Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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VORSTAND SGB VOM 28.2.2007 Beilage 19 // COMITÉ USS DU 28 FÉVRIER 2007 Annexe 19

Le Comité de l’USS adopte une position plus nuancée que celle de janvier 2006 sur la politique agricole 2011 ?

dimanche 25 février 2007 par Claude REYMOND

En demandant d’introduire explicitement dans la Lagr la notion de souveraineté alimentaire en modifiant l’article 1, lettre a).

rArt. 1, let. a) à la sécurité de l’approvisionnement de la population et à la souveraineté Alimentaire.r

En signant la pétition « Halte à l’exode rural »
En participant à la manifestation du 28 février à Berne et à son dépôt en
Chancellerie fédérale

En recommandant à nos alliés sous la Coupole fédérale de soutenir à tout le moins les revendications pétitionnaires

Chères et chers collègues,

Comme mes connaissances élémentaires de l’allemand ne me permettent pas de prendre connaissance de la réponse du 17 janvier 2006 de l’USS à la consultation « Agrarpolitik 2011 : Weiterentwicklung der Agrarpolitik - Vernehmlassung des Schweizerischen Gewerkschaftsbundes », je l’ai communiquée à une amie pour qu’elle m’en donne la substance. Laquelle me renvoyait un texte de son organisation mentionnant les positions de base exprimées par l’USS, telle que :

- l’agriculture serait la principale responsable de « l’îlot de cherté » en Suisse et que la politique agricole devrait avoir comme objectif de faire baisser les prix des denrées alimentaires au niveau allemand ;

- l’agriculture empêcherait la Suisse d’entamer des négociations commerciales et lui fermerait ainsi l’accès à des marchés internationaux prometteurs ;

- l’avenir ne peut être vu que dans une évolution massive des structures agricoles
et l’efficience de l’agriculture ne sera assurée qu’en favorisant les grosses exploitations.

Avant de rédiger cette position a-t-on vraiment consulté les organisations professionnelles du secteur ? Ces considérations sont stupéfiantes, d’autant plus que nos membres pensent que l’USS se déclare :

- être favorable à une production de biens et de services indigènes de qualité, avec des conditions de travail correctes et des conditions de production respectueuses de l’environnement ;

- disposée à soutenir des échanges NORD-SUD équitables qui ne participent pas au pillage colonialiste et néolibéral ;

- soucieuse de formation professionnelle permettant de mettre en œuvre partout les plus récentes découvertes scientifiques et qui participent du développement durable ;

- convaincue de la nécessité de respecter le principe de précaution en matière d’organismes génétiquement modifiés ;

- intéressée à une protection appropriée du tissu économique suisse constitué essentiellement par de petites et moyennes entreprises.

Avec l’orientation USS du 17-01-2006 en matière de politique agricole comment réaliser au mieux la proposition « A 03 Unia » adoptée par notre dernier congrès ; laquelle dit « … il s’agit généralement d’emplois précaires ou que la durée du travail oscille entre 45 et 50 heures, un tel salaire minimum pourrait consister en un salaire horaire d’au moins Fr. 20.- par exemple. Le montant serait fixé sur la base notamment du salaire moyen national » si l’on abandonne les paysans et leurs salariés de ce pays et que l’on ne prenne pas de mesure contrer le pillage organisé de la valeur ajoutée qui sévit dans leur secteur économique ?

Lorsque je proposais le 30 janvier 2007 au Comité USS de signer la pétition contre la PA 2011, j’étais loin d’imaginer que celui-ci se fut déjà engagé dans les principales voies recommandées par le Conseil fédéral.

Or je ne suis pas certain que les membres du Comité USS aient bien compris les objectifs de la politique fédérale agricole préconisée par nos autorités, qui consistent à

  1. relever de 0,75 à 1,25 l’unité de main-d’oeuvre standard (UMOS) qui permet à une entreprise agricole d’être reconnue comme telle = seules 31853 exploitations agréées sur les 64’000 du pays, alors que toutes assument des prestations d’intérêt général et écologiques. Cette modification aura également pour conséquence d’exclure la moitié des fermes du droit foncier rural, ce qui aura pour effet qu’elles ne seront plus remises à leur valeur de rendement mais reprises aux valeurs vénales du marché, à des coûts considérablement plus élevés ;
  2. tout en n’intégrant toujours pas dans la détermination de l’UMOS le travail de transformation de leurs produits par les paysans eux-mêmes (saucisses, fromages, confitures…), omission qui dissuade ces derniers de mettre en valeur des produits régionaux de qualité = une politique agricole sans véritable réflexion économique, peu innovatrice mais surtout discriminante ;
  3. ne promouvoir que des exploitations professionnelles à plein temps au détriment des autres = ségrégation entre les différents types d’exploitation qui peuvent être à la fois viables et assumer les tâches que l’on attend d’elles ;
  4. ignorer le scrutin majoritaire de 1996 au travers duquel le peuple suisse a adopté le principe d’une agriculture diversifiée, respectueuse de l’environnement et des ressources naturelles et participant à une occupation décentralisée du territoire ;
  5. ne pas tenir compte de la volonté populaire exprimée le 27 novembre 2005 pour des aliments produits sans manipulations génétiques ;
  6. ne pas entreprendre une gestion maîtrisée des volumes de production qui évite le gaspillage et les déchets, qui réduise la pression sur les prix agricoles ;
  7. ne pas intervenir sur l’exigence d’un respect de prix équitables aux paysans - qui les mettraient à l’abri des abus de la position dominante des transformateurs et des distributeurs, position qui a permis à ces derniers de s’approprier la plus grande part des marges de l’agriculture : en 15 ans les prix agricoles ont diminué de 25% alors que pendant la même période les prix à la consommation augmentaient de 10% !

On relèvera cependant que la PA 2011 maintient, voire renforce, les paiements directs (au détriment des soutiens au marché), dispositif permettant de rétribuer les prestations particulières que fournissent les familles paysannes. Mais encore faudra-t-il que ces paiements directs rémunèrent des prestations et ne soient pas utilisés comme moyen d’abaisser les prix de production. Les réformes successives de la politique agricole ont souvent fait un doux mélange entre les rémunérations pour des prestations (paiement directs) et la rémunération pour la production de denrées alimentaires (prix des produits agricoles). La différenciation devrait permettre d’exclure des effets compensatoires favorisant au final les intermédiaires tels que les transformateurs ou distributeurs.

Je souhaiterais appeler l’USS à reconsidérer sa position au sus des 7 axes mentionnés ci-dessus pour s’éviter une faute politique dans ce dossier : parce tous renforcent la précarisation, accroissent notre assujettissement aux prédateurs de l’économie mondiale, alors qu’il faudrait reconnaître le droit à la souveraineté alimentaire en l’inscrivant dans la loi sur l’agriculture.


voir également La Vrille