9 novembre 1932 - plus jamais ça

à la mémoire du 9 novembre 1932, pour la démocratie et la liberté

p.a. CGAS - Rue des Terreaux-du-Temple 6 - 1201 Genève

discours de Joël MUGNY, Président du 9 NOVembre 2013

mardi 12 novembre 2013 par Claudio

Chers collègues, Chers camarades, Chers amis,

Nous voilà rassemblés une fois encore pour commémorer la fusillade intervenue devant l’ancien Palais des Expositions à deux pas de cette Pierre, faisant 13 morts et plus de 60 blessés.

Il y a 81 ans et deux jours nous pouvions lire :
« L’immonde Nicoulaz, le juif Dicker et leur clique préparent la guerre civile. Ils sont les valets des Soviets. Abattons-les ! A bas la clique révolutionnaire ».

Il faut dire que le 6 novembre le Parti Socialiste demandait l’interdiction de rassemblement pour l’Union Nationale. Le Conseiller d’Etat responsable du Département de Justice et Police Frédéric Martin déclarait :

« Le droit de réunion est une chose sacrée et nous ne permettrons pas d’y toucher ».
Léon Nicole appelle alors à une contre-manifestation.

Le 7 novembre le Conseil administratif de Genève annonce qu’il maintient son accord pour prêter la salle communale de Plainpalais.

Le 8 novembre le Parti Socialiste appelle à se joindre à la contre-manifestation.

Le 9 novembre à 7H00 du matin Frédéric Martin appelle le Procureur Général Charles Cornu. Puis le Conseil d’Etat décide de faire appel à l’armée. C’est l’école de recrues de Lausanne comprenant 610 recrues et 30 officiers qui est choisie pour assurer cette mission. On leur remet des cartouches à balles réelles annonçant que « La révolution a éclaté à Genève ». 4 soldats refusent de suivre l’ordre ils sont immédiatement mis aux arrêts. La suite, malheureusement, vous la connaissez.

Le 10 novembre le Conseil d’Etat fait interdire tout rassemblement ou cortège sur la voie publique.
Sur mandat d’amener de Frédéric Martin, Léon Nicole et 39 autres militants de gauche sont écroués à la prison de St-Antoine.

Mais aujourd’hui.

L’extrême droite a rassemblé près d’un tiers des suffrages lors des dernières élections à Genève. Et demain nous ne savons pas encore comment notre gouvernement sera composé.

En France le Front National sera peut-être bientôt le premier parti du pays.

La Méditerrannée devient le plus grand cimetière 20’000 migrants, fuyant des gouvernements totalement corrompus, ont trouvé la mort. L’Europe mais aussi la Suisse et la Genève Internationale portent une lourde responsabilité dans ces drames.

Des poches plus ou moins importantes d’extrémistes de droite se forment dans l’ensemble des pays européens, de tout au Nord à tout au Sud. En cause première la paupérisation d’une importante partie de la classe moyenne qui, plutôt que de s’unir contre une classe dirigeante toujours plus riche et arrogante, va chercher les problèmes dans le plus faible, l’étranger, l’autre, cristallisant un populisme des plus dangereux. Il faut, à tout prix, éviter que ces poches éclatent et se répandent. Le danger est certain, la vigilance doit être constante.

Chaque crise amène une poignée d’hommes à développer des arguments chocs qui visent à la désunion, aux discours alarmistes, au repli sur soi, à la haine de l’autre.

A Genève.

Tout est mis en place pour démanteler les acquis sociaux, diviser les travailleuses et travailleurs entre eux. Des foyers de résitance se forment. Citons les luttes de Gate Gourmet, des Eds, du Service de Protection des Mineurs, du Service de Protection des Adultes. Qu’est que l’Etat fait ? Des licenciements en violation de la Constitution se passent. Qu’est-ce que l’Etat fait ?
Des conventions collectives de travail ne sont plus respectées, la dignité humaine et le respect du vivre ensemble sur son lieu de travail non plus. Que fait l’Etat ?

Quand l’Etat ne fait plus, quand l’Etat laisse faire, un danger certain s’installe. Quand l’Etat préconise la préférence cantonale, quand l’Etat capitule devant le roi argent du négoce et des multinationales, un certain danger s’installe. Espérons que l’Etat va radicalement changer d’attitude.

Nous sommes ici pour dire et redire : « plus jamais ça » et nous espérons qu’une nouvelle unité des forces militantes se réveille pour que demain ne soit pas synonyme de travail précaire, activités à déployer jour et nuit, salaires de misère, libéralisme à tout crin, assurances sociales décapitées, haine de la différence, intolérance à l’autre.

Pour terminer et reprendre les paroles de l’écrivain martiniquais Aimé Césaire porté en fin d’appel à ce moment de rencontre :
« Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ».

Je vous donne rendez-vous l’année prochaine beaucoup plus nombreux, toujours plus déterminés et que la flamme de la mémoire allumée dans la lanterne sur la Pierre ne s’éteigne jamais, et notre désir de résistance non plus.