Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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COMMUNIQUE DE PRESSE

campagne pour lutter contre la flexibilité dans le secteur de la vente

vendredi 11 mai 2007 par Claude REYMOND

Le syndicat SIT lance aujourd’hui (11 mai 2007) à Genève une large campagne pour lutter contre la flexibilité dans le secteur de la vente.

Malgré une couverture conventionnelle importante de ce secteur dans le canton, la flexibilité continue d’augmenter et son contrôle au sein des entreprises s’avère extrêmement difficile. Le rythme de travail imposé par les employeurs ainsi que la disponibilité qu’ils exigent de leur personnel ont des effets désastreux sur la santé des employé-e-s. Par ailleurs, et alors même que le secteur de la vente compte encore parmi les plus précaires, plusieurs offensives patronales ont actuellement lieu afin d’élargir les plages horaires d’ouverture des commerces. C’est le cas au niveau national, mais également au niveau cantonal. A Berne, c’est par le biais d’une initiative parlementaire que les partis bourgeois entendent autoriser l’ouverture des commerces 4 dimanches par année. A Genève, l’offensive a également lieu puisque les milieux patronaux exigent l’ouverture quotidienne des commerces jusqu’à 20 heures et l’introduction de 2 dimanches ouvrables en décembre.

Syndicalement, il est donc plus que jamais nécessaire de dénoncer cette tendance et de contrôler la flexibilité. Celle-ci se renforce chaque jour, par le biais notamment du recours au travail à temps partiel et au travail temporaire. Dans un secteur composé majoritairement de femmes, de plus en plus d’employé-e se voient proposer uniquement des temps partiels. Cette politique permet aux entreprises de mieux maîtriser leurs coûts salariaux et coller au mieux aux impératifs du marché en ajustant leurs activités à ses fluctuations. Ce personnel doit alors faire face à des horaires sans cesse changeants, des heures supplémentaires à la pelle et un rythme de travail qui s’est considérablement intensifié ces dernières années. Pour ces personnes, à temps partiel ou temporaires, les semaines de travail sont souvent chamboulées en dernière minute, ce qui rend quasi impossible l’organisation de sa vie sociale ou familiale. Cette flexibilité exigée des employé-e-s de la vente pousse ainsi les gens vers une précarité certaine. L’arythmie des horaires, la fluctuation des salaires et la pénibilité du métier nuit à la santé physique comme morale, augmente le stress au travail et rend l’organisation de sa vie privée ingérable. Pour les employé-e-s temporaires, s’ajoute encore à cela l’incertitude des lendemains et la très grande difficulté de voir leur postes se confirmer.

Une campagne syndicale pour dire halte à la flexibilité !

Pour combattre cette tendance et dénoncer la précarisation des emplois du secteur de la vente, le SIT lance une campagne offensive dans ce secteur. Dans un premier temps, un dépliant abordant les problèmes liés à la flexibilité sera distribué au personnel. Parallèlement, un large sondage va être effectué auprès des vendeuses pour savoir avec précision quelles sont à leurs yeux les aspects les plus problématiques de la flexibilité. Les entreprises qui en abusent et l’érigent en vertu seront également dénoncées systématiquement. Le SIT entend ainsi rappeler la réalité d’un secteur aux conditions de travail extrêmement pénibles. Il s’agit aussi de faire toute la lumière sur ces nouvelles politiques de management qui, au motif de se livrer une concurrence acharnée sur les prix, réduisent leurs coûts salariaux, pressure le personnel et plonge chaque jour dans une situation de plus en plus incertaine des milliers de salarié-e-s.

Pour de plus amples informations, contactez le SIT au 022 818 03 00 ou tapez www.flexiflex.ch.

Valérie Balleys et Séverin Guelpa,Secrétaires syndicaux SIT


Conférence de presse du SIT

Contre la flexibilité dans la vente

Témoignages de vendeurs et vendeuses

10 mai 2007

Mme W, Société Carrefour

Je travaille dans le magasin de Carrefour depuis de nombreuses années mais ne fais pas partie du personnel de la société. Carrefour soustraite environ la moitié de son personnel (env. 30 / 60 personnes) à des sociétés d’interim. Ainsi, j’effectue chaque semaine une trentaine d’heures pour le compte de trois employeurs différents. Bien que Carrefour signe une convention collective (CCTDNA), les entreprises qui m’emploient ne connaissent pas les conditions de travail obligatoires à Genève. Je suis donc rémunérée en dessous des salaires minimums. Je n’ai aucune assurance perte de gain maladie alors que cela est obligatoire dans tout le canton de Genève. De ce fait, nous nous retrouvons obligées de travailler même quand nous sommes malades au risque de nous retrouver sans salaire. Plusieurs de mes collègues sont ainsi diminuées physiquement mais continuent à travailler. Lorsque je prends des vacances, j’ai la responsabilité de trouver mon remplaçant. Le matin, je commence à travailler à 6h00 et le lundi à 5h00. J’effectue de la manutention et de la mise en rayon mais lorsque le magasin ouvre ses portes à 8h30, je deviens tout d’un coup vendeuse et dois également renseigner la clientèle. Lors de nos manutentions, nous n’avons pas le droit d’utiliser des chariots et des porte-palettes, nous nous cassons ainsi le dos à mettre des produits en rayon et sommes nombreuses à souffrir de problèmes physiques.

Mme X, Société Vedia

Je travaille comme temporaire chez Vedia. Cette société fait de la vente par correspondance. Je suis donc chargée de réceptionner les commandes, de mettre les produits en carton et de les renvoyer. Je n’ai aucun contrat fixe et mes horaires sont établis chaque fin de semaine. Depuis une année et demie que je travaille pour Védia, j’ai reçu 44 contrats de travail différents. Cela veut dire que mes contrats sont signés pour une période d’une semaine et renouvelés de fois en fois. Ainsi, on m’informe le mercredi, voire le vendredi, si j’ai du travail la semaine suivante. Nous sommes une vingtaine dans cette situation et nous souffrons beaucoup de ne pas savoir si nous allons pouvoir travailler la semaine suivante. Je fais du travail sur appel et je dépends toujours de mon employeur qui est le seul à décider si je vais pouvoir continuer à travailler.

Mme Y, Magasin de l’aéroport

A l’aéroport, les horaires d’ouverture des magasins sont différents que dans le reste du canton. Les magasins ouvrent de 10h00 à 20h00 et la fermeture va être encore retardée d’une heure dès le 1er juin 2007. Je suis responsable de la boutique dans laquelle je travaille mais touche un salaire de frs 3600.- par mois, ce qui représente 40.- frs de plus que le minimum de la convention collective. Comme responsable, je suis censée être disponible en permanence. Mon employeur m’a donc donné un téléphone professionnel afin de pouvoir me joindre jour et nuit et n’hésite pas à m’appeler. J’ai congé en semaine et travaille tous les week-ends, samedi et dimanche. Il m’est donc impossible de m’organiser et ma famille en souffre. Je reçois mes plannings toujours en dernière minute et j’effectue de nombreuses heures supplémentaires que mon employeur ne me paie pas. Enfin, je me retrouve souvent seule dans la boutique, ce qui m’empêche de pouvoir prendre des pauses, voire d’aller aux toilettes. Ces conditions m’ont beaucoup fait souffrir et je me suis retrouvée en arrêt maladie. Finalement, mon employeur m’a licenciée pour raison de maladie.

Monsieur Z, société Massimo Dutti

Je travaille pour la société Massimo Dutti qui fait partie du groupe Inditex avec Zara et Berschka. J’ai des horaires irréguliers et tout comme mes collègues, ai été engagé à temps partiel. On nous promet un poste fixe si on travaille bien. La société engage surtout des gens à temps partiel et quasiment pas de plein temps. Chaque semaine, notre employeur nous donnait des avenants à nos contrats qui augmentaient notre temps de travail parfois du simple au double. Le problème est que mes collègues et moi-même en recevions très régulièrement, et ceci dans le but de ne pas considérer nos heures supplémentaires comme des heures devant être majorées. Depuis, cette pratique a cessé mais les conditions restent difficiles.