Communauté genevoise d’action syndicale

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questions sur le Travail décent

mercredi 8 octobre 2008 par Claude REYMOND

L’Agenda de l’OIT pour le travail décent prône une stratégie de développement qui reconnaît le rôle central du travail dans la vie de chacun. Cette année, le thème du débat de haut niveau du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) reflète un consensus international : l’emploi productif et le travail décent sont des éléments clés pour réduire la pauvreté. Voici quelques questions/réponses sur le travail décent par BIT en ligne.

Qu’est-ce que le travail décent ?

Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail. Il implique la possibilité d’accéder à un travail productif et justement rémunéré, la sécurité sur le lieu de travail et une protection sociale pour les familles, de meilleures perspectives de développement personnel et d’intégration sociale, la liberté d’exprimer ses revendications, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent sa vie, l’égalité des chances et de traitement pour tous, femmes et des hommes.

Qu’est-ce que le "déficit" de travail décent ?

A travers le monde, les êtres humains sont confrontés aux déficits de travail décent que sont le chômage et le sous-emploi, les emplois improductifs et de faible qualité, les travaux dangereux et les revenus précaires, les droits bafoués et l’inégalité entre les sexes, l’exploitation des travailleurs migrants, le manque de représentation et de possibilités d’expression, l’insuffisance, de protection et de solidarité face à la maladie, à l’invalidité et à la vieillesse. Les programmes de l’OIT ont pour but de trouver des solutions à ces problèmes.

Près de 200 millions de personnes sont au chômage - plus que jamais auparavant. La moitié des travailleurs dans le monde vivent avec moins de deux dollars par jour. Parmi ces sans-emploi, le BIT estime que 86 millions, soit la moitié du total, sont des jeunes âgés de 15 à 24 ans. Un enfant sur sept dans le monde doit, aujourd’hui encore, travailler. Deux millions de décès par an - une moyenne de 6000 par jour sont dus à des accidents ou des maladies professionnelles … pour ne citer que quelques exemples.

Quels sont les risques d’un "déficit de travail décent" ?

La crise mondiale de l’emploi est l’une des plus grandes menaces pour notre sécurité aujourd’hui. Si nous continuons sur le même rythme, le monde court davantage de risques de division, de protectionnisme et de conflits. Un manque chronique de possibilités de travail décent, des investissements insuffisants et une sous-consommation conduisent à l’érosion du contrat social fondamental qui sous-tend les sociétés démocratiques : le progrès doit être partagé par tous.

L’expérience de nombreux pays montre que les risques de désordre sont plus grands là où les besoins de travail décent sont ignorés. La sortie de crise est plus rapide là où les communautés s’unissent pour travailler à la reconstruction. Le travail décent est une dimension importante de l’agenda pour l’instauration de la paix dans le monde.

Comment pouvons-nous atteindre l’objectif du travail décent ?

A travers l’engagement et l’implication de ses mandants tripartites, l’OIT joue un rôle majeur en facilitant l’intégration de l’Agenda pour le travail décent dans les stratégies d’éradication de la pauvreté et pour une mondialisation juste.

Le travail décent nécessite l’intégration d’objectifs sociaux et économiques et une combinaison bien orchestrée de mesures convergeant vers les quatre objectifs stratégiques de l’OIT, à savoir les droits au travail, l’emploi, la protection sociale et le dialogue social.

Cette approche cohérente a montré sa pertinence dans un agenda politique qui inclut les dimensions sociales de la mondialisation et des stratégies de réduction de la pauvreté.

Croissance, investissement et création d’entreprises sont clairement une nécessité. Promouvoir un environnement concurrentiel favorable à l’initiative privée est une clé pour l’avenir du travail, qu’il s’agisse d’aider les uns à s’organiser pour sortir progressivement de l’économie informelle ou d’aider les autres à combiner intérêts nationaux et investissements étrangers.

Comment l’agenda pour le travail décent se traduit-il concrètement au niveau national ?

Les programmes intégrés de travail décent élaborés à l’échelle des pays par les mandants de l’OIT définissent les priorités et les cibles au sein des cadres de développement national.

L’assistance fournie par l’OIT aux pays membres pour atteindre leurs objectifs de travail décent doit être préparée et mise en œuvre à l’intérieur de programmes assortis de délais et dotés de ressources : Ce sont les Programmes par pays de travail décent. L’axe des programmes de travail décent varie d’un pays à l’autre, reflétant des différences nationales en matière de besoins, de ressources, de priorités et de conditions.

Tout en aidant les pays membres, les Programmes pilotes de travail décent appuient aussi d’autres initiatives nationales de travail décent grâce à l’échange d’expériences et de connaissances parmi les pays, ainsi qu’au développement et à la fourniture d’outils et de méthodes, de services et de conseil.

Le Programme pilote de travail décent a été lancé en octobre 2000 pour ouvrir des pistes pour promouvoir le concept de travail décent et l’appliquer dans d’autres pays membres de l’OIT. Huit pays sont parties prenantes du programme pilote : Bahreïn, Bangladesh, Danemark, Ghana, Kazakhstan, Maroc, Panama et Philippines. Les enseignements que ces pays en ont tirés sont maintenant utilisés pour introduire des Programmes en faveur du travail décent dans la plupart des États membres de l’OIT en 2005, comme en Argentine par exemple.

L’Agenda pour le travail décent progresse-t-il ?

En un laps de temps relativement court, ce concept a débouché sur un consensus international : l’emploi productif et le travail décent sont des éléments clés pour parvenir à éradiquer la pauvreté.

Des prises de position claires ont été prises sur l’Agenda pour le travail décent par le Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, ainsi que par les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, la Commission économique pour l’Afrique, le Sommet des présidents de l’Organisation des États américains et des partenaires sociaux tripartites en Amérique Latine, la Banque asiatique de développement et la Commission européenne.

Dans le discours de clôture du Sommet mondial des Nations Unies (Note 1) en septembre de l’an dernier, 150 leaders mondiaux se sont mis d’accord pour placer le plein emploi, la création d’emplois productifs et le travail décent au cœur de politiques nationales et internationales adaptées et pour expliciter le rôle central du travail décent dans les stratégies de développement et de réduction de la pauvreté.

C’est dans ce contexte que l’Agenda de l’OIT pour le travail décent fut discuté lors de la réunion de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) à Genève du 3 au 5 juillet 2008.

Le thème du débat - "Créer un environnement aux niveaux national et international qui soit favorable à la création du plein emploi, de l’emploi productif et du travail décent pour tous et leur impact sur le développement durable" - traduit la volonté de trouver des solutions qui contribuent à atteindre l’Objectif central du millénaire pour le développement : l’éradication de la pauvreté d’ici 2015.

07-10-2008