Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

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Coordination contre l’exclusion et la xénophobie

Défaite par les urnes aggravée par une inquiétante atteinte au vivre ensemble

lundi 30 novembre 2009 par infomation fournie par nos alliés

C’est avec tristesse et effarement que la Coordination contre l’exclusion et la xénophobie (StopEX) a
pris connaissance de l’acceptation par le peuple et des cantons de l’initiative anti-minarets. Cette
victoire de l’intolérance et de la haine laissera pour longtemps des traces lourdes de conséquences
qu’il est encore difficile d’évaluer aujourd’hui. La majorité du peuple, redoutant une atteinte à l’identité
suisse, a en fait, par son approbation, amorcé un changement des plus inquiétants : l’islamophobie
figurera en toutes lettres dans la Constitution, laquelle contiendra désormais un article clairement
discriminatoire. C’est un signal très négatif que notre pays envoie au monde.

Par ailleurs, pendant cette campagne, alors qu’elle n’avait fait l’objet d’aucune attaque depuis sa
construction en 1978, la mosquée de Genève a été vandalisée à trois reprises. Dans un journal sous
la responsabilité d’un conseiller national, un article a appelé à l’expulsion en masse de tous les
musulmans1. Est-ce là le débat prétendument sain que voulaient ouvrir l’UDC et l’UDF ? Peu de
questions constructives sur la place de l’islam et des musulmans dans notre pays ont été soulevées,
et le débat a rapidement dérapé vers une vaste caricature faite de provocations, d’amalgames,
d’exagérations voire de mensonges.

Les Chambres fédérales n’auraient jamais dû accepter que soit soumise au peuple une initiative dont
l’application pousse la Suisse à enfreindre sa Constitution et ses obligations au regard du droit
international, à en croire les dernières recommandations que le Comité des Droits de l’Homme a
adressées à la Suisse2. Les autorités fédérales auraient dû éconduire des initiants qui n’avaient pas
pour but d’interdire une construction prétendument nuisible, mais bien de déblatérer des discours
haineux et d’afficher des images choquantes, pour stigmatiser et discriminer une nouvelle fois toute
une partie de la population, utilisant comme toujours la peur de l’autre pour faire parler d’eux.

Malgré le fait que nombre important d’acteurs du monde politique, syndical, associatif et religieux se
soit prononcé contre cette initiative et l’ait combattu avec force, la Coordination ne peut que regretter
l’extrême mollesse dont a fait preuve la plupart des partis politiques. Ceux-ci, bien qu’officiellement
opposés à l’initiative, ont semblé hésiter tout au long de la campagne à la combattre frontalement.

Les médias, surtout audiovisuels et radiophoniques, ont par ailleurs joué un rôle étonnant dans cette
campagne en offrant une tribune démesurée aux provocations des milieux xénophobes, contribuant
ainsi à instaurer un débat sur la menace prétendue de l’islam plutôt que sur la prise en otage des
outils de démocratie directe par le populisme nationaliste et raciste. Personne ne sort vainqueur d’un
exercice électoral aussi caricatural. Au contraire, des fractures nouvelles sont apparues dans notre
société fière de sa diversité ! Il est grand temps de mettre fin à une réelle stratégie de sape d’un
modèle de société fondé sur la tolérance et le respect de l’altérité et permettant le « vivre ensemble »,
dans la diversité culturelle et d’origine. Tel est l’irréversible destin de nos sociétés, dans le cadre d’une
mondialisation achevant de mettre en contact des civilisations qui ne peuvent plus s’ignorer.

Le comité de StopEX

www.stopexclusion.ch

1 Article de Sonntagszeitung du 15 novembre 09. Le conseil national en question est Ulrich

PS:

(La Coordination contre l’exclusion et la xénophobie est composée d’une quarantaine d’organisations et de membres individuels attachés
à la défense des droits des migrant-e-s, des étrangers, des demandeurs d’asile. La liste complète de ses membres ainsi que d’autres
informations utiles sur ses activités est disponible sur son site internet.)