9 novembre 1932 - plus jamais ça

à la mémoire du 9 novembre 1932, pour la démocratie et la liberté

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Paru dans la Tribune de Genève

Le caillou le plus célèbre de Genève va probablement déménager

mercredi 10 septembre 2008 par Claude REYMOND

HISTOIRE La pierre du souvenir du 9 novembre 1932 devrait quitter la plaine de Plainpalais pour Uni Mail.

JEAN-YVES CLÉMENZO

Depuis vingt-six ans, cette pierre fait partie intégrante de la plaine de Plainpalais. Pour­tant, le fameux caillou du 9 no­vembre 1932 devrait bientôt dé­ménager sur l’esplanade d’ Uni Mail.

Sur l’une de ses faces, on peut lire : « Aux victimes du 9 novembre 1932. Plus jamais ça. » La pierre rappelle que, ce jour-là, l’armée a tiré sur un groupe de manifestants qui protestaient contre un rassem­blement de l’extrême droite, tuant treize personnes.

En souvenir des victimes, des syndicalistes ont posé en douce pendant la nuit précé­dant le 9 novembre 1982 cette pierre sur la plaine. Un comité avait lancé une souscription pour bâtir un monument, mais la Ville a refusé de parti­ciper. Faute de moyens, le groupe de syndicalistes a trans­porté un des blocs qui se trou­vaient en amont du lac de Verbois où des digues souter­raines étaient creusées.

« Nous voulons maintenant déplacer cette pierre devant Uni Mail à l’emplacement de l’ancien Palais des Expositions, là où la troupe a fait feu sur les manifestants », explique Claude Reymond, secrétaire de la Communauté genevoise d’ac­tion syndicale.

Divergences idéologiques
Le déplacement est aussi motivé par des raisons prati­ques. Chaque année, une com­mémoration a lieu au soir du 9 novembre en souvenir de ceux qui sont tombés sous les balles. « Nous étions 250 lors de la manifestation du 75e anni­versaire. Le bout de la plaine est trop coincé et proche des flots de circulation », estime Claude Reymond.

Ne serait-ce pas aussi une façon de séduire les étudiants de l’université ? « Au sein du groupe de commémoration, on se dit depuis sept ou huit ans qu’il faut sensibiliser les jeunes. La mémoire historique se perd », répond Claude Reymond.

Un argument qui fait bondir l’historien Bernard Lescaze : « Nous devrions plutôt nous dé­barrasser de ce caillou ! » Le radical ne comprend pas que le gouvernement cautionne le transfert d’une pierre posée illé­galement par un comité privé. « Sur le fond, on utilise une mémoire émotionnelle à des fins politiques. » Plutôt qu’une pierre monumentale, Bernard Lescaze voudrait une modeste plaque.

Du côté de l’ Université, on précise que le site de l’espla­nade dépend du canton. « Nous n’avons aucune opposition si les raisons du transfert sont histo­riques. Par contre, si le but avoué est de nature à attiser l’idéologie, là nous disons non », précise Didier Raboud, respon­sable de la communication.
Alors que la Ville, en charge de la plaine de Plainpalais, a déjà accordé son feu vert, le Conseil d’ Etat doit encore don­ner son accord. Le gouverne­ment se penchera probable­ment sur la question mercredi prochain.