Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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un mois de grève et la détermination du Conseil d’Etat pour amener un employeur à raison ET susprendre les effets du licenciement d’un syndicaliste

mardi 20 mars 1990 par Claude REYMOND


Le conflit à la Tribune de Genève en 1990 a trouvé son origine dans une modification des horaires collectifs de travail d’une équipe de 11 personnes. Il éclata le 20 février 1990 à 10h10, entraîna dans la grève les 320 ouvriers et ouvrières de l’entreprise, lesquels reçurent un soutien indéfectible de l’ensemble des travailleurs-euses des entreprises du secteur. Il fut suspendu sur décision des grévistes le 21 mars à 10h.

Il faut savoir qu’il avait été effectué dans ce département plus de 1100 heures supplémentaires en 1989, que trois personnes ayant quitté l’entreprise n’avaient pas été remplacées, que la production s’était augmentée de plus 1200 pages journal en une année (presque un tiers de plus que les années précédentes), et qu’il y avait deux périodiques de plus à fabriquer. Exiger de ce département une couverture horaire de 06h00 à 22h par tournus, tout en supprimant - sans compensation - l’indemnité de repas de 3 francs 50 et la demi-heure de pause, c’était trop !

La volonté de défendre une dignité et de faire respecter à l’employeur la nécessaire négociation des conditions de travail fut le mobile qui conduisit la totalité du personnel ouvrier à se saisir des moyens de combat : pas question de flexibiliser davantage les horaires sur les conditions patronales et de subir des baisses de revenus.

Lorsque l’employeur voulut imposer sa « loi » et licencia le président de la commission ouvrière qui s’y opposait (conformément aux décisions démocratiques qui avaient été arrêtées par le personnel et ses élu-e-s), les comités genevois des trois syndicats représentés dans l’entreprise ordonnèrent la grève. Elle fut suivie par le plus grand nombre d’autant plus facilement que le personnel avait déjà déclaré préalablement qu’il suspendrait « ses prestations » si un de ses membres ferait l’objet de menace ou serait licencié. Il n’y a pas eu besoin de contrainte, d’ailleurs certains départements n’ont rejoint la grève que plus tard et librement….

Heureusement qu’après un mois de grève, trois manifestations, un débrayage puis une grève d’une demi-journée observés par près de 900 personnes du secteur, le Conseil d’Etat genevois réussit à faire admettre un accord à la direction de l’entreprise qui suspendait les effets du licenciement, annulait les mises en demeure concernant les horaires ; et plaçait l’employeur et la représentation du personnel sous la tutelle d’un magistrat professionnel…

Le document ci-après réalisé par les avocats Jacques SCHNEIDER, Martin SCHWARTZ et Jean-Bernard WEBER à l’intention du Tribunal fédéral retrace les faits et plaide brillamment contre l’abus de droit commis par l’employeur.

La cause fut retirée dans la mesure où la Tribune de Genève céda sa division « Labeur » à trois cadres qui reprirent tous les travaux et les 154 personnes qui les réalisaient ; dont Claude REYMOND - qui fut réélu encore une fois président de la commission ouvrière de cette nouvelle entreprise appelée ROTO-SADAG SA...

PDF - 6.3 Mo
1990-05-18tfs_conclusions_Claude_Reymond_contre_SATG-rco_.pdf

PS:

Mais la Tribune de Genève essaiera encore d’entraver l’action syndicale, et comme d’autres fois, elle sera sanctionnée...