à la mémoire du 9 novembre 1932, pour la démocratie et la liberté
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HISTOIRE La pierre du souvenir du 9 novembre 1932 devrait quitter la plaine de Plainpalais pour Uni Mail.
JEAN-YVES CLÉMENZO
Depuis vingt-six ans, cette pierre fait partie intégrante de la plaine de Plainpalais. Pourtant, le fameux caillou du 9 novembre 1932 devrait bientôt déménager sur l’esplanade d’ Uni Mail.
Sur l’une de ses faces, on peut lire : « Aux victimes du 9 novembre 1932. Plus jamais ça. » La pierre rappelle que, ce jour-là, l’armée a tiré sur un groupe de manifestants qui protestaient contre un rassemblement de l’extrême droite, tuant treize personnes.
En souvenir des victimes, des syndicalistes ont posé en douce pendant la nuit précédant le 9 novembre 1982 cette pierre sur la plaine. Un comité avait lancé une souscription pour bâtir un monument, mais la Ville a refusé de participer. Faute de moyens, le groupe de syndicalistes a transporté un des blocs qui se trouvaient en amont du lac de Verbois où des digues souterraines étaient creusées.
« Nous voulons maintenant déplacer cette pierre devant Uni Mail à l’emplacement de l’ancien Palais des Expositions, là où la troupe a fait feu sur les manifestants », explique Claude Reymond, secrétaire de la Communauté genevoise d’action syndicale.
Divergences idéologiques
Le déplacement est aussi motivé par des raisons pratiques. Chaque année, une commémoration a lieu au soir du 9 novembre en souvenir de ceux qui sont tombés sous les balles. « Nous étions 250 lors de la manifestation du 75e anniversaire. Le bout de la plaine est trop coincé et proche des flots de circulation », estime Claude Reymond.
Ne serait-ce pas aussi une façon de séduire les étudiants de l’université ? « Au sein du groupe de commémoration, on se dit depuis sept ou huit ans qu’il faut sensibiliser les jeunes. La mémoire historique se perd », répond Claude Reymond.
Un argument qui fait bondir l’historien Bernard Lescaze : « Nous devrions plutôt nous débarrasser de ce caillou ! » Le radical ne comprend pas que le gouvernement cautionne le transfert d’une pierre posée illégalement par un comité privé. « Sur le fond, on utilise une mémoire émotionnelle à des fins politiques. » Plutôt qu’une pierre monumentale, Bernard Lescaze voudrait une modeste plaque.
Du côté de l’ Université, on précise que le site de l’esplanade dépend du canton. « Nous n’avons aucune opposition si les raisons du transfert sont historiques. Par contre, si le but avoué est de nature à attiser l’idéologie, là nous disons non », précise Didier Raboud, responsable de la communication.
Alors que la Ville, en charge de la plaine de Plainpalais, a déjà accordé son feu vert, le Conseil d’ Etat doit encore donner son accord. Le gouvernement se penchera probablement sur la question mercredi prochain.