s’étonner des excès que cela pour-rait entraîner. En effet, les chauffeurs seront sûrement moins enclins à la patience et à rendre service si ils sont si injustement traités.

Nous sommes pour le respect des lois et également pour l’application des règles. Mais nous sommes également pour un discernement des conséquences lorsqu’il y a infraction. Nous nous poserons toujours la question : à qui profite le crime ?

Concrètement, est-il plus dangereux de fumer une cigarette, seul dans sa cabine pendant une pause ou de donner de l’importance - voire d’encourager - des individus à utiliser la délation, de façon totalement anonyme et surtout, rémunérée ?

Commission exploitation, SEV-TPG