pour que cesse l’impunité

en matière d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, tortures

ou autres dénis des droits fondamentaux

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Prévenu d’assassinats

Erwin Sperisen veut porter plainte aux frais de l’Etat

vendredi 9 novembre 2012

La justice, qui refuse de payer un avocat à l’ex-chef de la police du Guatemala, le prie de rédiger sa dénonciation contre un témoin

Fedele Mendiclno, Tribune de Genève, vendredi 9 novembre 2012

L’ancien chef de la police guatémaltèque
Erwin Sperisen*, suspecté
d’exécution extrajudiciaire
et prévenu d’assassinats, tombe
de Charybde en Scylla. Le mois
dernier, la justice genevoise lui
refusait d’écarter de la procédure
le procureur Yves Bertossa, qu’il
estime trop proche de Trial, l’ONG
ayant saisi le Ministère public. Peu
après ce revers, le détenu annonçait
le dépôt imminent d’une
plainte pour faux témoignage contre
un témoin. Ce dernier, qui
aurait vu Erwin Sperisen en train
de tuer un détenu au Guatemala,
a été présenté au procureur par
Trial, auprès de laquelle il aurait
élu domicile. Or, selon nos informations,
la plainte pénale annoncée
n’est pas parvenue au Ministère
public. Et pour cause : elle n’a
pas encore pu être rédigée, car
l’assistance juridique (AJ), financée
par l’Etat, refuse de prendre
en charge les honoraires des avocats
de la défense mandatés pour
écrire cette plainte : (Notre client
est à l’Hospice général depuis
deux ans, il parle très mal le français
et ce genre de dénonciation
nécessite la connaissance de certaines
notions juridiques », s’offusquent Mes Giorgio Campa et Florian
Baier, représentant les intérêts d’Erwin Sperisen.

Entravés dans leur travail

Ce n’est pas l’avis de l’ AJ, pour
laquelle leur client peut effectuer
cette démarche seul et qui invite
donc le prévenu, détenu depuis le
31 août à Genève, à solliciter « au
besoin » l’aide d’un assistant social
de la prison de Champ-Dollon.

De quoi faire bondir les avocats,
qui s’estiment manifestement
entravés dans leur travail.
Me Campà rappelle que leur client
avait demandé, dès son arrivée en
prison, à pouvoir discuter avec un
assistant social : « Il n’a eu son premier
entretien que la semaine dernière
... soit dans un délai de deux
mois. Il serait intéressant de voir si vraiment la prison a les moyens de
mettre à sa disposition un traducteur,
un ordinateur et des assistants
sociaux pour permettre à
Monsieur Sperisen de rédiger sa
plainte. » Mais de manière générale,
le service en question est-il
habilité à rédiger des plaintes ? « Le
service socio-éducatif n’a pas pour
vocation de se substituer aux avocats
et, par ailleurs, les collaborateurs
ne sont pas juristes, précise
Laurent Forestier, porte-parole
du département en charge de la
prison. Néanmoins, ils sont habilités
à accompagner des détenus
dans la rédaction de courrier. »

Que compte faire dès lors le
duo d’avocats ? Prendre en charge
la plainte ? « Dans tous les cas, notre
client va se débrouiller pour
porter plainte afin qu’une en·
quête soit également menée sur
l’implication de Trial dans l’intervention
de ce faux témoin. Cette
ONG a apparemment fait un pré-interrogatoire
qu’elle a ensuite remis
au procureur sur support vidéo.
Si cela s’avère exact, cette
situation sera suffisamment grave
pour nécessiter un complément
d’investigation. »

« En prison pour rien »

D’après Erwin Sperisen, le fameux
témoin a menti en affirmant
l’avoir vu tirer à bout portant dans
la tête d’un homme sous ses yeux.
« Or, cet homme a reçu des balles
dans le thorax et l’abdomen, et
l’heure à laquelle le « témoin » prétend
avoir vu ce crime (16 h) est en
contradiction avec le dossier,
puisque l’opération de police était
largement terminée à ce moment-là et que l’identification des
personnes décédées avait déjà été
effectuée. ») Aux yeux des avocats
d’Erwin Sperisen, leur client a été
interpellé à cause de ce faux témoin :
« Mais personne ne veut le
reconnaître, s’étonne Me Baier. Il
reste donc en prison pour rien. »

Me Philip Grant, avocat de Trial,
ne souhaite pas s’exprimer sur ces
éléments. En revanche, il précise
que le fameux témoin n’a pas élu
domicile auprès de l’ONG. Il a en
effet un avocat en la personne de
Me Nicolas Gurtner. Ce dernier ne
désire pas faire de commentaires
à ce stade de la procédure.

PS:

* lequel, lors d’un interview le 2 avril 2007, déclarait « Les escadrons de la mort qui fonctionnent encore dans le PNC (police) et le ministère de l’Intérieur, sont une œuvre sainte qui est organisée par des officiers et du personnel des églises évangéliques, qui connaissent nos obligations envers la société ... je dois admettre que l’article publié dans le New York Times** le 5 Mars de cette année (2007) est vrai. »

voir

** Exrait NYT : « Les officiers de ces escadrons appartiennent à des églises évangéliques, a indiqué le responsable, et voir les exécutions extrajudiciaires de membres de gangs, connus ici comme « nettoyage social », comme saint travail. Mais ils ont aussi commencé à commettre des crimes pour leur propre profit ».




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