Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Turquie = samedi 08 juin 2013

quai de l’Ile, près de la Tour à Genève

jeudi 6 juin 2013 par Claude REYMOND

photo Demir SÖMNEZ


Des démocrates de Genève appellent à un

RASSEMBLEMENT de soutien

au mouvement populaire et à la grève générale en Turquie

samedi 08 juin 2013 à 14h00
quai de l’Ile, près de la Tour

Depuis 9 jours des milliers de personnes exigent le respect de la pluralité d’opinion, des principes démocratiques et des droits du travail, ils s’opposent à la destruction des quartiers populaires par une politique urbaine au profit des intérêts privés.

Ce mouvement populaire se trouve renforcé depuis le 4 juin par une grève générale, extrêmement bien suivie. Il est exigé maintenant : a) l’élargissement des droits démocratiques - avec notamment la reconnaissance de ceux du peuple kurde et des minorités ethniques ou religieuses, b) l’arrêt absolu du projet du parc Gezi, c) la démission des responsables de la répression policière et la libération immédiate et inconditionnelle des personnes arrêtées.

Nous vous invitons à vous rassemblez pour soutenir ces revendications.
Demir SÖNMEZ et Gazi SAHAN

photo Demir SÖNMEZ


Discours de M. Melik Özden, député socialiste du Grand Conseil genevois
lors du rassemblement de soutien au mouvement populaire en Turquie

Genève, le 8 juin 2013

Un vent de révolte souffle sur la Turquie

Un vent de révolte souffle sur la Turquie depuis une douzaine de jours. Tout est parti de la place historique de Taksim à Istanbul. La contestation d’un aménagement urbain, violemment réprimé, s’est transformée en mouvement populaire contre les politiques gouvernementales et étendue peu à peu sur tout le territoire de la Turquie. Et ce, malgré l’interdiction de manifester, malgré la répression aveugle des forces de l’ordre, malgré l’arrogance d’un gouvernement déconnecté de la réalité, malgré la censure et/ou complaisance des grands médias.

Qui sont ces manifestants ? Ce sont des turcs bien sûr mais aussi des minorités ethniques telles que des kurdes, des arabes, des arméniens ou des assyriens. Ce sont aussi des sunnites bien sûr mais aussi des athées et des minorités confessionnelles telles que des alaouites (des alévis comme on les appelle en Turquie) et des chrétiens. Ce sont des ouvriers, des fonctionnaires, des syndicalistes, des étudiants, mais aussi des intellectuels. Ce sont des femmes, des hommes, des jeunes et des personnes âgées. Bref, ce sont des peuples, des citoyens qui revendiquent le respect de leurs droits les plus élémentaires : le droit de manifester, la liberté d’opinion et d’expression, le droit d’être consulté, le droit d’être entendu, le droit de participer à la prise de décision les concernant.

A l’origine de cette révolte populaire réside des méthodes autochrates et antidémocratiques du gouvernement turc. Le chef de ce gouvernement, qui ne cache pas ses ambitions de ressusciter l’Empire ottoman, utilise sa majorité parlementaire pour faire taire toute opposition dans ce pays.

En 10 ans de pouvoir, M. Erdogan a concentré tous les pouvoirs entre ses mains, faisant fit de la séparation de pouvoir, pourtant un des principes élémentaires de la démocratie. En effet, outre les pouvoirs législatif et exécutif, le chef du gouvernement turc contrôle la justice et les grands médias. Il les utilise d’ailleurs à sa guise pour intimider et faire taire ses opposants.

Faut-il le rappeler, on compte encore de nos jours 15 mille prisonniers politiques en Turquie parmi lesquels des députés, des maires, des conseillers municipaux, des journalistes, des syndicalistes, des étudiants, même des enfants kurdes qui ont eu l’audace de lancer quelques pierres aux forces de l’ordre lors des manifestations.

Sur le plan économique, le gouvernement turc met en oeuvre des politiques néolibérales avec une orthodoxie inouïe. Il n’existe presque plus de services publics en Turquie en main de l’Etat : tout est privatisé. Il y a bien sûr des classes, surtout proche du pouvoir, qui vivent confortablement en Turquie. Les institutions économiques et financières internationales parlent même d’une croissance économique spéctaculaire. Cependant, la majorité de la population vit dans la précarité. Les droits syndicaux et du travail sont bafoués au quotidien.

Mais, M. Erdogan est allé encore plus loin. Il s’immisce désormais dans la vie privée de tout un chacun. Celui qui veut décider par exemple combien d’enfants doit avoir une femme ? Comment les gens doivent s’habiller ? Quels produits ils doivent consommer ? etc. etc.

Le Premier Ministre semble être obnubilé par ses succès électoraux, allant jusqu’à qualifiés les manifestants de vagabonds, voire de terroristes. Certes, le parti de M. Erdogan a obtenu presque 50% des voix lors de dernières élections. Mais il oublie que l’autre moitié de la Turquie n’est pas d’accord avec lui. Il oublie également que la délégation du pouvoir des peuples n’est pas permanente dans une démocratie qui se respecte.

Ce sont surtout ces politiques et méthodes de gouvernement qui ont fait descendre dans la rue des millions de personnes. Certes le bilan de cette révolte populaire est lourd : trois morts, des centaines blessés, dont plusieurs dizaines graves, et cinq mille arrestations. Mais en même temps cette répression a fait prendre conscience aux peuples que la liberté, la démocratie n’a pas de prix. Il faut la conquérir et la défendre pied à pied.

Aujourd’hui, nous sommes réunis ici à Genève pour apporter notre soutien aux revendications légitimes des peuples et des citoyens qui luttent pour leurs droits fondamentaux en Turquie. Que demandent-ils ? Ils revendiquent :

  • Le respect et l’élargissement des droits démocratiques ;
  • La reconnaissance des droits du peuple kurde et autres minorités ethniques telles que arabes, arméniens et assyriens ;
  • La reconnaissance des droits des minorités religieuses en particulier ceux des alaouites et chrétiens.

Ils revendiquent également l’arrêt des projets urbanistiques qui détruisent l’environnement, les institutions culturelles et les quartiers populaires au profit des intérêts privés et partisanes.

Ils réclament par ailleurs la démission des responsables de la répression policière et la libération immédiate et inconditionnelle des personnes arrêtées, avec l’abandon des poursuites judiciaires à leur encontre. Ils réclament aussi la démission du Premier Ministre autocrate. Bien que ce dernier ait adouci son discours depuis hier, il continue à envoyer ses policiers pour réprimer des manifestations et à faire arrêter des manifestants. Le Premier Ministre turc et son gouvernement ne semblent pas avoir compris le message des peuples et des minorités religieuses qui composent la Turquie. Ils ne veulent pas un nouveau tyran, mais veulent cohabiter dans un pays démocratique et respectueux de leurs droits fondamentaux. Ils veulent avoir leur mot à dire sur leur avenir. Aidons-les dans cette lutte noble.

Vive la solidarité internationale.

PS:

Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs (SIT), Le Mouvement Pour le Socialisme (MPS), Syndicat Service Public (SSP), Les Verts, solidaritéS, Association culturelle kurde (ACK), Maison Populaire de Genève, Fédération des Travailleurs Immigres de Suisse (IGIF), Centre Zagros pour les Droits de l’Homme, Fédération des droits démocratique en Suisse (IDHF), Parti Communiste Genevois "Les Communistes" (PCG),Coordination en Suisse du Parti Communiste de Turquie (TKP), Coordinación Suiza del Partido Comunista de España (PCE), Coordinación Suiza de Izquierda Unida (IU), Centre Culturel des Alevis de Genève, Gauche Anti-capitaliste, Parti Socialiste Genève, Unia, Parti du Travail, Centre Europe – Tiers Monde (Cetim), Mouvement vers la Révolution Citoyenne – MvRC, Syndicom Genève, Centre Kurde des Droits de l’Homme