Communauté genevoise d’action syndicale

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Turquie : Vingt-deux membres et dirigeants d’un syndicat du secteur public libérés après six mois de détention illégale

mardi 24 novembre 2009 par Claude REYMOND

Bruxelles, le 24 novembre 2009 (CSI en ligne) : Les jeudi 19 et vendredi 20 novembre, la CSI, ainsi qu’une douzaine de représentants de syndicats et de Fédérations syndicales internationales de huit pays européens ont assisté, à Izmir (Turquie), au procès de 31 dirigeants et membres du syndicat turc du secteur public, KESK. Accusés d’avoir mis sur pied une organisation terroriste, 22 d’entre eux ont déjà passé près de six mois en prison sans procès en bonne et due forme.

De janvier à mai 2009, la police turque a enregistré les conversations téléphoniques de 36 membres et dirigeants du KESK. Toutes les accusations ont été portées sur base de ces écoutes. Le 28 mai, tous ont été arrêtés. Finalement, 31 personnes devaient comparaître devant un tribunal, accusées terrorisme ; 22 d’entre elles étaient emprisonnées. Dès ce moment, leurs droits ont été violés à de nombreuses reprises.

Après leur arrestation, ces personnes ont été gardées en détention pendant près de six mois. Jusqu’à la mise en accusation, le 31 juillet, les avocats de la défense n’ont eu pas accès aux dossiers. Des perquisitions ont eu lieu à leur domicile et sur leur lieu de travail et leurs ordinateurs ont été confisqués. Les seules preuves contre elles provenaient des conversations téléphoniques enregistrées et de leurs échanges de courriers électroniques.

Lors du procès lui-même, les droits de la défense ont été constamment bafoués, que ce soit par l’attitude du président du tribunal qui menait lui-même les interrogatoires, ou parce que les avocats de la défense n’étaient pas autorisés à parler aux accusés, ou encore parce qu’il n’y avait qu’une seule garde alors que dix femmes comparaissaient.

Pendant la nuit de vendredi passé, le tribunal d’Izmir a décidé que tous les prisonniers devaient être libérés. Même si le mouvement syndical international salue bien évidemment cette décision, il n’en reste pas moins grandement préoccupé car toutes ces personnes devront à nouveau comparaître en mars de l’année prochaine.

Hélas, ce procès a effacé celui d’un autre syndicaliste turc, lui aussi arrêté et détenu pour terrorisme. Murad Akincilar vivait en Suisse depuis qu’il avait fui la Turquie en 2000. Il travaillait pour UNIA, une centrale nationale suisse. Il a été arrêté le 30 septembre alors qu’il se trouvait en Turquie. Il est détenu dans des conditions particulièrement pénibles et est devenu partiellement aveugle d’un œil par manque de soins médicaux.

« La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Turquie à plusieurs reprises pour l’absence de procès équitables, en voici un exemple de plus, a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI. La CSI, de même que d’autres observateurs internationaux à Izmir, désapprouvent farouchement ce type d’abus du système judiciaire dont le but est clairement d’affaiblir un syndicat ».