Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Thierry Horner pour la Coordination contre l’exclusion et la xénophobie

pour une Suisse ouverte qui reconnaît son identité multiculturelle

Prise de parole lors de la manifestation du 18 avril 2009

vendredi 24 avril 2009 par Claude REYMOND

La Suisse est dépositaire de conventions internationales et organise de nombreuses conférences, dont celle d’aujourd’hui, contre le racisme.
Mais derrière cette image, la réalité est bien différente et notre pays n’est pas épargné par le racisme et les discriminations.

Dans les faits, le parlement et le Conseil fédéral, au sein desquels l’extrême droite est devenue la première force politique, n’ont de cesse d’adopter des législations et des pratiques de plus en plus xénophobes et racistes.

Depuis une cinquantaine d’années, la politique migratoire suisse se caractérise par une immigration "choisie" ou à proprement parler discriminatoire, qui met en opposition les pays européens et les autres pays dits "tiers".

Il suffit de se rappeler comment ont été traités les Turques ou les Ex-Yougoslaves lorsque leur statut de saisonniers a été subitement supprimé.

Sans possibilité de régularisation, ils ont été plongés par milliers, dans la précarité et l’incertitude.

Dans le domaine de l’asile, sous prétexte de lutter contre les abus, de nombreux durcissements ont été adoptés, empêchant désormais la Suisse d’offrir une protection digne de se nom à de nombreuses personnes en danger dans leur pays.
En 25 ans, une dizaine de révision de la Loi ont eu lieu pour faire face à l’afflux des réfugiés et lutter contre les abus.

Afflux et Abus : le seul fait que ces mots–clés ressurgissent ensemble, année après année, montre l’échec de cette politique populiste.
Rappelons que suite au dernier durcissement du droit d’asile, entrée en vigueur le 1er janvier 2008, des réfugiés voient désormais leur demande d’asile frappée de non-entrée en matière, par le simple fait qu’ils ne sont pas en mesure de présenter des papiers d’identité.

Ceux qui restent sont rabaissés au régime d’aide d’urgence qui porte atteinte à leur dignité d’êtres humains, ou pire encore, à la prison ferme.
Aujourd’hui, alors que les effets de la dernière révision n’ont pas été analysés, le Conseil fédéral envisage de nouveaux durcissements.
Les nouveautés : la désertion ne serait plus reconnu comme un motif d’asile et il serait désormais impossible pour les personnes persécutées dans leur pays de déposer une demande d’asile via les ambassades suisses.

Pourtant, pas moins de 200 personnes ont obtenu le statut de réfugiés par ce moyen en 2008 et ont ainsi eu la vie sauve.
Que seraient devenues ces personnes si elles n’avaient pas eu la possibilité de demander protection à la Suisse au sein de ses ambassades ? Cette question indiffère manifestement nos autorités.

C’est donc de légiférite aigue qu’il s’agit.

Une obsession de légiférer, une obsession d’utiliser le reflexe xénophobe pour séduire un électorat « désinformé » et souvent frappé par des difficultés économiques, pour jouer sur les craintes de la population et les entretenir de manière irresponsable, pour dresser des murs entre Suisses et Européens d’une part, et étrangers jugés indésirables de l’autre.
Cette utilisation de la peur de l’autre prend une tournure effarante dans le domaine du droit des étrangers.

La nouvelle loi dans ce domaine, entrée également en vigueur en janvier 2008, nie toute possibilité d’obtenir un permis de travail pour les ressortissants de pays non-européens (à moins d’être hyper-qualifié). Elle se transforme ainsi en véritable machine à créer des sans-papiers.
Hypocrisie et cynisme quand tu nous tiens !

La loi affaiblit gravement le droit au regroupement familial, en imposant des critères et des délais souvent intenables, favorisant la séparation définitive des familles, avec les conséquences dramatiques que l’on peut imaginer.

Elle restreint également de façon drastique, les possibilités de recours, principalement pour les travailleuses et travailleurs sans statut légal.
Dans certains cantons, ces derniers peuvent se voir expulser manu militari, sans la moindre décision, après avoir vécu et travailler honnêtement en Suisse, parfois pendant plus de 15 ans.
Elle introduit également des possibilités de détention extrêmement longue pour des personnes qui n’ont commis aucun délit.

Là encore, ces durcissements n’ont pas eu le temps d’entrer en vigueur que de nouvelles révisions encore plus dures sont en préparation.
Ainsi, après avoir fermé les portes du pays, les autorités fédérales, prises en otage par leurs représentants xénophobes, entendent désormais durcir les conditions d’existence des étrangers présents en Suisse.

Dans cette optique, le Conseil fédéral a déposé un projet de révision qui prévoit notamment, la possibilité de révoquer le permis d’établissement des travailleurs qui auraient momentanément besoin de l’assistance publique, sans tenir compte de leur parcours de vie ou du fait qu’ils aient travaillé pendant des années en Suisse, souvent au mépris de leur santé.
Le seul tort de ces travailleurs sera en réalité de ne pas être européens puisque ces derniers, dans la même situation, ne pourraient être expulsés.
Cette discrimination est inacceptable et constitue un véritable racisme d’état !

Elle n’en est malheureusement pas la seule manifestation !

Rappelons que prochainement une initiative parlementaire de l’UDC aboutira vraisemblablement à une interdiction pure et simple du mariage entre une personne sans statut légal et une personne résidant dans ce pays.
Cette restriction touchera tous les habitants du pays, y compris les Suisses et les Suissesses.

La droite dure fait encore preuve de populisme en accusant ainsi tous les sans-papiers envisageant de se marier, de le faire uniquement pour régulariser leur situation.

Nous dénonçons ce courant raciste et xénophobe qui traverse notre pays depuis de nombreuses années, exprimé clairement dans des campagnes politiques nauséabondes, débouchant sur des durcissements irrationnels de nos lois et sur la naissance de sentiment haineux à l’encontre même de nos proches voisins par exemples les travailleuses et travailleurs frontaliers.
Allons-nous encore supporter longtemps d’être comparés à des moutons noirs ou des corbeaux ?

Allons-nous attendre d’être comparés à des chacals ou des hyènes avant de réagir ?

Où s’arrêteront ces dérives racistes ? Et comment les arrêter ? La conférence qui s’ouvre à Genève ne suffira pas, nous en sommes tous conscients.

Il faut que chacun d’entre nous se mobilise et dénonce désormais le racisme partout où il se trouve :

dans la rue comme aujourd’hui, dans l’isoloir, et surtout dans la vie de tous les jours, dans son quartier, sur sa place de travail, dans les écoles ou encore au sein des organisations sportives et culturelles que nous fréquentons.

Le racisme n’est pas une fatalité, et la mobilisation de toutes nos organisations syndicales, politiques et associatives ont déjà permis quelques avancées à l’échelle locale.

Nous continuerons ensemble à nous battre contre les lois racistes et xénophobes, pour la régularisation collective des travailleuses et des travailleurs sans-papiers, pour une politique d’asile qui offre protection et dignité à tous les réfugiés, pour une Suisse ouverte qui reconnaît son identité multiculturelle.

Et que vive la solidarité !