Comité d’organisation du 1er Mai

p.a. CGAS, Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève -

iban CH24 0900 0000 1775 3619 5

info@cgas.ch

discours de Séverin Guelpa (SIT)

sur le pont du Mont-Blanc

mercredi 1er mai 2002 par Claude Reymond

DISCOURS DU 1er MAI 2002

Pour la CGAS / Séverin Guelpa (SIT)

En 1932, l’Europe, meurtrie par le crash de 29, en pleine crise économique et sociale, servait de terreau fertile à un fascisme dont la partie sud du continent était rapidement submergée. C’était le début de longues années sombres en Europe.
Toutefois, des hommes et femmes, solidaires de cœur et par convictions, ont alors rejoint celles et ceux qui, dans leur pays, luttaient pour la liberté, pour que vive la démocratie.
Nous leur devons et devrons toujours hommage et admiration ! Voilà pourquoi nous nous retrouvons aujourd’hui rassemblés à cet endroit, en mémoire aux camarades morts pour avoir, à Genève et ailleurs, lutter contre l’intolérance et en avoir payé de leur vie.
Aujourd’hui, en Europe, la progéniture idéologique de ceux qui meurtrirent le siècle passé tentent de rallumer les cendres de leur aïeuls et de leurs infâmes discours fascisants, nationaliste, populiste et fondamentalement anti-social. Haider en Autriche, Fini, Berlusconi en Italie sont quelques tristes exemples de cette évolution. Le Pen, en France, il y a de cela quelques jours, nous a prouvé qu’aucun pays n’est épargné, et la Suisse, devant la montée d’une extrême droite toujours plus présente, n’est pas en reste.

A l’exploitation outrancière et la totale impunité des flibustiers de l’économie qui jouent de nos vies comme du monopoly s’ajoute donc aujourd’hui la nauséabonde récupération fascisante et xénophobe d’un malaise certain de la part d’une population, agonisante, qui crie à l’aide et qui cherche à se défendre !

Aujourd’hui, chômage, misère sociale et culturelle, discrimination, de sexe et de race, marginalisation, expulsion et autres mises au ban de la société sont bien trop nombreuses. Comme si cela ne devait pas suffire, les assauts de la droite et de son extrême tentent de détruire plus que jamais les acquis sociaux obtenus de haute lutte.
A ce rythme, nous ne luttons plus pour de nouvelles protections sociales, mais uniquement pour défendre celles, déjà acquises, que la droite cherche maintenant à nous arracher.
Cela ne peut pas durer !
Aujourd’hui, nous devons nous unir contre toutes les formes d’exclusions !
Contre les tentatives de démantèlement de l’Etat social, nous devons lutter, ensemble, et ne rien concéder !

Attaquée car trop chère, inutile à leur yeux, la loi suisse sur le chômage est menacée par la droite patronale. Ce sont à nouveau les plus démunis, celles et ceux dont la logique du profit à court terme n’a pas voulu, qui se trouvent sur la sellette. Dès aujourd’hui, nous devons donc être nombreuses et nombreux à signer et faire circuler le référendum, lancé il y a peu contre cette nouvelle tentative de diminuer une protection sociale fondamentale. Non à la modification de la loi sur le chômage, non à la manifeste volonté de bloc bourgeois d’exclure, encore et encore.

De même, à Genève, la droite s’est attaquée au revenu minimum de réinsertion. Le 2 juin prochain, nous devons donc toutes et tous nous rendre aux urnes afin de soutenir le RMR, de dire très clairement oui à ce droit, ce droit à un revenu pour celles et ceux qui ont été exclus du marché du travail ou qui n’ont pas réussi à s’y intégrer.

Mais les exclusions, camarades, ne s’arrêtent malheureusement pas là !
Le marché du travail, et sa logique sans scrupule dictée par les boulimiques d’une rentabilité sans cesse croissante, sont bien plus sournois et vicieux.

Ainsi, c’est à nouveau le marché qui règle l’immigration, ou devrions-nous plutôt dire, l’importation de la main d’œuvre. Nous le savons, aucune considération sociale ni humaine n’a jamais motivé la politique de la Suisse en la matière. Au contraire, nous devons clairement dénoncer la politique des deux cercles qu’entretient la Suisse, cette politique qui consistent à n’accepter, au compte goutte, que les soi-disant ‘’bons’’ étrangers, soient celles et ceux dont l’origine, la culture et le statut peuvent garantir une intégration rapide et sans frais. Pour les autres, tous les exclus d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie ou d’Europe de l’Est, qui ont souvent fui leur pays car menacés, politiquement ou économiquement, nos frontières leur sont interdites. Ainsi, la confédération, appuyée par le bloc bourgeois, maintient volontairement et dans la précarité la plus totale des milliers de clandestins, sans papiers, dont les conditions de vie à l’heure actuelle sont indignes de notre temps. S’unir contre les exclusions, c’est donc également exiger la régularisation de tous les sans-papiers, exiger une réelle politique en matière d’intégration, fondée sur des valeurs humaines, sociales et respectueuses.

Finalement, c’est aux femmes que nous devons penser, premières cibles de la pauvreté et de l’exclusion en Suisse. Travail sur appel, salaires précaires, flexibilité, les femmes sont les plus touchées par la précarisation des conditions de travail. Syndicalement, mais politiquement aussi, nous devons donc lutter pour que cesse cette discrimination intolérable, pour que les droits des femmes, au travail mais également dans la vie de tous les jours, soient non seulement reconnus mais également respectés.

Pour finir, et parce que le premier mai est avant tout une journée de solidarité internationale, c’est à tous nos camarades, à travers le monde, que cette journée s’adresse. Avec ceux qui, au nord comme au sud, à l’est comme à l’ouest, se battent quotidiennement contre les injustices, les inégalités et toutes les tentatives de faire de notre siècle celui de la barbarie, de l’individualisme et de l’esclavagisme, nous affirmons haut et fort :

Ils ne passeront pas… no pasaran !

Unissons-nous contre les exclusions… et ne concédons rien !



Derniers articles