Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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le syndicat de la Communication nous informe

procédure de consultation sur la privatisation de Swisscom

Adresse au Conseil d’Etat de la République et canton de Genève

mercredi 8 mars 2006 par Claude REYMOND

Monsieur le Président,
Messieurs les Conseillers d’Etat,

Nous avons pris connaissance de votre position favorable au projet de privatisation de Swisscom proposé par la Confédération.

Il ne nous revient évidemment pas de commenter les choix politiques de la majorité de votre Conseil, même si nous sommes convaincus qu’ils posent en l’espèce de délicates questions en matière de service universel, à Genève comme ailleurs. Nous ne pouvons cependant taire la surprise qu’a provoquée cette décision. Compte tenu de la coloration partisane de votre autorité, nous ne saurions considérer qu’il s’agit d’une position idéologique. Partant, nous en concluons que vous espérez de cette privatisation un avantage particulier pour votre canton. Permettez-nous dès lors de vous rendre attentif à un certain nombre d’éléments.

La privatisation de Swisscom aura pour conséquence une centralisation renforcée des activités de l’entreprise, donc la perte de dizaines d’emplois supplémentaires dans la région genevoise. Or par le passé, le Conseil d’Etat - en particulier par la voix de M. Carlo Lamprecht - n’a cessé de dénoncer les conséquences pour Genève de la libéralisation du marché des télécommunications. Pour mémoire, les emplois de Swisscom à Genève sont passés de 1300 EPT en 1998 à moins de 500 EPT à fin 2005.

Le Syndicat de la Communication a été amené par le passé à défendre très régulièrement - à votre requête et en lien avec vos représentants - les intérêts de votre canton face aux politiques centralisatrices des anciennes régies, notamment à l’occasion de la fermeture des services de renseignement à Genève ou lors de la réorganisation des centres de tri de la Poste.

Votre prise de position favorable à la privatisation de Swisscom contredit ces engagements passés. Si elle devait être suivie par les Chambres fédérales et le peuple, elle rendra la défense de ces emplois notablement plus difficile. En effet, la stratégie de l’entreprise sera alors dictée exclusivement par des intérêts privés, et les considérations régionales - dont votre autorité s’est fait à juste titre et à plusieurs reprises le champion par le passé - n’auront plus aucune place dans ce contexte.

Il ne nous a pas échappé que vous soutenez l’idée d’une minorité de blocage en main de la Confédération. Celle-là ne serait toutefois d’aucun secours. Elle permettrait tout au plus d’éviter le déplacement du siège de Swisscom à l’étranger, mais ne donnerait plus aucune possibilité pour la Confédération de définir la stratégie de l’entreprise, encore moins de lui imposer de tenir compte d’intérêts régionaux spécifiques.

S’il est compréhensible que des cantons centraux, comme Berne ou Zurich, soutienne cette proposition, nous ne pouvons que répéter notre conviction qu’une privatisation de Swisscom serait défavorable à la population genevoise, en tous les cas sur le plan de l’emploi. S’agissant des conséquences sur les consommateurs, sur la technologie et sur la recherche en Suisse, nous nous permettons de vous renvoyer à la documentation que nous vous avons fait parvenir avant la procédure de consultation.

Enfin, nous conclurons en regrettant que les syndicats n’aient pas été associés, dans le canton de Genève, à l’élaboration de votre position. S’agissant d’un projet dont les conséquences sur l’emploi et le service public sont évidentes, nous aurions souhaité que votre autorité entende leurs arguments avant de se déterminer.

En vous remerciant pour l’attention que vous voudrez bien porter à la présente, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Messieurs les Conseillers, nos salutations respectueuses

Syndicat de la Communication

Christian Levrat
Président central
Conseiller national