Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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grève dans la compagnie ferroviaire transporteuse de charbon FENOCO

vendredi 1er janvier 2010 par Claude REYMOND

Le conflit chez FENOCO dure depuis plus d‘une année ; aucune solution ne semble possible

FENOCO (Ferrocarriles del Norte de Colombia) est une entreprise de transport ferroviaire qui appartient majoritairement à Drummond et Xstrata-Glencore ainsi qu’à des petites entreprises d’exploitation minières ; celle-ci transporte le charbon aux ports ainsi qu’à Santa Marta. Il y a plus d’une année, le syndicat SINTRAIME a créé une section pour les employés de FENOCO, ce qui a amené à un catalogue de négociations proposé à la direction le 4 novembre 2008. Il était entre autres demandé une amélioration des salaires, des places de travail stables, des subventions concernant la santé et la formation, ainsi qu’un fond permettant la construction d’habitations. FENOCO n’a pas reconnu le syndicat, et encore moins débuté des négociations quant aux exigences de celui-ci. L’argument était que SINTRAIME ne pouvait pas être légitimé car il représentait un secteur économique différent.

Ces divergences ont conduit à une grève au printemps 2009, qui a été achevée par une intervention violente de la police, le 19 avril 2009, après presque un mois de protestations. Au même moment, le tribunal de Santa Marta a reconnu que SINTRAIME était le syndicat légitime des employés de l’entreprise ferroviaire et que des négociations devaient être mises en place. Cependant, la grève en elle-même fut déclarée comme illégale. L’entreprise, s’appuyant sur l’inégalité de celle-ci, renvoya tout le comité directeur de Sintraime de la section de Santa Marta et a illégalement licencié 20 employés qui étaient syndiqués.

SINTRAIME posa une autre plainte, qui fut acceptée. La cour de justice suprême, responsable de la thématique des conflits de travail, a conclu, le 15 septembre 2009, que la possibilité de s’organiser en syndicat était un droit fondamental. Le tribunal a ordonné au ministère du travail de s’impliquer activement dans cette affaire, tandis que FENOCO fut enjoint à commencer les négociations. Celles-ci débutèrent le 4 novembre 2009, un an jour pour jour après que le catalogue de négociations ait été présenté à l’entreprise. SINTRAIME a déclaré que, malheureusement, l’entreprise n’avait démontré aucune envie de dialoguer, et qu’elle avait débuté ces négociations car elle y avait été obligée ; ainsi, elle n’a fait aucune proposition afin d’améliorer les conditions de ses employés. Un jour avant la fin du délai de négociations, FENOCO présenta enfin une proposition ; malgré l’imposition de ce délai très court, les responsables du syndicat réagirent dès 10h du matin le 23 novembre, puis soumirent leurs commentaires à FENOCO en fin d’après-midi. Comme l’entreprise ne prêta guère attention aux propositions soumises, les négociations furent interrompues à 20h30.

Le 23 novembre, au moment de l’interruption des négociations, se terminait donc aussi le délai légal de négociations de 20 jours. Le syndicat proposa donc, comme cela est légalement possible, une prolongation de 20 jours supplémentaires, qui fut refusée par l’entreprise. En réaction, suite à une réunion avec les employés, le syndicat proposa soit un appel à la grève, soit une convocation au tribunal d’arbitrage. Les employés votèrent en grosse majorité en faveur d’une grève. Par ce moyen le syndicat peut, jusqu’à l’heure précise de la grève, utiliser celle-ci comme moyen de pression afin de trouver une solution aux négociations.

Si une grève est effectuée, tous les employés sont disposés à affronter de possibles répressions et violences. Si celle-ci a lieu pendant la période de Noël, il n’est en effet pas impossible que des répressions aient à nouveau lieu. Le syndicat désire aussi que tout soit fait afin que cette grève ne soit pas à nouveau déclarée illégale. Cependant, il est décidé à mener celle-ci, notamment pour la raison suivante : SINTRAVIFER, qui est un syndicat regroupant des employés de FENOCO sympathisant avec l’entreprise, a réussi à convenir d’une augmentation de salaire de 1,5% par rapport à l’index des prix de consommation. Cependant, comme cet index est proche de 0, l’augmentation est quasi nulle. SINTRAIME, qui représente un syndicat non reconnu par FENOCO, désire quant à lui une amélioration plus significative.

SINTRAIME espère, en faisant grève, que la population située autour des mines et du chemin de fer se joigne à eux. Les syndicats FUNTRAENERGETICA, SINTRAMIENERGETICA et SINTRAIME, qui représentent les travailleurs des mines des départements du Cesar et de la Magdalena ont renforcé leur travail avec les paysans et les populations locales, notamment en organisant des ateliers au sujet des différents problèmes rencontrés, ce qui a conduit à la création d’un catalogue de négociations.

Les exigences sont diverses ; elles comportent par exemple la demande de construction d’hôpitaux et de postes de santés ainsi que d’écoles, mais aussi des aménagements corrects, comme la construction de ponts au dessus de la ligne de chemin de fer et la fourniture de meilleurs services de base (par exemple au niveau de l’hygiène) aux communautés. Enfin, il faudrait offrir à la population locale une plus grande quantité de postes de travail, et de meilleure qualité. À ces fins est né le Frente Común Obrero Campesino, Popular y Comunitario. Mi-décembre, ce catalogue de propositions a été soumis aux communautés, aux départements et aux organes du gouvernement central, dans l’espoir que les demandes des populations locales soient prises en compte lors des plans et investissements mis en place dans la région.

Berne, le 6 décembre 2009, Stephan Suhner, Groupe de travail Suisse-Colombie