Comité d’organisation du 1er Mai

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discours de Pierre VANEK (solidaritéS/ADG)

Bastions vers 16h45

mardi 1er mai 2001 par Claude Reymond

1er MAI 2001 :

Discours de Pierre VANEK (solidaritéS/ADG)

Chers/Chères Collègues,

Chères/Chers Camarades,

« L’injustice te travaille, syndique-toi ! » dit le ruban ROUGE que nous sommes quelques milliers à arborer aujourd’hui à Genève... Ces cinq mots forment le thème que je suis censé illustrer en vous parlant aujourd’hui.

Je pourrais développer le thème de l’injustice, brosser un tableau des inégalités qui se creusent aujourd’hui, dans le monde sous les coups de boutoir d’une offensive néolibérale, menée sous l’étendard des soi-disant bienfaits de la mondialisation capitaliste, rappeler aussi que nous avons à Genève le douteux privilège d’abriter des officines, comme l’OMC et le WEF qui sont au services des puissants de ce monde et qui servent à peaufiner et à mettre en oeuvre ce programme néolibéral de marchandisation intégrale de tous azimuts, rappeler aussi que nous avons su ici prendre place dans cette série de manifestation de Seattle, Washington, Prague, Nice et hier Québec... qui ont servi à éclairer l’autre côté du décor et à dire une volonté de résistance qui va croissante et dont les syndicats sont partie prenante à l’échelle internationale...

J’aurais pu encore par exemple, au chapitre de l’injustice, parler plus près de nous de ces working poor dont la statistique nous apprend qu’ils sont 6% en Suisse, à vivre en dessous des critères officiels de la pauvreté, ceci dans un des pays les plus riches de la planète, dont le gouvernement vient d’annoncer un programme d’armements hallucinant se chiffrant à 30 milliards de francs, pour prendre place « dignement », ou plutôt de manière particulièrement indigne, aux côtés de l’OTAN dans la relance de sa mission autoproclamée de gendarme du monde au service des intérêts impérialistes.

Parlant d’injustice, j’aurais pu enfin dire - et marteler - que celle-ci n’est pas le produit d’un dérèglement « passager », issu d’un air du temps dont nous viendrons à bout d’ici quelques élections, initiatives ou référendums, mais qu’elle est la trame même de l’étoffe dont est faite ce monde actuel, que cette injustice porte un nom : c’est le capitalisme, et que plus que jamais pour ne venir à bout « Le monde doit changer de base ! » comme le disent les paroles de cette Internationale qui résonnera tout à l’heure et qui appelle à une rupture radicale ...pour parler clair à une révolution, faite par et pour les producteurs eux-mêmes, contre ces corbeaux qui se repaissent de leur chair.

J‘aurais pu aussi reprendre le thème du travail, développé dans le tract d’appel à notre mobilisation aujourd’hui, dire combien les conditions de celui-ci se dégradent, combien pied à pied, il faut s’opposer à cette dégradation, s’opposer à cette éclatement, à cette individualisation, à cette précarisation, qui font d’un nombre toujours croissant de travailleuses/eurs les victimes individuelles d’une surexploitation qui s’intensifie. Dire encore une fois que derrière toutes les spéculations et aléas d’un capitalisme financier, dont les heurs et malheurs boursiers sont mis en scène par les médias comme étant l’essentiel, c’est bien le travail réel, productif, des femmes et des hommes qui est la seule source de toutes les richesses de ce monde et que c’est à ceux-ci d’en prendre le contrôle et d’en profiter...

Syndique-toi dit-on sur notre ruban ROUGE, à ce propos je pourrais dire combien l’organisation élémentaire des travailleuses/eurs dans leurs syndicats, non seulement comme syndiqués, mais comme militant-e-s actifs, comme protagonistes de leurs luttes, sur les lieux de travail d’abord, mais à tous les niveaux et jusque dans l’arène politique est indispensable ...et bien sûr difficile.
Sur ce dernier aspect, c’est d’actualité, je pourrais relever avec satisfaction la capacité des syndicats de notre pays de monter au front, en première ligne contre la privatisation-dérégulation du secteur électrique, en faisant aboutir il y a quelques semaines le référendum contre la LME, parce que nos syndicats ont su - dans ce cas - ne pas céder aux sirènes de la marchandisation à tous prix, ne pas céder aux clinquant d’une pseudo-« modernité » ...dont la finalité est l’accroissement du profit d’une poignée de multinationales au détriment de l’emploi et de l’écologie, du service public et du social.

On a vu ce que ce type de « réformes » donne en Californie où la spéculation sur l’électricité à déployé tous ses effets, on voit ce que ce type de logique amène dans notre pays à travers ses effets en matière de projets de démontage du réseau postal. Ce référendum est particulièrement important, parce que c’est la première fois que nous réussissons à contester, à ce niveau et dans ce pays, le rouleau compresseur néolibéral, sur un objet très concret qui nous concerne toutes et tous !

J’aurais pu dire encore nombre de choses ...bref vous faire un très beau - et très long discours - mais j’en resterai là, parce que ce que j’aurais pu dire encore, vous les savez bien les un-e-s et les autres, et surtout parce que ce qu’il nous faut aujourd’hui, ce n’est pas des discours de jours de fête... c’est des actes au quotidien ! Et, pour agir, ce qui nous manque le plus aujourd’hui, aujourd’hui à Genève, c’est un renforcement de l’engagement militant de chacun-e d’entre nous dans cette lutte sociale internationale dont dépend l’avenir.

Camarades, nous sommes quelques uns dans ce parc à faire des discours et quelques centaines à les écouter, ce qu’il faut surtout, pour que ceci ne soit pas un rituel creux, c’est que nous soyons aussi, dans les jours, les semaines et les mois qui viennent, partout et au quotidien, nombreux/euses - plus nombreux/euses que jusqu’ici - à chercher avec opiniâtreté et détermination à transformer ces idées en luttes, ces luttes - victorieuses ou non - en organisation renforcée pour de nouveaux combats, afin que demain ...l’Internationale soit le genre humain !