Communauté genevoise d’action syndicale

Organisation faitière regroupant l’ensemble des syndicats de la République et canton de Genève

Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève

iban CH69 0900 0000 8541 2318 9

Publicitas supprime 90 emplois, sans vrai plan social !

mardi 23 juin 2009 par Claude REYMOND

Lausanne, le 23 juin 2009. L’incertitude est encore présente. Les salarié·e·s lausannois de Publicitas Léman apprendront demain mercredi qui, parmi eux, sont licencié·e·s, les Genevois jeudi. Dans le cadre de la procédure de consultation obligatoire en cas de licenciements collectifs, Publicitas a présenté un plan social quasiment sans contenu. Les salarié·e·s ont fait part de leurs propositions dans une lettre collective. Comedia, le syndicat des médias, appuyait cette démarche et demandait également un vrai plan social et d’être partie prenante à la négociation. Le 19 juin, Publicitas a refusé quasiment toutes les propositions et refusait de négocier. Comedia maintient son exigence d’un vrai plan social puisque Publigroupe, le géant suisse de la pub, en a largement les moyens.

Sur 139 salarié-e-s de Publicitas Léman, 70 (56 à Lausanne et 14 à Genève) se voient signifier leur congé aujourd’hui et demain pour le 31 décembre 2009. Six autres ont reçu des propositions de préretraite minimales. Treize personnes supplémentaires ont déjà signé un contrat avec Edipresse. Quatorze des licencié-e-s sont encore en pourparlers avec Edipresse pour être repris. Pour les autres, au moins 56, aucune solution n’est en vue, hormis quelques maigres mesures d’accompagnement.

Pour rappel, la veille de l’annonce en mars de la reprise d’Edipresse par le Zurichois Tamedia (Tages-Anzeiger, Berner Zeitung, Bund, …), l’éditeur lausannois a résilié ses contrats avec Publicitas. Dès 2010, Edipub commercialisera en Suisse romande tous les médias d’Edipresse. La résiliation de ce contrat frappe de plein fouet Publicitas Léman, filiale du géant lausannois des médias Publigroupe.

Publicitas ne prévoit dans son plan social que le strict minimum, soit l’accompagnement des personnes licenciées et le paiement d’indemnités correspondant à 2 mois de salaire pour les personnes âgées de plus de 50 ans et ayant 20 ans d’ancienneté, ce qui ne concerne que quelques personnes. Dans une lettre collective, les salarié·e·s de Publicitas Léman ont fait de nombreuses propositions pour éviter les licenciements ou en atténuer les conséquences, comme le recours au temps partiel, des possibilités de formation, de primes pour départ volontaire, des indemnités de départ pour tous. Ils exigaient « que la direction négocie un plan social conséquent avec les représentant·e·s de comedia et une délégation de salarié·e·s de Publicitas Léman ».

Publicitas avait fixé unilatéralement au jeudi 18 juin 2009 à midi la fin de la consultation légale concernant le licenciement collectif. Le 19 juin, la direction a écrit à ses « chères collaboratrices, chers collaborateurs » qu’elle refusait quasiment toutes les propositions, qu’elle faisait vraiment le maximum mais n’avait pas les moyens de faire plus, et qu’elle refusait toute négociation avec une délégation des représentant·e·s du personnel et Comedia ! Edipresse de son côté a aussi refusé toute forme de discussion avec Comedia et les représentant·e·s des personnes licencié·e·s pour garantir la reprise prioritaire des personnes qui travaillent pour ses titres chez Publicitas.

Pour Comedia, il y a encore une marge de manœuvre pour que Publigroupe - dont la rentabilité avait progressé en 2008 de 2,6 à 3,2% - négocie un vrai plan social. Il en a les moyens, d’abord parce que l’assemblée des actionnaires a décidé fin avril de se verser 7,91 millions de dividendes sans prévoir aucune réserve pour le plan social alors que l’imminence et l’importance des licenciements étaient déjà connues de tous depuis début mars. De plus, Publigroupe touche 3,6 millions d’intérêts chaque année pour un prêt à Edipresse (40 millions à 9%) et pourrait exiger un remboursement accéléré de ce prêt (les actionnaires d’Edipresse se sont aussi octroyés 6,5 millions de dividendes le 2 juin). Enfin, Publigroupe possède 20% des actions d’Edipresse ; en les revendant, ce qui est déjà prévu à moyen terme, il pourrait récupérer près de 50 millions au cours actuel. Comedia continue d’exiger, au nom des salarié·e·s, un plan social digne de ce nom. En ce sens, Comedia a obtenu que le Service de l’Emploi du canton de Vaud organise ce vendredi 26 juin une table ronde entre lui-même, Publicitas et Comedia.

Informations : Kathrin Melzani, Secrétaire régionale, secteur Communication visuelle +41 79 245 63 72



Derniers articles