Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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20 ans après l’introduction de la loi sur l’égalité, les femmes luttent encore et toujours contre leur précarisation

mercredi 15 juin 2016

allocution prononcée le 14 juin 2016 par Marjorie BLANCHET

Avec son double ancrage féministe et lesbien, Lestime milite pour la reconnaissance de l’égalité et pour la justice sociale intégrale pour toutes les femmes.

20 ans après l’introduction de la loi sur l’égalité, les femmes luttent encore et toujours contre leur précarisation qui comprend, en plus des inégalités salariales et des tâches domestiques non-reconnues, le travail sous-payé, les horaires flexibles, ainsi que le démantèlement de l’Etat social. A quoi s’ajoutent des violences telles que mobbing, harcèlement, agressions et viols, en particulier envers les femmes les plus précaires subissant de plein fouet de multiples discriminations.

Si le sexisme engendré par le patriarcat est un dénominateur commun à toutes les femmes, la forme et le degré de leur oppression diffèrent largement selon la position de chacune dans le monde, dû au cumul de discriminations spécifiques et combinées dont les femmes font l’objet : discrimination raciale, orientation sexuelle, identité de genre, de classe, de religion, de handicap, etc... . L’expérience des femmes cisgenres bourgeoises occidentales n’est en rien représentative de l’oppression de toutes les femmes.

Comme en 1968, seul un féminisme intersectionnel peut enrayer les clivages découlant de l’impact inégal d’autres formes d’oppression qui font le jeu des gouvernements par une logique normative et conservatrice. Si l’on veut lutter pour l’émancipation de toutes les femmes, il faut non seulement mettre en question le patriarcat mais aussi l’exploitation du travail, l’impérialisme, le racisme, l’homophobie, la transphobie et toute autre forme d’oppression articulée autour de la société capitaliste qui établit des hiérarchies et accorde des privilèges.

Il est temps de démolir les certitudes et faux-semblants : contrairement à la croyance populaire, l’égalité homme-femme ainsi que l’égalité LGBTIQ sont loin d’être accomplies en Europe. L’imputer à d’autres continents, religions, races ou ethnies ne serait qu’un déni pur et simple des discriminations encore quotidiennes en Occident. Nous réclamons des actions concrètes et réelles de la part du gouvernement pour répondre aux discriminations qui oppressent encore en 2016 toutes les femmes au quotidien… qu’elles soient lesbiennes, bisexuelles, ou hétérosexuelles, trans* ou cisgenres*.

Les moyens de mesures de contrôles et de sanctions sont là et ne demandent plus qu’à être mis en œuvre. Lestime défend un féminisme inclusif et intersectionnel, seul capable d’amener à une critique radicale de l’hétéro-normativité. La « solidarité » entre femmes ne doit pas s’arrêter là où les intérêts des unes s’imposent. Pour une vraie Justice sociale, pour une vraie justice de genre. 20 ans après, nous exigeons l’égalité dans les faits, pas dans les beaux discours ni dans des lois chimériques.