Communauté genevoise d’action syndicale

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Les “privilèges” des salarié.e.s de la SSR, cette légende urbaine

samedi 6 janvier 2018

Le SSM se doit de répondre à la publication par le journal Le Temps d’un article daté du samedi 6 janvier 2018 concernant les soit-disant "privilèges" des milliers d’employé.e.s de la SSR, dont la soit-disant exemption du paiement de la redevance radio-tv.

L’article du journal Le Temps reprend, en guise de chapeau, les reproches des initiants quant au coût élevé du service public audiovisuel et le fait que des milliers de collaborateurs de la SSR ne "paient rien".

“Cette faveur a même été prolongée d’un an”

FAUX : La redevance est payée par la SSR ! Cette prise en charge par l’employeur figure dans la Convention Collective de Travail et ne peut en aucun cas être évaluée sans tenir compte de l’ensemble des conditions de travail, ce que Le Temps ne s’est pas donné les moyens de faire.

Il ne s’agit pas d’un privilège et encore moins d’une exonération des employé.e.s, puisque la redevance est bel et bien acquittée pour chaque salarié.e de la SSR.

“Des milliers d’employés de la SSR demeurent toutefois exemptés ou bénéficient d’un allégement de leur facture Billag.”

FAUX : La SSR prend en charge le paiement de la redevance pour ses employé.e.s à plein temps. Elle la paie en partie pour les employé.e.s à temps partiel.

“Sur 6000 collaborateurs, environ 2800 personnes à temps plein ne paient rien, alors que leurs 3200 collègues actifs à temps partiel bénéficient, à choix, de la réception gratuite de la radio (165 francs par an) ou de la télévision (286 francs par an).”

FAUX : Au risque de nous répéter, c’est l’employeur, donc la SSR, qui paie le montant de la redevance pour les 2800 personnes à plein temps. Les 3200 employé.e.s qui travaillent à temps partiel paient eux la redevance radio (moins chère), le reste étant pris en charge par l’employeur.

VIDEO FAISANT LA LISTE DE TOUTES LES RADIOS ET TÉLÉVISIONS QUI VONT CESSER D’ÉMETTRE EN CAS D’ACCEPTATION DE L’INITIATIVE

Les “nantis” de la SSR, cette légende urbaine

La manière dont ces faits sont présentés au public, en laissant entendre que les employé.e.s de la SSR seraient des “nantis” et des “profiteurs”, est indigne.

En tant que syndicat nous sommes conscients que pour certains le montant de la redevance représente une dépense importante, c’est pourquoi le public a droit à une information complète.

La prise en charge de la redevance par l’employeur représente une partie du salaire en nature. Des dispositions similaires existent dans la plupart des grandes entreprises de Suisse. Ce n’est ni choquant, ni exceptionnel.

Face au déferlement de contrevérités et de clichés auquel on assiste depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux, et parfois aussi dans la presse au sujet des prétendus “privilèges” des employé.e.s de la SSR, rappelons quelques faits :

Travailler à la SSR ne garantit pas un salaire confortable

Les salaires SSR ne sont jamais au-dessus de la valeur du marché. Ils sont même 3,7% inférieurs par rapport aux salaires versés par les grandes entreprises de médias pour les fonctions journalistiques. Plusieurs vagues de réductions budgétaires ont durablement installé un régime de stagnation salariale. Plus de 52% du personnel de la RTS travaille à temps partiel. Qui dit travail à temps partiel dit salaire partiel.

Le salaire médian RTS est de fr. 98’963.- en équivalent plein temps, 83’692.- en tenant compte du temps partiel. C’est bien moins que dans la plupart des entreprises au niveau de formation comparable. (Voir document ci-joint : extrait du rapport de gestion de la SSR qui prend en compte le salaire moyen (pas médian) des employé.e.s.)

La production audiovisuelle demande une flexibilité sans commune mesure

Pour assurer son mandat de service public, la SSR bénéficie de 11 dérogations à la Loi sur le Travail (dont le but est de protéger la santé des salariés), soit plus que les hôpitaux.

Pour les métiers qui gravitent autour de l’antenne, cela signifie une forte flexibilité : travail du soir/nuit, dimanche et jours fériés, temps partiel sur l’année avec fortes variations pour répondre aux besoins de la grille des programmes, amplitude importante sur la journée lors des opérations en extérieur, séquences de travail qui dépassent fréquemment 6 jours d’affilée.

Le temps partiel irrégulier est très répandu, rendant quasi impossible une activité externe complémentaire, ce qui se répercute de manière négative sur le revenu. Travailler un week-end sur deux pour un salaire de 5’000 francs net, un “privilège” ?

Des salarié.e.s ... comme les autres

Entre mesures d’économie permanentes, un management calqué sur les méthodes du privé, le développement des technologies numériques et la nécessité d’être présent sur le web sans moyens supplémentaires, le personnel de la SSR fait face, comme la plupart des salarié.e.s de Suisse, à des exigences de productivité en constante augmentation. Les risques pour la santé, notamment en termes de stress et de burn out, sont très élevés. Nous le constatons régulièrement.

Il y a deux ans, la SSR décidait de supprimer 250 postes de travail, malgré les nombreuses propositions de mesures alternatives soumises par le syndicat, qui auraient permis d’épargner l’emploi.

La redevance à 365 francs dès 2019 sera synonyme d’environ 300 postes supprimés à la SSR.

Les salarié.e.s de ce pays, et en particulier celles et ceux de la presse écrite passablement éprouvés par les récentes restructurations, ne doivent pas tomber dans le piège de s’en prendre à d’autres salarié.e.s.

L’article du SSM sur la page facebook "Non à l’initiative "No Billag" : https://www.facebook.com/notes/non-%C3%A0-linitiative-no-billag/les-privil%C3%A8ges-des-salari%C3%A9es-de-la-ssr-cette-l%C3%A9gende-urbaine/1992620934313658/?hc_location=ufi

L’article du journal Le Temps : https://www.letemps.ch/suisse/2018/...



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