Comité d’organisation du 1er Mai

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discours d’Anne TORRACINTA - Parti socialiste

mardi 1er mai 2012 par Claude Reymond

Chères et chers camarades, Chères et chers ami-e-s,

Aujourd’hui, nous sommes réuni-e-s, comme chaque année, pour la fête des travailleurs et travailleuses.

Toutefois, nous pourrions nous demander ce que nous avons réellement à fêter quand on sait que plus de 1250 personnes vont être mises sur le carreau parce qu’une entreprise multinationale a décidé de quitter Genève.

Qu’avons-nous à fêter quand on lit des tracts ignobles qui stigmatisent certaines personnes sans lesquelles nos hôpitaux ne pourraient tout simplement pas tourner ?

Qu’avons-nous à fêter alors qu’environ la moitié des salariés de notre canton ne bénéficient pas d’une convention collective ? Et que même lorsque ces conventions existent, les minima salariaux ne permettent pas toujours de vivre dignement à Genève ? Je pense, notamment à une CCT qui prévoit un salaire de 3006 francs par mois…

En réalité, ce que nous célébrons aujourd’hui, ce sont les combats des salarié-e-s du monde entier pour améliorer leurs conditions de travail et d’existence. Sans ces combats, nul doute que la durée du travail serait encore de 60 heures par semaine et qu’on trouverait toujours de très jeunes enfants au travail dans les entreprises !

L’annonce brutale du départ de Merck Serono est là pour nous rappeler, si besoin était, combien ces combats sont indispensables, aujourd’hui plus que jamais !

J’aimerais ici réaffirmer mon soutien et celui des Socialistes aux 1250 employé-e-s de Merck Serono, dont beaucoup sont parmi nous aujourd’hui. Je pense aussi à toutes celles et tous ceux qui seront touché-e-s par cette délocalisation : les entreprises locales qui travaillaient avec Merck Serono, mais aussi les commerçants du quartier de Sécheron dont l’activité sera affectée.

Je réaffirme ici le soutien socialiste à l’ensemble des organisations syndicales qui se battent avec et pour tous les salarié-e-s, quelle que soient leurs origines ou leurs lieux de domicile.

Vous êtes présent-e-s dans les moments de crise : comme depuis mardi passé au siège de Merck Serono, pour organiser la mobilisation afin que les employé-e-s puissent participer à la procédure de consultation comme le prévoit la loi et s’opposer à la fermeture de ce siège.

Mais, vous êtes aussi présents tout au long de l’année, pour faire respecter les droits de toutes et tous et faire progresser leurs conditions de travail.
Au-delà de la colère que j’éprouve et que nous éprouvons tous face à l’annonce de la fermeture du site genevois de Merck Serono, je m’interroge sur la direction que prend notre canton au niveau de son économie. Je ne vous parle pas de théories sur le dépassement du capitalisme ou de la décroissance. Non ! Je vous parle des situations concrètes des personnes qui perdent leur emploi par une décision privilégiant les actionnaires à l’humain, les dividendes aux emplois, la rentabilité immédiate à l’investissement durable. Je vous parle de notre canton, qui connaît aujourd’hui le taux de chômage le plus élevé de Suisse.

Parce qu’il faut bien le rappeler : Merck Serono, c’est une entreprise florissante. En 2011, son chiffre d’affaires a dépassé 12 milliards de francs, pour un bénéfice de l’ordre de 750 millions de francs ! Par ailleurs, les actionnaires ont récemment vu le montant de leurs dividendes augmenter de 20%.
C’est ce scandale que nous devons dénoncer !

Par ailleurs, le départ de Merck Serono illustre la fragilité de la politique économique menée par le canton. En utilisant la fiscalité comme un outil de promotion économique, le canton favorise l’implantation à Genève d’entreprises volatiles, qui ne s’intègrent pas durablement sur le territoire. Cette politique est dénoncée depuis de nombreuses années par le parti socialiste.

Les Socialistes défendent donc un tissu économique diversifié, une économie durable qui se fonde sur le tissu local genevois, notamment les petites et moyennes entreprises.

La situation économique actuelle démontre aussi l’importance de développer une autre politique pour l’emploi à Genève. Le Conseil d’Etat, en concertation avec tous les partenaires sociaux, les entreprises locales et les collectivités publiques de proximité comme les communes, peut et doit agir en donnant l’impulsion. La création d’emplois ne se fera pas à l’aide d’une baguette magique. Il faut développer des politiques d’action publiques dans la durée.

Enfin, il faut renforcer les contrôles contre la sous-enchère salariale et refuser de sous-traiter des tâches de l’État à des entreprises qui pratiquent des salaires trop bas. Je pense, notamment, au nettoyage.

La sous-enchère et les abus patronaux : c’est justement le thème de cette journée de mobilisation. Et malheureusement, il n’est que trop d’actualité. Non seulement le droit existant doit donc être appliqué, mais il faut également renforcer la protection des travailleurs et travailleuses.

Alors, après avoir dressé un tel constat, avons-nous des raisons de nous réjouir en ce jour de 1er mai ?

Oui, car en réalité, ce que nous fêtons aujourd’hui, c’est notre capacité à nous mobiliser ensemble pour faire changer les choses !

Cette fête du 1er mai nous rappelle aussi et surtout les 364 autres jours de l’année durant lesquels il faut se battre encore et toujours, pour pouvoir améliorer les conditions de travail et faire respecter les droits de toutes et tous.

La prédominance d’une économie ultralibérale, comme la sous-enchère salariale ou la montée des inégalités ne sont pas une fatalité.

Une autre Genève est possible !

C’est ce que nous sommes venus dire ensemble aujourd’hui haut et fort !

C’est le sens de mon engagement et, je le sais, du vôtre aussi !

Anne Emery-Torracinta

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