Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Périmètres d’interdiction... de nos libertés ?

mercredi 18 mars 2009 par Claude REYMOND

à l’ordre du jour du prochain comité CGAS du 26 mars...

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2009-03-19cgas_referendum_police.pdf

publié par Le Courrier du 18 mars 2009

PHILIPPE BACH

Le parlement genevois a voté une loi autorisant la police à prononcer des périmètres d’interdiction. In extremis, le Parti du travail genevois a lancé un référendum. Et ce dernier trouve peu à peu un minimum d’assise politique. L’ensemble de la gauche a décidé, lundi, de le soutenir, et le syndicat Unia, lui aussi, a promis un appui.

Plusieurs raisons plaident pour cette activation des instruments de la démocratie directe. Les débats parlementaires ont donné le ton. Les partis bourgeois ont surenchéri en matière de démagogie populiste. Ce qui ne laisse pas d’inquiéter. Autant mettre le holà tout de suite, avant que d’autres brillantes idées du même acabit ne naissent dans ce terreau fertile. Un marigot qui a déjà accouché d’une scandaleuse loi antimendiants et d’une non moins inquiétante législation sur la vidéosurveillance.

Sur le fond, cette nouvelle latitude octroyée à la police est lourde de dérives liberticides. Notamment parce qu’elle viole la présomption d’innocence. Un officier de police pourra interdire à une personne un périmètre donné pour une période pouvant aller jusqu’à trois mois. On nous dit que cela doit servir à lutter contre le trafic de drogue. Mais on peut aussi y distinguer les prémisses d’un contrôle et d’un morcellement de l’espace public dont on refoule à la périphérie tout ce qui s’apparente, dans la paranoïa galopante de nos édiles, à des classes dangereuses : mendiants, roms, jeunes, marginaux, etc.

On a vu un Conseil d’Etat de gauche interdire une manifestation anti-WEF (Forum économique mondial), prétextant des troubles potentiels à l’ordre public. Lorsque le message vient d’aussi haut, comment espérer que la police fasse un usage pondéré de cette nouvelle possibilité.

Le référendum peine à démarrer. Et il risque bien d’échouer, vu le peu de temps qui reste pour récolter les sept mille signatures nécessaires. Les partis de gauche justifient leur peu d’enthousiasme par l’argument, bien réel, que cela offrira une tribune à la droite populiste.

Les arguments ne manquent pas contre ce raisonnement. Tout d’abord, il s’agit d’une question de principe. On ne devrait jamais avoir peur de défendre des libertés fondamentales. C’est de ce genre de reculs que se nourrit le discours extrémiste.

Ces droits fondamentaux, constitutifs de la démocratie, méritent une défense intransigeante. En cas de défaite devant le peuple, on pourra au moins dire que tout aura été essayé. Cela légitimera d’autant plus les méthodes de résistance civile non violentes qui pourront ensuite être opposées à ces violations de nos libertés.

Nous sommes d’ailleurs en train de vivre en direct, dans une mise en abyme saisissante, la manière dont les choses peuvent évoluer. Et plus vite qu’on le croirait. Le syndicat Unia, qui lutte pour la réintégration d’une de ses déléguées du personnel, a été remis au pas par un Pierre Maudet, conseiller administratif, qui lui interdit de manifester devant Manor. Entre la liberté du profit et la liberté syndicale, certains droits sont plus égaux que d’autres.