Comité d’organisation du 1er Mai

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discours de Salika Wenger (PdT/AdG)

lundi 1er mai 2000 par Claude Reymond

Projet de discours de Salika / PDT

1er mai 2000

« travailleuses, travailleurs de tous les pays unissons nous ! »

Il y a quelques années encore cette phrase faisait sourire certains… A grands coups médiatiques on nous avait martelé la fin de la lutte des classes et l’avènement de lendemains libéraux qui chantent…

Aujourd’hui, alors que les attaques contre les droits des travailleuses et des travailleurs sont toujours plus violentes et radicales, travail sur appel, salaire au mérite, retraite retardée et j’en passe, plus personne n’a envie de rire à l’énoncé de cette formule qui résume parfaitement le sens et la perspective des luttes que nous devons mener.

Retranchés, sur la défensive, avec de moins en moins de pouvoir de décision, les organisations des travailleuses et de travailleurs doivent affronter cette arme vieille comme le monde mais Ô combien efficace…la Division.
Le capital dresse tout le monde contre tout le monde : travailleurs indigènes contre travailleurs étrangers, cols blancs contre blouses bleues, travailleurs manuels contre intellectuels, fonction publique contre travailleurs du privé, le soi disant Nord contre le soi disant Sud… Pourtant jamais n’est évoquée la seule véritable opposition : celles des travailleuses et des travailleurs contre ceux qui les exploitent.

Sur ce terrain là, on nage dans un flou artistique, dans lequel il n’y a plus de responsabilités, plus de patrons, plus de décisions iniques. Il ne reste plus que des actionnaires anonymes et la dictature du « marché »… Et on nous raconte qu’il y a des marchés pour tous et pour tous les goûts : le marché de l’emploi, celui de la communication, des baskets à talons aiguilles ou de la poudre de perlimpinpin…mais tout ce fatras peu se résumer en deux mots : exploitation capitaliste !

L’idée selon laquelle le marché, se régulerait lui même et permettrait d’aplanir à terme les difficultés d’un nombre croissant de la population, est un mythe au même titre que la reprise économique génératrice d’emploi et de bien être.
J’en veux pour preuve l’anecdote suivante… Je suis certaine que bon nombre d’entre nous connaissent le nom de celui ou celle qui a reçu l’oscar du meilleur acteur à Hollywood cette année…mais combien savent qu’au même moment, à New York 33 000 employés des transports ont fait grève pour obtenir une amélioration de leurs salaires de misère ? je parle des Etats Unis, l’une des plus fortes progressions économiques de ces dernières années… Ne nous berçons pas d’illusions : c’est par la lutte et seulement par la lutte que nous ferons avancer l’idée d’une société égalitaire et redistributrice.

Je me souviens d’une phrase de mon collègue Bernard Clerc lors de mon arrivée au Grand Conseil, « …souviens toi que derrière tous les chiffres…il y a des gens ! ». Or la « globalisation » ce sont des chiffres qui masquent un idéal très éloigné de l’internationalisme que nous espérons tous. Il y a 150 ans Karl Marx disait déjà : la mondialisation est une guerre et une guerre meurtrière contre toutes les travailleuses et les travailleurs du monde. Si nous ne répondons pas à cette politique par une mobilisation et une solidarité sans faille… nous aurons perdu cette bataille pour longtemps.
Face à ces agressions systématiques et sauvages, n’oublions surtout pas que nous disposons d’armes irrésistibles comme, le nombre, la lutte, et dont la grève est l’une des expressions….

Le travail des syndicats et des partis ouvriers d’aujourd’hui, n’est ni d’organiser les travailleuses et les travailleurs, ni de prendre le pouvoir en leur nom, mais de participer activement à l’unification des luttes et à leurs prises en charge par les travailleuses et les travailleurs eux mêmes et ceci loin des chimères « d’indépendance nationale » ou de « repli identitaire. »
Ces idées corporatistes, largement répandues en cette veille de votation pour les bilatérales, sont des poisons pour les travailleuses et les travailleurs. Elles ne visent qu’à leur faire prendre parti pour une fraction ou une autre de la classe dominante, les entraînant à se dresser les uns contre les autres et à prendre part à des conflits, dont seuls leurs exploiteurs tireront des profits juteux.

C’est pourquoi, le Parti du Travail et avec lui toute l’Alliance de Gauche ont décidé de soutenir massivement le référendum contre la nouvelle loi sur le personnel fédéral. Nous devons tous défendre le contrôle démocratique que devrait exercer la fonction publique, pour que ne s’installe pas plus avant une société à multiples vitesses dont nous goûtons déjà les prémisses amères : fermeture des bureaux de postes de proximité, des petites gares CFF, privatisation scandaleuse des télécoms et j’en passe…

Il faut rappeler que ce que le libéralisme appelle pudiquement les « services » et dont il exige la soumission immédiate aux lois du marché, ce ne sont ni plus ni moins que l’Education, la Santé, les Transports, l’Energie. Or il est exclu que nous abandonnions ces domaines de l’activité humaine aux mains des marchands. Refusons d’être vidé de notre humanité et de notre citoyenneté pour devenir au mieux…des clients ou des consommateurs, au pire…des exclus, et dans ce cas, il y a fort à parier qu’il s’agira du plus grand nombre d’entre nous.

Pour que notre monde ne se résume plus à des chiffres stériles, pour que les besoins de chacune et de chacun soient réellement pris en compte, pour qu’enfin les droits des travailleuses et des travailleurs issus de plus d’un siècle de lutte ne soient pas balayés d’un revers de la mains par tous les actionnaires avides de bénéfices….

Travailleuses et travailleurs de tous les pays unissons nous !

Salika Wenger, députée au Grand conseil, PdT/AdG.