Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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concernant la « préférence cantonale » à l’hôpital

vendredi 24 février 2012 par Claude REYMOND

c’est du brouillard pour dissimuler la politique d’austérité du gouvernement et les stratagèmes patronaux visant à accroître l’exploitation des travailleuses et travailleurs

La Communauté genevoise d’action syndicale doit réaffirmer* ses positions en matière « de préférence cantonale » suite aux récentes déclarations de la direction des HUG-Hôpitaux universitaires de Genève concernant des cadres intermédiaires infirmiers qui sont venues électriser le débat, ceci à 18 mois des élections cantonales.
* http://www.cgas.ch/SPIP/spip.php?article1858

La CGAS refuse les amalgames populistes qui tendent à faire des frontaliers et de la libre circulation des personnes le bouc émissaire de tous les maux dont souffre Genève : précarité pour un nombre croissant de salarié·e·s et surtout pour les jeunes, bas salaires dans certains secteurs, diminution des aides sociales, démantèlement des services publics, transports publics défaillants, insécurité ; taux de chômage le plus élevé de Suisse…

La CGAS rappelle que Genève est le pôle principal d’une vaste région - qui va de la France voisine à une partie du canton de Vaud - aux relations économiques et sociales fortement imbriquées depuis des décennies. 380’000 salarié·e·s travaillent à Genève. Le seul mal dont ne sont pas affublés les frontaliers est la crise du logement. Et pour cause. Si 50’000 salarié·e·s de France et 20’000 du canton de Vaud se rendent chaque jour dans le centre de la région, 50’000 genevois-es, dont 20’000 salarié·e·s et 30’000 retraité·e·s habitent en France voisine, n’ayant pas trouvé de logement à Genève à cause d’une crise du logement qui perdure depuis de nombreuses années.

Pour la CGAS, la cause de la sous-enchère et des bas salaires dans certains secteurs n’est pas la libre circulation et les frontaliers, mais les politiques patronales et le manque de protection des salarié·e·s de ce canton : le manque de contrôles et de sanctions contre les abus patronaux, la complaisance des autorités à l’égard de la sous-traitance et les faillites frauduleuses, l’amnistie judiciaire et pénale des employeurs qui pratiquent le travail au noir (non paiement des cotisations sociales notamment).

La CGAS considère que les causes des problèmes de Genève ne sont ni les frontaliers, ni les immigré·e·s, ni la libre circulation des personnes : c’est bien la politique économique dominante à Genève - qui vise surtout à privilégier le rendement du capital et la satisfaction des actionnaires plutôt que le travail et l’emploi, à attirer les sièges des multinationales et les sociétés de négoces en matières premières plutôt qu’à maintenir et développer des activtiés économiques répondant aux besoins locaux et prépondérant de la population… Ainsi les emplois qui continuent d’être créés dans notre canton sont tellement spécialisés que même de jeunes universitaires formés sur place peinent à correspondre à leurs profils.

Les autorités publiques, pour combattre le chômage, feraient mieux de renoncer aux politiques d’austérité et d’adapter les services publics à l’augmentation de la population et de ses nécessités, de relancer l’emploi et la création de postes dans la santé, le social, la prise en charge des enfants et des personnes âgées, les énergies renouvelables, la culture, les transports publics.

Et pour combattre la sous-enchère et la pression sur les salaires - que les patrons imposent de tout temps et particulièrement en période de crise - les autorités politiques seraient mieux inspirées d’améliorer les mesures d’accompagnement qui restent insuffisantes et d’appliquer plus rigoureusement celles qui existent déjà.

Il faut renforcer en premier lieu les contrôles des entreprises pour épingler et sanctionner les employeurs « indélicats » qui ne respectent pas les salaires légaux et conventionnels. Pour ce faire, la CGAS a déposé le 10 février 2012 12’856 signatures en soutien à son initiative populaire cantonale pour le renforcement du contrôle des entreprises et contre la sous-enchère, qui prévoit la création d’une inspection des entreprises et fixe un quota d’1 inspecteur-trice désigné·e par les syndicats pour 10’000 emplois.

La population genevoise, sans l’apport du personnel soignant et infirmier frontalier, ne serait tout simplement pas soignée dans nos hôpitaux, EMS et soins à domicile puisque cela fait 30 ans qu’on ne forme plus à Genève de professionnel-le-s pour ces activités !

Par ailleurs, les conditions de travail atypiques (horaires 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24) rendues encore plus pénibles avec la réduction des effectifs dissuadent les jeunes d’entreprendre des formations pour ces métiers de plus en plus astreignants mais pourtant essentiels du service public.

Les prises de position de la direction de l’Hôpital sont particulièrement malvenues :
elles visent à diviser les salariés-es pour mieux imposer de nouvelles mesures d’économie et de réorganisations, cela après une fin d’année 2011 où plusieurs catégories de salariés-es de l’Hôpital, avec courage et détermination, se sont mises en grève pour réclamer une meilleure reconnaissance professionnelle et salariale.

Pour combattre les politiques patronales et les politiques d’austérité, aucune concession ne doit être faite à la défense de droits égaux pour toutes et tous les salarié·e·s (à l’emploi, à un salaire et à une retraite décente, à un salaire égal, y compris au droit d’accéder à un poste à responsabilité), quelles que soient leur origine ou nationalité.

Adopté par le Comité de la CGAS du jeudi 23 février 2012