Observatoire de l’Aide Sociale et de l’Insertion

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Rapport sur la pauvreté dans le canton de Genève

vendredi 23 septembre 2016

Ce rapport reprend toutes les données statistiques disponibles sur la pauvreté dans le canton de Genève - voici un extrait des conclusions :

"Si la présente étude confirme que le travail peut être un rempart contre la pauvreté et la précarité (le taux de risque de pauvreté des actifs avec une forte relation à l’emploi est nettement inférieur à celui de l’ensemble des assujettis au RDU genevois), elle rappelle néanmoins qu’un emploi, même à plein temps, ne protège pas nécessairement du risque de pauvreté, et souligne que la pauvreté laborieuse est un phénomène présent à Genève, qui est vraisemblablement appelé à augmenter dans les années à venir.

À ce propos, l’accroissement des inégalités salariales démontré par plusieurs indicateurs, s’il devait se poursuivre, occasionnerait une augmentation du nombre de personnes se situant en dessous du seuil de risque de pauvreté, et probablement aussi des personnes ayant recours à des prestations sociales d’assistance. Il faut donc conclure qu’en l’absence d’un changement de cap dans les politiques salariales, l’intervention de l’Etat pour remédier à la faiblesse des revenus du travail sera appelée à augmenter, faisant dans les faits peser sur les finances publiques une insuffisance découlant de l’évolution du marché du travail. L’on peut même aller plus loin, en admettant la nécessité de lutter contre le désengagement des employeurs, dont l’insuffisance des salaires versés est comblée par les diverses prestations sociales délivrées par l’Etat, notamment les PCFam.

À des salaires trop souvent insuffisants s’ajoute à Genève un coût de la vie élevé, observable sur les biens de première nécessité mais aussi et surtout sur les prix du logement ou les coûts de la santé. L’aide sociale, en tant que relation d’assistance, devrait dans l’absolu correspondre à une phase de transition. Or, sans action de l’Etat ciblée sur les corollaires à une sortie de l’aide sociale – à savoir, notamment, l’accès à un logement à prix décent, un salaire suffisant pour couvrir les charges du ménage et des primes d’assurance maladie dont le coût n’engendre pas des inégalités dans l’accès aux soins – l’on peut non seulement s’attendre à une augmentation du
nombre de personnes à l’aide sociale, mais en plus à une prolongation de la durée de la relation d’assistance.

Un autre constat mis en exergue par cette étude est la grande précarité des personnes sans diplôme ou formation achevée, qui rencontrent d’importantes difficultés à s’insérer durablement sur le marché de l’emploi. Le dispositif d’aide sociale, en tant que dernier filet du dispositif, prend en effet en charge un nombre important de personnes qui n’ont pas réussi à entamer, achever ou à faire reconnaître (pour des personnes migrantes) une formation, et qui par cette limitation ne parviennent pas à s’insérer sur le marché du travail, cela en dépit de leurs efforts. Il s’avère que l’absence de formation est un des éléments qui aggrave tous les indicateurs
de pauvreté, de précarité, d’aide sociale, de surendettement et de santé, ce qui fait de ce public une cible prioritaire de la lutte contre la pauvreté. Si une piste d’intervention dans ce domaine devait concerner la qualité du travail et des salaires, une autre devrait impérativement concerner la formation.

Un renforcement des politiques de soutien à la formation des jeunes adultes en difficulté permettrait de sortir du dispositif d’aide sociale des personnes dont la carence principale se situe au niveau de la formation, et de focaliser ce dispositif sur l’assistance aux personnes dans le besoin et sur la (ré)insertion professionnelle des travailleurs déjà formés. Une réflexion en termes d’investissement social appelle à étoffer les incitations à entrer en formation ou à en reprendre une, pour ceux et celles qui l’auraient interrompue, par exemple en simplifiant l’accès aux bourses et prêts d’études et en renforçant les soutiens et encouragements.

Ce constat vient confirmer le choix du Canton, qui a inscrit dans la nouvelle Constitution entrée en vigueur en 2013, l’obligation de se former jusqu’à l’âge de la majorité, et qui a fait de la formation professionnelle un axe prioritaire d’action. [...]

Pour conclure, l’on relèvera que lutter contre la pauvreté et la précarité, phénomènes dont les effets sont multiples, implique d’agir sur divers aspects du fonctionnement de notre société, au niveau individuel comme au niveau collectif. Les fondamentaux de cette lutte au sens large contre la pauvreté et la précarité sont à Genève
mentionnés dans la loi relative à la politique de cohésion sociale en milieu urbain (A 2 70), dont le but est "de promouvoir la cohésion sociale en garantissant à la population un cadre de vie social,
économique et environnemental de qualité sur l’ensemble du territoire cantonal" (article 1)."



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