Communauté genevoise d’action syndicale

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Une manifestation d’envergure nationale et rouge de colère se tiendra ce samedi à Berne. Les femmes demandent que l’égalité ne soit plus une promesse, mais une réalité.

Vent debout contre la réforme Berset

jeudi 5 mars 2015

CHARLOTTE FROSSARD dans Le Courrier du 5 mars 2015

A la veille de la Journée internationale des femmes, une grande manifestation nationale organisée ce samedi 7 mars à Berne rassemblera des femmes de tout le pays. L’objectif de cet événement, mis en place par les organisations faîtières, associations féministes et partis de gauche, est de rappeler et défendre les droits des femmes, trop souvent négligés malgré leur inscription dans la loi suisse – c’est le cas par exemple de l’égalité salariale. Mais ce sera aussi l’occasion de protester contre le relèvement de l’âge de la retraite prévu par le conseiller fédéral Alain Berset dans sa réforme intitulée « Prévoyance vieillesse 2020 ». Les participantes sont invitées à se vêtir de rouge, couleur de la colère.

Inégalité des retraites

Cette vaste restructuration des prestations liées à la vieillesse escompte entre autres porter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans et supprimer les rentes des veuves n’ayant pas d’enfants à charge. Une réduction du taux de conversion du 2e pilier est également au programme avec, comme conséquence, une baisse globale des rentes.
Les syndicats estiment que ces mesures feront économiser environ 1,5 milliard de francs à la Confédération, et ce, sur le dos des femmes. « Nous défendons l’autonomie économique des femmes et exigeons qu’elles puissent avoir de quoi vivre, indique Marina Decarro, membre du comité de la Marche mondiale des femmes. La question des retraites est cruciale. Il n’y a pas de raison que ce soit toujours les femmes qui supportent le coût des réformes. »

« Le contrat social sera rompu »

Une réforme qui en l’occurrence précariserait le statut et l’indépendance des femmes, déjà fragilisés par le fait qu’actuellement celles-ci gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes dans notre pays. C’est le triste constat révélé par les chiffres de l’Office fédéral de la statistique. Et ce malgré l’inscription en 1981 de l’égalité des salaires dans la Constitution et l’entrée en vigueur de la loi sur l’égalité entre hommes et femmes en 1996. Non seulement les femmes sont moins rémunérées que les hommes pour le même travail, mais en plus ce sont souvent elles qui renoncent à leur carrière pour s’occuper des tâches domestiques et familiales. Elles sont ainsi nombreuses à ne travailler qu’à temps partiel et à connaître des pauses plus ou moins longues au cours de leur carrière.

Cette différence de parcours professionnel se ressent ensuite financièrement de façon très nette : seules 57% des femmes touchent une rente du deuxième pilier, contre 87% des hommes. Et quand elles en bénéficient, elle est sou- vent bien moins élevée que celle de leurs congénères masculins : la rente médiane du deuxième pilier s’élève à 18 000 francs pour les femmes, contre près de 33 000 francs pour les hommes.

Selon Mme Decarro, c’est la raison pour laquelle le départ à la retraite des femmes était prévu plus tôt. « Il s’agissait d’un accord tacite. De nombreuses personnes n’arrivent pas à travailler jusqu’à l’âge de la retraite. Avec cette réforme, une femme qui est contrainte de quitter son travail avant ses 65 ans se retrouvera confrontée encore plus tôt à des rentes diminuées. Le contrat social sera rompu. » I



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