Communauté genevoise d’action syndicale

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Demande de prise de position contre la 5è révision de la Fédération suisse des comunautés israélites

mercredi 30 mai 2007 par Joel

Dieu se soucie éperdument de l’Homme. Il l’a couronné de gloire et d’honneur dit le psaume 8. Ce psaume est à l’origine de notre compréhension de Dignité humaine. Or, la 5è révision risque de devenir, pour notre nation, le début de la pente qui mêne au lieu où l’on foule aux pieds cette dignité. C’est pourquoi nous demandons aux communautés juives de Suisse de refuser cette 5è révision.

Chers membres du comité, Monsieur le Président,

Le propos du psaume huit est de nous faire admirer la grandeur de Dieu notre Seigneur, tout en la comparant à la faiblesse de l’Homme. Et pourtant, de cet Homme, de cet être si faible, Dieu s’en soucie éperdument. Savourons et méditons donc d’abord ce psaume de David :

O Seigneur, notre Dieu qu’il est grand ton nom par toute la terre ! Jusqu’aux cieux, ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout-petits : rempart que tu opposes à l’adversaire, ou l’ennemi se brise en révolte. A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme que tu en prennes souci ? Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds : les troupeaux de bœufs et de brebis, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui va son chemin dans les eaux. O Seigneur, notre Dieu qu’il est grand ton nom par toute la terre

Malgré sa faiblesse, et en fait justement à cause de sa fragilité, l’Homme est le sujet de la sollicitude de Dieu. Il "prend souci du fils d’un Homme". Il se souvient de son peuple et se bat à son côté. Plus loin dans le psaume, il nous est dit que cet être fragile est élevé, que le Seigneur l’a fait " un peu moindre qu’un dieu". Cet Homme, remplit d’une telle dignité ne saurait devoir subir des situations de vie qui ne correspondent pas à son rang dans l’univers. Le plus petit des Hommes, le plus misérable est un Roi puisque Dieu l’a couronné de Gloire.

Comment donc Dieu pourrait-il tolérer que les handicapés, que tous ceux qui sont déjà affaiblis, soit physiquement, soit psychiquement, risquent en plus d’entrer dans l’engrenage de la paupérisation, sans avoir la moindre chances de participer dignement à la vie de la société.

Pourtant, de nos jours, l’assurance invalidité, qui est un pilier de notre " filet social" subit des remises en question qui menacent jusqu’à son essence. En effet, beaucoup des plus défavorisés de notre société, risquent de ne plus être admis à recevoir une rente d’invalidité. Ceci aurait pour corollaire leur rejet à l’assistance publique. Et déjà maintenant, comme le démontre une étude de l’OCDE nommée " Maladie, invalidité et travail", environ 18 % des invalides ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté, ce qui représente près du double de la proportion de pauvres chez les valides. Si la 5è révision devait être acceptée, ce taux ne manquerait pas d’augmenter et les handicapés déjà pauvres se retrouveraient dans l’extrême pauvreté. Cela n’est-il pas une insulte à l’idée de dignité, de valeur unique de chaque Homme qui sous-tend ce psaume ?

Assurément, en cas d’acceptation de la révision, ceux qui obtiendraient tout de même une rente ne recevraient alors que des prestations dévalorisées. Sachant qu’une rente maximale de cette assurance est aux alentours de 2000 francs, vous mesurez l’injustice qui est faite à l’endroit des invalides.

N’est-ce pas au contraire le devoir de tous et de chacun que de faciliter la vie des handicapés plutôt que de la rendre encore plus difficile ? N’est-ce pas le rôle de tous et surtout des autorités que de permettre à ceux qui sont touchés plus durement que d’autres de pouvoir s’intégrer dans une société qui respecte leur dignité ? Promouvoir une vie digne, de nos jours, signifie, pour le handicapé, avoir la possibilité d’être bien formé, et, en adéquation avec ses possibilités, de trouver un travail adapté, justement rémunéré, d’avoir les mêmes chance de promotion que ses collègues bien-portants. Malheureusement, c’est le chemin inverse que prend la 5è révision de l’assurance invalidité. Déjà son objet est étonnant ; cette révision ayant pour but de réduire le nombre de futurs rentiers. Le but d’une assurance ne saurait être d’exclure le maximum d’ ayants droits. De plus, cette révision vise à supprimer les adaptations de rentes pour les plus jeunes handicapés. Ce complément voulait éviter que des personnes handicapées précoces n’obtiennent que des rentes minimales à cause du manque de revenu durant leurs années de formation ou des salaires plus bas que la moyenne au début de leur carrière professionnelle. A côté de cela, la 5è révision se propose de ne plus allouer de rentes complémentaires pour les conjoints. Ainsi, les conjoints qui auront renoncé à une activité lucrative pour s’occuper de leurs conjoints handicapés se verront pénalisés. Durement touchées seront les familles dont un conjoint ou les deux sont handicapés, puisque la révision se propose de diminuer fortement la prestation pour enfant pour les bénéficiaires d’indemnités journalières. Cette réduction toucherait douloureusement des parents qui élèvent au mieux leurs enfants, et ce, tout en devant déjà investir de gros efforts pour intégrer leur handicap. À côté de ces mesures d’économie, la révision offre peu de moyens concrets en vue de réinsérer les personnes handicapées dans le monde du travail et dans la société. Et celles qui seraient mises en œuvre se heurteraient aux dures lois de l’efficacité économique. Le principe de la réinsertion avant la rente est mis en exergue par les initiateurs de cette révision. Mais ensuite, à la fin d’une mesure de réinsertion, la personne handicapée ne retrouvera pas de travail, simplement parce que les postes de travail ne lui seront pas ouverts. Ceci parce qu’il n’y a pas de véritables incitations vis-à-vis des employeurs. Ces derniers ne sont pas vraiment aidés s’ils désirent embaucher un handicapé. En tout cas pas suffisamment. Et la loi, qui contient de nombreuses dispositions contraignantes à l’endroit des invalides, qui permettent, entre autre, de sanctionner les handicapés qui n’arriveraient pas à se conformer à ce que l’assurance invalidité attend d’eux, ne contient, par contre, aucune disposition obligeant les employeurs à intégrer un minimum de travailleurs invalides. Pourtant, l’insertion est un élément vital dans la prise en compte des handicapés. Car ces derniers ne doivent pas seulement être assistés. Il est vrai que de nombreuses promesses sont entrain d’être faites par certaines entreprises prestigieuses ainsi que par le Conseil Fédéral. On nous promet d’ouvrir des milliers de postes aux invalides. Mais dans un même temps, ce ne sont pas des promesses mais des certitudes qui attendent les invalides : leurs rentes seront bel et bien diminuées, les sanctions tomberont et les exclus seront légion.

Donc, en révisant cette loi comme il l’a fait, notre parlement met trop l’accent sur la rentabilité économique d’une institution au risque de faire subir de fortes pressions à ces fragilisés qui sont pourtant créés à l’image de Dieu.

Pour toutes ces raisons, je vous demande, Monsieur le Président, chers membres du conseil, de prendre position en refusant la 5è révision de l’AI.