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paru dans Le Courrier du 20-05-2014
L’ancien chef de la police du Guatemala Erwin Sperisen a continué hier, devant le Tribunal criminel de Genève, à nier toute implication dans la mort violente de sept détenus lors de la reprise en main par les forces de sécurité, en 2006, de la prison de Pavon, près de Guatemala City. Le prévenu, poursuivi pour dix assassinats, a notamment affirmé qu’il ne connaissait pas à l’é-poque les prisonniers qui avaient été tués lors de l’intervention.
Selon le Ministère public genevois, les pri- sonniers décédés étaient considérés par les autorités comme des meneurs et auraient été abat- tus froidement par un commando, alors qu’ils étaient maîtrisés. Un plan secret auquel aurait activement participé l’accusé.
A aucun moment de l’intervention, qui a duré toute une journée, « on m’a parlé de prisonniers qui ont été emmenés dans un endroit du pénitencier pour y être exécutés », a insisté Erwin Sperisen. L’ex-chef de la police du Guatemala aurait simplement été informé d’une confrontation armée entre détenus et forces de l’ordre. « On m’a dit qu’il y avait des victimes, sans préciser qui était mort », a souligné Erwin Sperisen. Ce dernier a indiqué avoir vu brièvement un corps en glissant la tête à travers la porte d’un des bâtiments de la prison. Il n’a en revanche pas vu d’armes à proximité du corps, tout en précisant qu’il faisait sombre.
L’accusé a aussi gardé son calme, lorsque la présidente du tribunal lui a montré une série de photographies prises lors de l’intervention. On y voit des prisonniers nus et allongés sur le sol, entourés de gens en uniforme, dont certains portent une cagoule. Selon l’accusation, l’un de ces détenus a ensuite été retrouvé le corps criblé de balles.
Lorsque les autorités guatémaltèques ont décidé en 2006 de reprendre le contrôle du pénitencier de Pavon, l’établissement se trouvait sous la coupe des détenus. Une sorte de gouvernement occulte appelé le « comité d’ordre et de discipline » fixait les règles de vie commune, sans que les gardiens de prison n’aient voix au chapitre.
Selon les avocats d’Erwin Sperisen, Giorgio Campa et Florian Baier, l’un des parrains des détenus, tué lors de l’intervention, habitait une maison avec jacuzzi dans l’enceinte de la prison. Il possédait aussi une voiture avec chauffeur et pouvait sortir de l’établissement pour vaquer à ses activités criminelles.
ATS
L’article de L’Illustré de mercredi der- nier a une nouvelle fois bouleversé les débats hier, le tribunal ayant accepté de visionner le film de l’interview de la plaignante par le journaliste Arnaud Bédat. María, 70€ ans, y déclare ne pas se souvenir d’avoir déposé plainte ni du nom de son avocate et indique avoir signé des papiers contre la promesse d’une indemnisation pour la mort de son fils. Les avocats de María ont immédiatement répliqué, affirmant avoir eu un contact téléphonique ce week-end avec leur cliente, qui confirme sa plainte et déclare subir des pressions. En outre, selon les avocats Alec Reymond et Alexandra Lopez, María affirme que le journaliste ne s’est pas présenté comme tel mais comme délégué de la Commission d’enquête onusienne, la CICIG. Le Tribunal a finalement rejeté la demande de la défense d’écarter la plainte de María, seule une demande officielle de celle-ci pouvant rendre caduque l’action intentée.
BPZ