Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Lettre ouverte aux député-e-s du Grand Conseil

jeudi 18 mars 2010 par Claude REYMOND

Monsieur le Président du Conseil d’Etat,

Mesdames et Messieurs les Conseillers d’Etat,

Mesdames et Messieurs les députés au Grand Conseil,

18-03-2010

s’agissant de la « pétition pour les 120 indemnités supplémentaires pour tous - lutter contre le chômage et pas contre les chômeurs »

Avec plus de 22’000 demandeurs d’emploi et entre 300 à 400 chômeurs arrivant en fin de droit chaque mois, le marché de l’emploi genevois connaît aujourd’hui une situation dramatique.

Le 10 février dernier, notre communauté syndicale a lancé une pétition faisant appel au Conseil d’Etat de demander à la Confédération la prolongation de 120 jours du droit aux indemnités fédérales de chômage. Pour tout canton dépassant les 5% de taux de chômage, la LACI prévoit en effet cette mesure pour permettre aux chômeurs de longue durée de maintenir plus longtemps leur droit au chômage quel que soit leur âge. Les Cantons de Neuchâtel, Jura et Vaud, ainsi que celui de Berne pour le Jura Bernois, ont ainsi demandé et obtenu cette prolongation.

Le Conseil d’Etat refusait de faire la demande de prolongation en arguant que Genève dispose de « puissants outils » de réinsertion. Or, en refusant cette prolongation il envoyait plus rapidement les demandeurs d’emploi au RMCAS (dont les jours sont comptés ?) ou à l’Hospice Général, qui ne dispose que de très peu de moyens de réinsertion. Attitude d’autant plus étonnante que le coût pour le canton serait moindre puisque les indemnités supplémentaires sont prises en charge à 80% par la Confédération - alors que l’Hospice, où iraient les demandeurs d’emploi en fin de droit, est totalement à la charge de Genève.

Le 11 février dernier, notre pétition a été relayée au Grand Conseil, où une motion allant dans le même sens a été adoptée par les député-e-s - que nous remercions ici.

Ainsi Monsieur François Longchamp annonça d’abord que le Conseil d’Etat ferait la demande à Berne pour les plus de 50 ans dans un premier temps ; et puis début mars, qu’il ferait également la demande d’une prolongation de 120 indemnités pour les plus de 30 ans.

Cependant, rien, dans la LACI ni son ordonnance ne précise une telle limite d’âge, et nous dénonçons une telle pratique visant à mettre de côté une partie de la population. Rien n’empêchait en effet le Conseil d’Etat de faire une demande pour tous les demandeurs d’emploi, sans exception, et ce, même si le Conseil fédéral, sur proposition du SECO, a imposé cette restriction anti-jeunes dans les autres cantons.

Les syndicats genevois dénoncent cette discrimination des plus jeunes, et souhaitent rappeler que la difficulté de trouver un emploi en période de crise ne se limite pas à certaines catégories d’âge... Le droit à la prolongation des indemnités journalières est un droit auquel tous les chômeurs de ce canton arrivant en fin de droit doivent pouvoir accéder.

La 4ème révision de la LACI sera bouclée cette semaine, sauf imprévu, aux Chambres fédérales. Elle vise à faire des économies, alors que les comptes de la Confédération sont positifs, une fois de plus sur le dos des chômeuses et chômeurs, et notamment les plus jeunes d’entre eux. Après différentes propositions anti-jeunes allant encore plus loin, les Chambres fédérales se sont mis d’accord pour limiter à 200 indemnités le droit pour les chômeurs de moins de 25 ans sans charge de famille, et à 90 jours à peine pour celles et ceux qui s’inscrivent directement après leurs études.

Est-ce vraiment là une solution encourageant les jeunes à se former correctement ?

Les syndicats pensent qu’il faut développer des formations qualifiantes ou requalifiantes, des projets ambitieux d’utilité publique...

Cela étant, les syndicats et les 2775 personnes qui ont signé (2701 manuscrits + 74 web) la « pétition pour les 120 indemnités supplémentaires pour tous - lutter contre le chômage et pas contre les chômeurs » seront sans doute résolus à combattre tout nouveau démantèlement des assurances sociales ; à commencer par celui de la LACI contre lequel nous lancerons le référendum, probablement dès le 1er avril.

Finalement, les pétitionnaires et les syndicats genevois souhaitent vous inviter à partager un bol de soupe et un moment d’échange, à la pause de vos débats parlementaires, à la Treille.

Nous vous prions de croire en l’expression de notre parfaite considération.

Christina STOLL, SIT, vice-présidente CGAS

Alessandro PELIZZARI, Unia, vice-président CGAS