9 novembre 1932 - plus jamais ça

à la mémoire du 9 novembre 1932, pour la démocratie et la liberté

p.a. CGAS - Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève

Rémy Pagani, Esplanade d’Uni-Mail, le 9 novembre 2018

lundi 11 mars 2019

Mesdames et Messieurs, Chers amis,

Je tiens d’abord à vous remercier toutes et tous de votre présence ce soir pour se souvenir ensemble de cette dramatique journée du 9 novembre 1932.

C’est une fois encore le devoir de mémoire qui nous réunit ici.

Parce que ce 9 novembre 1932 restera comme la date la plus tragique de l’histoire contemporaine de Genève.

Ce jour-là, de jeunes recrues de l’armée suisse ouvrent le feu sur la foule, provoquant la mort de 13 personnes et faisant 65 blessés.

La fusillade éclate lors d’une manifestation des partis de gauche opposés à un meeting des fascistes genevois dirigés par Georges Oltramare.

Ce soir, nous nous rassemblons pour nous souvenir de ces instants terribles, de ces souffrances inutiles, de ces destins brisés.

Nous nous rassemblons pour rendre hommage aux victimes, et pour poursuivre encore et toujours cette action de commémoration qui permet de lutter contre l’oubli et la banalisation de l’histoire, et de conjurer un passé que l’on ne veut pas voir se répéter.

Les années 30 nous montrent en tous cas où peuvent mener les nationalismes.

Ce 9 novembre 1932 s’inscrit dans l’époque des mouvements fascistes qui s’étaient constitués au lendemain de la Première guerre mondiale, sur fond de malaise social, intellectuel, politique et bien sûr économique, au lendemain de la grande crise de 1929 avec notamment 12 millions de chômeurs aux Etats-Unis et 6 millions en Allemagne.

Même si la situation du monde actuel n’est évidemment pas comparable, on constate que dans de nombreux pays se propagent aujourd’hui des idées extrémistes prônant la confrontation, la peur de l’autre et l’intolérance.

Et l’on sait très bien que ces idées néo-fascistes peuvent mener à tous les débordements et à toutes les folies.

Ce début de troisième millénaire n’a donc pas fait disparaître toutes les menaces puisque, aujourd’hui, les atteintes aux libertés et la répression brutale des mouvements sociaux et des minorités est malheureusement toujours une réalité.

D’où l’impérieuse nécessité, dans la vie d’une société démocratique comme la nôtre, de rappeler ces moments qui blessent la mémoire, pour que jamais on ne leur donne la moindre chance de se reproduire.

En ce qui concerne cette pierre et son implantation, la Ville de Genève est heureuse d’avoir pu participer à ce long combat qui a été mené par plusieurs d’entre vous.

En effet, rappelons-nous que lors de son inauguration déjà elle subissait des protestations des milieux réactionnaires. Un citoyen a même utilisé son 4x4 pour l’arracher de son socle.

Des nombreuses entraves politiques, juridique et techniques prétextes ont été opposées aux légitimes demandes de celles et ceux qui voulaient voir poser ce monument de mémoire sur le lieu même de la tuerie.

Mesdames et Messieurs,

En cet instant du souvenir, il faut rappeler et défendre inlassablement les valeurs humanistes qui sont les nôtres, les valeurs de liberté, de dignité, de justice sociale et de tolérance qui fondent notre société démocratique. C’est le capitalisme qui est le terreau de situation historique qui secoue le monde. Il faut s’en débarrasser.

Au nom des Autorités de la Ville de Genève, je tiens encore une fois à vous remercier toutes et tous de votre présence et à remercier également le Comité d’organisation du souvenir du 9 novembre 1932 pour cette action indispensable de témoignage et de mémoire.

Je vous remercie.