Communauté genevoise d’action syndicale

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DOSSIER DE PRESSE

PROTECTAS SA à l’Aéroport International de Genève

des conditions de travail portant atteinte à l’intégrité physique et psychique des agents de sécurité !

vendredi 26 juin 2009 par Claude REYMOND

Conférence de presse du 23.06.09

La sécurité privée est un secteur en plein développement et cela malgré la crise. Dans les dernières années, notamment à Genève, de nouvelles sociétés se sont créées ce qui a augmenté la concurrence entre les différentes entreprises. Cela a eu pour effet d’augmenter la pression sur les agents de sécurité et aujourd’hui la crise – et la crainte de perdre son emploi dont notamment Protectas SA ne se prive pas de faire usage – a un effet direct sur l’état de santé des travailleurs.

La suppression des pauses

Par circulaire du 19 mars 2009, le personnel Protectas AIG est informé qu’au 1er avril le poste de l’agent « Itinérant » sera supprimé et spécifie : « les pauses seront payées comme précédemment, mais elles seront prises sur le lieu de service … ». Et Protectas SA annonce : « La suppression des postes « Patrouille zone publique » et « Itinérant » ne devrait pas entraîner des licenciements supplémentaires ».

Une semaine après, le 26 mars 2009, le Chef d’Unité Protectas à l’AIG informe d’une part qu’en raison de la suppression de l’agent itinérant, dorénavant la prise des repas sur poste était dorénavant autorisé, tout en spécifiant qu’« en ce qui concerne les postes Tarmac et Fret, je demande que les repas soient pris dans un maximum de discrétion ».

Dans cet ordre de service, le Chef d’Unité écrit également, en citant la Convention Collective de Travail, et « dans le but d’éviter toute polémique », que les pauses sont comptées comme temps de travail et donc payées, si le collaborateur ne peut pas quitter son lieu de travail pendant les pauses et affirme que « les nouvelles dispositions bien qu’inconfortables sont réglementaires ».

Le 27 mars 2009, le SIT écrit à Protectas SA en considérant que la disposition prise est en infraction avec la Loi sur le Travail et demande – dans le but de préserver la santé de ses membres – de spécifier comment les agents peuvent bénéficier des pauses légales pendant leurs journées de travail lorsqu’ils sont astreint à des services dans des guérites.

Ce courrier est resté sans réponse.

Atteinte à la personnalité

Mi-avril, le SIT est contacté par des membres travaillant à l’AIG : La suppression de l’agent itinérant – qui avait notamment comme fonction de relever les agents pour faire leurs besoins pressants et pour pouvoir prendre les pauses – a eu pour effet que des agents se sont vu obligés de faire leurs besoins dans des bouteilles dans les guérites. En même temps, ces agents étaient obligés de prendre leur repas – avec la plus grande discrétion – dans les mêmes guérites, dans un état d’insalubrité avancé, qui ne bénéficient même pas d’eau pour se laver les mains. Cette situation a été ressentie comme extrêmement humiliante par les travailleurs.

Par télécopie du 22 avril 2009, le SIT demande à Protectas de clarifier le dispositif afin que les agents de sécurité puissent se rendre aux toilettes lorsque le besoin se présente comme cela devrait être possible dans un pays civilisé.

Liste de revendications

Le 24 avril 2009, le SIT écrit à nouveau par courrier et télécopie à Protectas SA en leur faisant part des revendications des travailleurs, assorti d’un délai pour répondre jusqu’au 27 avril 2009 :

  • pouvoir bénéficier de pauses
  • pouvoir faire ses besoins dans des toilettes
  • pouvoir se laver les mains
  • pouvoir prendre le repas dans un endroit destiné à cet effet, avec possibilité de réchauffer les repas
  • pouvoir se déplacer aux toilettes sans faire objet de remarques désagréables voire humiliantes
  • ne pas devoir attendre pendant presque une demi-heure pour être relevé et alors entreprendre un trajet à pied de 400 mètres jusqu’aux premières toilettes
  • la remise en état des guérites
  • mise à disposition de protections contre le bruit
  • prise de mesure par rapport aux températures dans les guérites

Entretien avec la direction régionale de Protectas SA

Suite à un entretien avec la direction régionale de Protectas, le SIT et deux agents de sécurité, Protectas a concédé à mettre en place un dispositif afin de pouvoir contrôler le délai d’attente pour la relève en cas de besoins pressants et de demander l’installation de toilettes chimiques auprès de l’AIG ainsi que la remise en état des guérites. Protectas a également accepté de mettre à disposition des lingettes, de masques ainsi que des bouchons pour les oreilles, de rétablir les pauses et d’émettre une directive concernant les remarques humiliantes lorsque les agents demandent d’être relevé pour aller aux toilettes.

Situation actuelle des agents de sécurité Protectas à l’AIG

  • Suite à l’intervention du SIT, Protectas a rétabli les pauses. Toutefois, elles ne sont plus payés comme auparavant.
  • Des toilettes ont été installés à mi-chemin entre les guérites, ce qui écourte le chemin pour s’y rendre.
  • Il a été mis en place un système de contrôle afin de pouvoir contrôler le temps d’attente pour être relevé pour aller aux toilettes.
  • Suite à l’intervention du SIT trois agents, récemment licenciés, ont été réengagés

Toutefois, malgré la promesse de Protectas, les agents de sécurité ne disposent pas de lingettes, ni de masques, ni de bouchons pour les oreilles. Rien n’a été solutionné en ce qui concerne un lieu de restauration ; Protectas estime que la réduction de 10% sur les prix dans la restauration de l’aéroport est suffisante. Aucun ordre de service concernant les remarques désagréables voire humiliantes n’a été établi et les guérites n’ont pas été mises en état. A ce jour, aucun dispositif n’a été installé afin de pouvoir contrôler la chaleur dans les guérites.

Plus grave, les guérites se trouvent dans un état lamentable : des toiles d’araignées, de la poussière, des mouches mortes, des traces de sang et toute genre de détritus jonche cet espace fort exigu, dans lequel les agents se trouvent pendant tout leur service et qu’ils n’ont pas droit de quitter. A cela s’ajoute qu’en été la température grimpe autour des 45°C sans aucune possibilité de rafraîchissement. L’ouverture de la porte entraîne l’étouffement par la pollution des camions circulant sur le Tarmac. De plus, le bruit des avions qui chauffent les moteurs sans possibilité pour l’agent de sécurité de bénéficier de la protection auriculaire est insupportable. Une des guérites se trouvant à côté d’un container de déchets rend impossible l’aération de la guérite.

Aujourd’hui, plusieurs agents de sécurité en place, et malgré la crainte de perdre leur emploi, sont révoltés contre la pratique de Protectas et considèrent que celle-ci met en danger leur état de santé.

Délégués du personnel Protectas AIG

L’agissement de Protectas est d’autant plus choquant qu’au mois de mai, elle a décidé – sans en informer aucun syndicat représenté sur le site – de procéder à l’élection d’une délégation du personnel Protectas AIG, tout en prenant soin d’écarter la candidature des agents qui ne convenait pas à Protectas : « La Direction Protectas Surveillance R2 se réserve le droit d’écarter la candidature d’un agent sous le coup d’une enquête disciplinaire pour un motif grave, démontrant une négligence inexcusable et/ou une attitude particulièrement déloyale ». De fait, un candidat a été écarté car quelques jours avant l’annonce de l’élection, il se serait présenté au travail mal rasé ! Et c’est le responsable qui a fait le tour des agents de sécurité pour les faire voter sans respecter aucune confidentialité !

La responsabilité de Protectas, de l’AIG et des autorités politiques est engagée

Les agents de sécurité considèrent que le travail à l’Aéroport International de Genève est extrêmement pénible. Pour effectuer un service de sécurité digne de ce nom, ils revendiquent des conditions de travail humainement dignes. Ce n’est pas parce que les guérites ne sont pas accessibles au public, qu’il n’y a pas lieu d’assurer leur nettoyage et de prendre les mesures pour garantir un climat de travail acceptable. Nous mettons également en cause la politique de l’Aéroport International de Genève, qui se permet d’investir des millions dans des pavillons flambant neufs côté public, tandis que les travailleurs, tout corps confondu, subissent la dégradation de leurs conditions de travail au quotidien. Cela ne semble toutefois pas poser de problèmes aux responsables de l’Aéroport International de Genève, ni aux autorités politiques qui sont au courant des conditions de travail désastreuses. Effectivement, tout cela se passe loin des clients, dans des zones inaccessibles au public, sous fond de crise et craintes de perdre son l’emploi. Nous tenons donc à rappeler que ceux qui font fonctionner l’Aéroport International de Genève, qui font la réputation du service fourni, de la sécurité etc., ce n’est pas ni l’entreprise Protectas, ni la direction de l’Aéroport International de Genève. C’est bel et bien les travailleurs sur place !

PS:

Personnes de contact :

Barbara Urtasun, 022 818 03 41 – 077 413 04 85, burtasun@sit-syndicat.ch
Simon Descombes, 022 818 03 84, sdescombes@sit-syndicat.ch