9 novembre 1932 - plus jamais ça

à la mémoire du 9 novembre 1932, pour la démocratie et la liberté

p.a. CGAS - Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève

Revue militaire suisse - Edition de novembre 1997

samedi 21 octobre 2006 par Claude REYMOND

Par le divisionnaire Eugène P Dénéréaz

Le 9 novembre 1932 à Genève

Déclencher une émeute est un travail de longue haleine. Il faut un milieu propice, des esprits préparés à une telle éventualité et, surtout, une masse incapable de répondre de ses actes et de sa conduite. C’est le climat qui règne le 9 novembre à Genève, au moment ou l’École de recrues III/1 gagne la caserne du Quai Charles-Page.

Cette école est immédiatement mise à la disposition du Conseil d’État pour un service d’ordre à exécuter dans la soirée du 9 novembre en ville de Genève. Son engagement incombe entièrement à son commandant, dont la mission sera définie par l’autorité politique. Et le Conseil fédéral de préciser qu’une fois sa tâche terminée, l’école réintégrera ses quartiers de Lausanne.

À 18 heures, au cours d’une conférence tenue à la caserne de Plampalais, le Conseil d’État donne à la troupe et à son chef la mission suivante :

- garder la caserne et l’arsenal ;
- protéger le Palais de la Société des nations, quai Wilson ;
- coopérer à l’action de la police en vue du maintien de l’ordre à la rue de Carouge et aux environs de la salle communale de Plainpalais ;
- rétablir l’ordre après la manifestation.

La manifestation, dont il est question, a pour but de perturber la réunion organisée par l’Union nationale à la salle communale de Plainpalais, réunion autorisée par le Conseil d’État. Elle rassemble à l’appel du parti socialiste genevois, plus de 4000 personnes ayant pour consigne de tenir la rue et de la tenir jusqu’au bout.

Les barrages établis par la police sont enfoncés après quelques bousculades, et la salle de réunion encerclée.

Il est 21 heures lorsque le chef du Département de justice et police demande l’intervention de I’Ecole de recrues III/1. À 21 h 45, la compagnie I quitte la caserne pour aller dégager le boulevard du Pont d’Arve.

L’idée de manœuvre est de former deux files marchant de chaque côté du boulevard et d’inviter les manifestants à se retirer, des files que ceux-ci fractionnent sans grand-peine. La compagnie I reflue bientôt vers le palais des expositions où, après un signal de trompette, elle ouvre le feu, ce qui permet à la compagnie II de la dégager.

Le nombre de victimes est de 13 morts et de 70 blessés. Le nombre des militaires blessés de 80. Les pertes en matériel s’élèvent à10 mousquetons, 15 baïonnettes, 2 pistolets, 1 fusil-mitrailleur, 10 casques et autres pièces d’équipement. Pas de munitions volées, celles-ci étant restées dans les cartouchières jusqu’à l’ouverture du feu.

Le lendemain, le Conseil d’État mobilise le régiment genevois et obtient le soutien d’éléments du régiment d’infanterie de montagne 6. Le calme revenu, l’École de recrues III/1 reprendra le chemin de Lausanne.

RMS